Affaire Kreuziger : suspendu pour dopage, le coureur tchèque va faire appel devant le TAS
Depuis samedi, c’est officiel. Soupçonné de dopage, Roman Kreuziger a été suspendu à titre provisoire par l’Union cycliste internationale (UCI). Bien que le meilleur coureur tchèque de ces dernières années n’ait jamais été contrôlé positif durant sa carrière, la fédération a estimé que les anomalies apparues en 2011 et 2012 dans son passeport biologique étaient trop importantes pour ne pas l’empêcher de courir, au motif d’une « possibilité d’une violation des règles antidopage ». Mais comme souvent en matière de dopage, l’affaire ne s’arrête pas là. Ce mardi, Roman Kreuziger, qui conteste la décision et n’avait déjà pas participé au dernier Tour de France par mesure de précaution, a annoncé qu’il allait faire appel de la sanction devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Malgré ce coup d’éclat, l’actualité cycliste en République tchèque ces derniers jours, c’est d’abord ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Kreuziger ». Absent également d’un Tour de Pologne sur lequel son équipe Tinkoff-Saxo comptait pourtant bien l’aligner samedi dernier encore, veille du départ de la course, le coureur tchèque n’est actuellement plus autorisé à courir par l’UCI, celle-ci estimant que dans le cas présent, ce n’est pas le principe de présomption d’innocence mais celui de présomption de culpabilité qui doit prévaloir. Un point de vue discutable qui constitue une grande première dans l’histoire déjà longue de la lutte contre le dopage. Un point de vue qui fait aussi l’objet de nombreuses contestations, comme l’a confirmé à la Radio tchèque Jan Šťovíček, l’avocat de Roman Kreuziger :
« Ce n’est pas seulement l’avis de Roman ou le mien, mais aussi celui de son équipe : nous pensons tous qu’il s’agit d’une énorme fabulation de l’UCI. Nous avons été informés de cette possible suspension jeudi dernier. Nous avons immédiatement protesté en argumentant que les règlements de l’UCI ne permettent pas de suspendre à titre provisoire un coureur qui n’a pas fait l’objet d’un contrôle antidopage positif. Il est bien mentionné dans les textes qu’une suspension provisoire ne peut être imposée qu’en cas d’échantillon A positif, ce qui n’est absolument pas le cas de monsieur Kreuziger. C’est pourquoi nous entendons nous défendre et contester cette décision en justice. »
L’avocat de Roman Kreuziger est persuadé que son client ne peut pas ne pas obtenir gain de cause. Jan Šťovíček affirme que la sanction prise par l’UCI constitue une violation flagrante de ses propres règles antidopage. Pour rappel des faits, le coureur tchèque, 5e du Tour de France et vainqueur de l’Amstel Gold Race la saison dernière, est mis en cause pour des fluctuations remontant à 2011 et 2012 du profil sanguin sur son passeport biologique, un document électronique relevant les résultats des contrôles antidopage subis par un sportif depuis le début de sa carrière. Si ces anomalies peuvent laisser à penser que Kreuziger a effectivement bien eu recours à des pratiques dopantes lors de son passage au sein de l’équipe kazakhe Astana en 2011 et 2012, elles ne constituent cependant nullement une preuve suffisante, et ce d’autant moins que le coéquipier d’Alberto Contador n’a jamais été contrôlé positif.Dans un communiqué publié ce mardi, Roman Kreuziger a contesté fermement ces accusations de dopage. Il assure que « les données du profil sanguin n’ont jamais dépassé les valeurs limites fixées par l’UCI elle-même. Elles n’ont approché les limites qu’une seule fois, à cause d’une déshydratation extrême après une étape de montagne au Tour d’Italie 2012 ». Son avocat, Jan Šťovíček, précise :
« Tous les experts indépendants que j’ai sollicités ont confirmé que la position de l’UCI était un non-sens. L’UCI juge qu’il aurait pu y avoir un dopage, mais ce serait alors la première fois de l’histoire qu’un sportif serait condamné pour des anomalies dans son passeport biologique. Les données qui sont disponibles n’ont jamais dépassé les limites établies. »
Roman Kreuziger, qui réclame l’annulation de sa suspension, va donc faire appel devant le TAS, une institution internationale basée à Lausanne et indépendante des fédérations sportives, en espérant pouvoir participer au Tour d’Espagne qui s’élancera le 23 août.