Ainsi parlait LaChapelle

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Exposition événement de la fin 2011 et du début 2012 en République tchèque, «Tak pravil – Thus spoke – LaChapelle » présente une rétrospective de l’œuvre du célèbre photographe américain. Organisée par la galerie Rudolfinum, elle se tiendra jusqu’au 26 février prochain.

David LaChapelle  (au milieu)
Présentée avec le soutien, entre autres, de l’Ambassade des Etats-Unis, cette exposition fait l’objet d’une campagne publicitaire très visible dans les rues de Prague. Très connu outre-Atlantique, David LaChapelle est un photographe qui a débuté dans le monde de la mode et de la publicité avant de se lancer dans la photographie d’art. Depuis les années 1980, il est l’auteur de plusieurs séries thématiques de clichés qu’il réalise toujours dans le même style. Avec une approche très pop-art, ses photographies sont souvent mises en scènes en studio et sont conçues comme un moyen de critiquer la société. Volontairement kitsch, parfois vulgaire et agressif, LaChapelle souhaite surtout montrer les travers et la décadence de la société américaine.

Parmi ses clichés célèbres on peut citer « Amanda addicted to diamonds » où l’on voit la mannequin transgenre Amanda Lepore sniffer à l’aide d’un billet de banque des rails de diamants, ou encore la série « Jesus is my homeboy » dont les photos présentent des épisodes de la vie de Jésus au sein d’une métropole américaine moderne.

La galerie Rudolfinum offre au public un vaste échantillon de l’œuvre de l’artiste. Des clichés de jeunesse, aux séries thématiques en passant par les grands formats. M. Otto Urban, l’un des commissaires de l’exposition, nous explique les raisons qui l’on poussé à exposer les photographies de LaChapelle:

« C’est un auteur qui occupe dans le contexte de la photographie contemporaine une place très particulière. Dans le cadre des expositions de la galerie Rudolfinum consacrée à la photographie contemporaine depuis plus de 15ans, la tendance que LaChapelle représente n’avait pas encore été exposée. Aux côtés des expositions de Cindy Sherman, Nan Goldin, Gregory Crewdson et d’ autres photographes contemporains, LaChapelle a pour sa part introduit une nouvelle dimension dans la photographie contemporaine. »

L’œuvre de LaChapelle contient de nombreuses références à la culture urbaine américaine, notamment le hip-hop, les stars ou encore à les modes de vie dans les grandes villes. Revendiquant directement l’influence d’Andy Warhol son œuvre entend illustrer la culture pop étasunienne. Quel en est son message ? Réponse avec M. Urban apporte quelques éléments de réponse :

« C’est une question qui a bien sûr plusieurs dimensions. Nous pouvons évoquer quelques idées politiques, sociales, humanistes qui font partie de son oeuvre. Il y a toujours cet effort pour démasquer le monde duquel il vient et dont il s’est émancipé, afin de poser à nouveau des questions qui, au premier abord, ne semblent plus d’actualité mais qui ont joué un grand rôle dans l’histoire de l’art. Des questions telles que : qu’est ce que le beau ? Quel est le sens de l’art ? Le fait qu’il puisse avoir une dimension sociale politique ou ne pas en avoir. LaChapelle ne pose pas ces questions de manière ésotérique ni hermétique comme le font certains artistes qui ne s’adressent qu’à une petite communauté d’amis proches. Il a consciemment voulu parler à un large éventail de personnes qui ne fréquentent pas les galeries d’art ou les musées et pour qui les galeries se trouvent dans les magazines et dans la publicité. »

Quel qu’en soit leur message, les photographies de David LaChapelle ne laissent pas indifférent. Il s’agit du type même de travail artistique que l’on aime ou l’on déteste. Mais leur caractère volontairement outrancier est le fruit d’un travail minutieux réalisé en studio. La puissance d’évocation et le mordant en étant un des caractères essentiels.