Alcool au volant : à quand la fin de la tolérance zéro ?

Le projet de loi sur la circulation routière présenté par le Sénat, chambre haute du Parlement tchèque, a relancé le débat sur la tolérance zéro pour les conducteurs en matière de consommation d’alcool. Actuellement la loi prescrit aux conducteurs tchèques l’abstinence totale. Au cas où il serait adopté, l’amendement légaliserait une approche plus nuancée de ce problème.

Jiří Žák
L’ampleur des questions traitées par ce projet de loi préparé par un groupe de sénateurs est beaucoup plus large et ne concerne pas seulement l’alcool au volant. C’est ce que constate un des auteurs du projet, Jiří Žák :

« Le sens de cet amendement était de simplifier et de rendre plus transparent tout le système afin que les chauffeurs soient absolument conscients qu’ils font quelque chose qui menace les vies humaines ou bien qu’ils commettent un simple délit, une infraction au code de la route sans gravité. Quand quelqu’un laisse sa voiture à un endroit où le stationnement est interdit, c’est mal mais cela ne met personne en danger. »

Les auteurs du projet proposent entre autres que les conducteurs chez lesquels est mesuré un taux d’alcool de 0,3 grammes par litre de sang ne soient pas punis par une perte de points dans le système de permis à points comme c’est le cas actuellement mais seulement par une amende de 5 000 couronnes (190 euros). Rappelons dans ce contexte que la perte de 12 points signifie pour les conducteurs tchèques la perte de leur permis de conduire. Le taux d’alcoolémie de 0,3 grammes correspond à la consommation d’une bière. Une partie des spécialistes estiment cependant qu’une telle tolérance risque de nuire considérablement à la discipline sur les routes. Cet avis est partagé également par le Premier ministre Petr Nečas, partisan de la tolérance zéro. « Si on tolère aux Tchèques une bière, ils vont en boire deux ou trois, » dit-il. Mais, selon le directeur de la police routière tchèque, Leoš Tržil, en réalité la tolérance zéro n’est pas mise en cause :

Leoš Tržil
« Je ne pense pas qu’il y avait une intention de renoncer à la tolérance zéro en ce qui concerne l’alcool au volant. Je ne pense pas que cela pourrait arriver à l’époque actuelle. Il faut se demander cependant si, vu l’attitude du ministère de la Santé, il faut s’occuper des cas où le taux d’alcool est inférieur à 0,3 grammes par litre de sang. »

Les auteurs de l’amendement soulignent que les policiers tolèrent d’ores est déjà un taux d’alcoolémie inférieur à 0,25 grammes qui peut d’ailleurs ne pas être dû uniquement à la consommation d’alcool et qui est toléré aussi dans certains pays occidentaux. D’après Jiří Žák, l’objectif des auteurs de l’amendement était d’ailleurs plutôt d’ordre organisationnel :

« D’après des biochimistes et des spécialistes de l’alcoolémie, un taux d’alcool inférieur à 0,2 gramme par litre n’est décelable qu’avec beaucoup de difficulté. Notre intention était donc de simplifier, de rendre moins cher tout le processus et de faciliter le travail de la police mais nous n’avions en aucun cas l’intention de tolérer l’alcool au volant. »

L’amendement sera maintenant soumis à la Chambre de députés où il suscitera sans doute un vif débat.