Aux portes du centre de Prague, le surprenant quartier de Podolí
C’est un quartier apprécié des Pragois avant tout pour son emplacement presqu’idéal. Au sud du centre de Prague, entre la rivière Vltava et la colline de Kavčí hory, entre une piscine classée aux monuments historiques et un hôpital réputé, Podolí révèle quelques curiosités lorsque l’on prend le temps d’y flâner.
Parce qu’elle est à la fois singulière et aisément mémorisable, mais aussi une des plus anciennes, la voix d’Alena Gebertová est bien connue des auditeurs de Radio Prague International. Ancienne rédactrice en chef de la section française, Alena prépare, chaque vendredi, une revue de la presse tchèque. Pragoise de cœur et d’esprit, Alena est aussi un des 15 000 habitants que compte Podolí. Avec un plaisir non feint, elle a accepté de nous guider dans les rues d’un quartier dans lequel elle réside depuis plus de trente ans.
« Je suis vraiment très contente de vivre ici, c'est un quartier très agréable pour différentes raisons. D'abord, il se trouve à proximité du centre-ville tout en étant assez calme et vert… Surtout, il y a la rivière. De mon appartement au cinquième étage, j'ai une belle vue sur le château de Prague et sur Hradčany. C'est plutôt rare, donc je mesure ma chance ! »
Un quartier bien connu pour son atypique piscine olympique
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« La fameuse piscine de Podolí a été ouverte dans les années 1960, je m'en souviens bien, c’était une petite sensation à l’époque ! Tout le monde s'est précipité pour aller se baigner. Ceci dit, je dois bien avouer que je n'y vais pas très souvent. De l'avis des architectes, la piscine a une grande valeur, elle est de qualité et très appréciée. Aujourd'hui encore, elle est très prisée : beaucoup de mes amis y vont régulièrement, en été comme en hiver… Enfin, sauf en ce moment puisqu'elle est fermée, comme tout le reste. Mais il existe à Podolí d'autres centres nautiques à ciel ouvert eux aussi très appréciés, notamment le site dit des Bains jaunes - Žluté lázně, dans un style ‘rétro’ avec des concerts. Les jeunes viennent pour s'y amuser ou s'y baigner. Il y a aussi des boîtes de nuit. Ce centre nautique de Podolí est unique en son genre. »
Unique, l'endroit l'est aussi par son apparence. A l’origine, une carrière de calcaire se trouvait à cet emplacement. Lors de la construction de la piscine au milieu du XXe siècle, l’architecte Richard Podzemný a choisi de le recouvrir d’un toit en forme de vague – qui sert également de gradins pour les bassins extérieurs.
Sous ce toit métallique iconique, se trouve un bassin de cinquante mètres qui peut accueillir de grandes compétitions de natation. A l'extérieur, les visiteurs peuvent profiter d'un autre bassin aux dimensions olympiques, et d'un plus petit, de trente-trois mètres, dominé par un plongeoir lui aussi de compétition. Autre originalité : des tuyaux souterrains relient le centre nautique au siège de la Télévision tchèque, situé sur la colline qui surplombe Podolí. Ils permettent à la fois de climatiser les studios et de chauffer l’eau des bassins.
Architecte et historien de l’architecture, Zdeněk Lukeš voit d'ailleurs dans ce bâtiment une réalisation parmi les plus marquantes des années 1960 en Tchécoslovaquie :
« C'est un symbole de la période post-stalienne, qui a constitué un chapitre sombre de l’histoire de notre pays. Il y a eu des essais, à partir des années 1950, pour créer des bâtiments qui ramèneraient l'architecture tchécoslovaque vers l’Europe, vers la tradition architecturale de l’entre-deux guerres. »
Alena Gebertová complète, en replaçant le complexe dans son environnement :
« Pour moi, sa situation géographique fait aussi le charme de cet endroit. Il est là, planté au milieu d’un paysage très verdoyant, entouré de rochers et à proximité de la Vltava. »
Le bâtiment est désormais classé au patrimoine culturel tchèque. L'annonce a été faite la semaine dernière par le ministre de la Culture.
Une piscine, mais pas que...
Comme le raconte encore Alena Gebertová, si la piscine incarne la renommée du quartier, d'autres monuments valent aussi le détour :
« Près d’ici se trouve un château d’eau qui est également un bâtiment très intéressant, même s’il n’est pas inscrit sur la liste des monuments culturels. Et plus loin une maternité qui jouit d’une excellente réputation. »
L’Institut de soins pour la mère et l’enfant (Ústav pro péči o matku a dítě) qui s’y trouve, est une maternité reconnue notamment pour sa prise en charge des accouchements avec des complications. Mais ce n'est pas là son seul attrait selon Alena :
« Le bâtiment, qui a été construit au début du XXe siècle, était autrefois un sanatorium. Mais en plus des compétences professionnelles, sa situation en pleine verdure contribue bien sûr aussi à son charme visuel. »
En temps de confinement d’autant plus, l’ambiance du quartier est remplie d’un calme paisible. Une quiétude qui tranche avec l’agitation du centre-ville, pourtant tout proche – la place Venceslas n'est qu’à quelques minutes par les transports en commun. Le froid et la neige de ce mois de janvier auront sans doute convaincu ceux qui ne sont pas au travail de rester à l’abri. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Podolí montre un tout autre visage au retour des beaux jours, comme Alena ne s’en réjouit que modérément en conclusion:
« Podolí est un quartier relativement calme, c’est vrai, mais moins quand même en été. Avec la rivière, il y a pas mal de bars et de discothèques, les bateaux-mouches … Mais on peut alors se réfugier dans le quartier voisin de Vyšehrad, très calme et agréable aussi. »