Avec un vainqueur en moins d’une heure, le semi-marathon de Prague est bien une course d’élite

Philemon Lemo, photo: CTK

Disputée samedi dernier, la 13e édition du semi-marathon de Prague a une nouvelle fois été un grand succès. Succès populaire tout d’abord avec un record de participation : plus de deux semaines avant la tenue de la course, la limite maximale des 9 500 participants établie par les organisateurs avait déjà été atteinte. Succès sportif ensuite avec deux nouveaux records du parcours, chez les hommes comme chez les femmes. Et pour la première fois dans l’histoire du semi-marathon de Prague, le Kényan Philemon Lemo a relié l’arrivée dans un temps inférieur à une heure.

Photo: CTK
Chargée de la participation des athlètes d’élite, Jana Moberly était paradoxalement partagée entre deux sentiments à la lecture des temps d’arrivée réalisés par les deux vainqueurs :

« A chaud, tout de suite après la course, je suis bien entendu très heureuse et enthousiaste. Mais les temps réalisés sont si élevés qu’il sera difficile de les maintenir à un tel niveau les prochaines années, et je ne vous parle même pas de les améliorer. D’un point de vue personnel, j’ai presque envie de dire que le meilleur moment est venu pour moi de partir. Mais je vais bien sûr faire mon maximum pour continuer à attirer des athlètes capables d’améliorer de quelques secondes ces records. Mais ce sera vraiment très difficile. »

Philemon Lemo,  photo: CTK
Avec 59’30’’, troisième meilleure performance de la saison qui lui a fait franchir la ligne d’arrivée avec plus d’une minute d’avance sur le deuxième, Philemon Limo est donc devenu le premier coureur à descendre sous la barre de l’heure à Prague. Chez les femmes, une telle performance est bien entendu inimaginable. Pour autant, avec 1h07’33’’, la talentueuse Kényane Lydia Cheromey, âgée de seulement 20 ans, a, elle aussi, signé une performance chronométrique de choix et amélioré le record du parcours.

Face à une telle adversaire, Christelle Daunay n’a rien pu faire. Annoncée comme une des candidates au podium, la recordwoman de France du semi-marathon et du marathon a finalement dû se contenter de la 5e place dans un temps de 1h11’’22’’. Pour autant, Jana Moberly n’avait que des mots d’admiration pour Christelle Daunay à l’issue de la course :

Lydia Cheromey,  photo: CTK
« J’étais très heureuse de sa présence ici. C’est vrai qu’elle a fini 5e mais dans un excellent temps européen. C’est toujours un plaisir d’accueillir des coureurs européens de top niveau, car il y a parmi eux très peu de coureurs de niveau mondial et c’est très difficile pour eux. Ils sont confrontés à une concurrence terrible, essentiellement des Africains. C’est pourquoi j’apprécie à sa juste valeur le fait que Christelle ait répondu favorablement à notre invitation. Et j’espère bien qu’elle n’a pas couru à Prague pour la dernière fois. »

Comme ces deux dernières années, les temps record réalisés par les Kenyans ont une nouvelle fois tordu le coup à l’idée selon laquelle le parcours du semi-marathon et du marathon de Prague ne serait pas propice à la réalisation de chronos mondiaux de premier ordre. Les rues pavés et étroites ou encore les rails des voies de tramway désavantageraient les coureurs. Jana Moberly :

Philemon Lemo,  photo: CTK
« C’est vrai, mais les trois dernières éditions ont démontré que notre parcours n’est pas lent, loin de là, et qu’il est possible de réaliser à Prague d’excellents temps, des temps que les mêmes coureurs ne parviennent pas à atteindre sur d’autres semi-marathons ou marathons dans le monde qui ont la réputation d’être plus rapides. Le parcours de Prague est donc très rapide. Ce n’est certes pas le plus rapide car sa spécificité est de passer dans certaines petites rues du centre historique de Prague. Le parcours propose de superbes vues de la ville. Bien entendu, cela est plus intéressant pour les amateurs que pour les coureurs d’élite, mais c’est ce qui fait le charme des courses à Prague et nous ne voulons pas que cela change. »

Photo: CTK
Car un semi-marathon ou marathon urbain n’est pas seulement l’affaire des coureurs d’élite. C’est aussi celle de milliers d’amateurs. Et si, en 1999, ils avaient été 950 à prendre le départ du premier semi-marathon de Prague, organisé alors dans un parc de la ville, ils étaient, douze ans plus tard, dix fois plus nombreux. Tellement plus nombreux à participer que les organisateurs affirment avoir atteint une limite en termes de capacité d’accueil qu’il leur sera désormais bien difficile de dépasser. Et ce bien que le cœur de Prague batte chaque année toujours un peu plus au rythme de la course à pied. Le prochain marathon, le 8 mai, devrait en apporter une énième confirmation.