Semi-marathon et marathon de Prague : les raisons d’un succès toujours grandissant
Record de participants, records du parcours tant chez les hommes que chez les femmes, un vainqueur pour la première fois sous la limite de l’heure, un temps chaud et ensoleillé et un nombreux public dans les rues du centre-ville : pour sa 13e édition, samedi 2 avril, le semi-marathon de Prague a une nouvelle fois été un grand succès populaire et sportif. Explications.
Aujourd’hui, les organisateurs des courses à pied dans la capitale tchèque sont donc récompensés de leur travail de fond entamé dans les années 1990. Du coup, le semi-marathon de Prague se range dans la catégorie des épreuves recherchées par les tout meilleurs coureurs mondiaux, comme l’a confirmé à Radio Prague Jana Moberly, chargée de la participation des athlètes d’élite :
« Les toutes premières années, nous étions contents de la présence de n’importe quel coureur étranger de bon niveau. Mais, notamment ces deux dernières années, nous enregistrons un intérêt grandissant des athlètes d’élite pour nos courses. Nous avons désormais nettement plus de demandes et nous ne pouvons pas toutes les satisfaire. Nous sommes contraints de dire non à certains coureurs. Aujourd’hui je dispose du luxe de pouvoir négocier avec leurs managers plusieurs mois à l’avance et je peux choisir les athlètes dont les profils conviennent le mieux à nos courses à Prague. »Depuis l’année dernière, le semi-marathon de Prague présente en outre l’avantage de posséder un label d’or, une marque de qualité décernée par la Fédération internationale d’athlétisme. Cette année, pour la première fois, le marathon, seulement « argenté » jusqu’alors, pourra également se targuer de ce label d’or, une distinction dont seuls les plus grands marathons au monde, type New York, Londres, Berlin ou Paris, peuvent se prévaloir. L’année dernière, quelques jours avant la tenue du semi-marathon, Anne Scheuner-Descloux, alors chargée du marketing et de la communication au sein de la société PIM organisatrice des courses à Prague, nous avait expliqué les avantages et les contraintes de cette « labellisation » :
« Pour nous, c’est un très grand honneur. C’est surtout une reconnaissance au niveau international, principalement au niveau des coureurs élite. Beaucoup d’entre eux veulent courir dans des courses qui ont reçu un label, et le label d’or est la plus haute distinction possible. C’est une garantie de qualité, et c’est aussi pour les coureurs une garantie de participer à des courses mieux dotées. Mais cela induit aussi beaucoup plus de travail. Pas dans le service que l’on apporte directement, car je pense qu’on s’efforcerait de l’améliorer même sans le label, mais plus au niveau des exigences : d’abord le nombre de coureurs élite qui doivent participer et qui ont un certain temps à respecter. Comme je l’ai dit, nous devons aussi apporter des dotations financières d’un certain montant. Mais le plus important est la retransmission télévisée. Pas nécessairement en direct, mais il faut que des images de la course soient retransmises dans un minimum de cinquante pays. C’est un énorme investissement. On travaille avec beaucoup de journalistes étrangers pour qu’ils nous aident. » La renommée, la bonne organisation et la réputation de sérieux concourent donc à attirer en République tchèque les meilleurs athlètes d’Afrique de l’Est, comme s’en réjouit Jana Moberly :« Il existe une quantité incroyable de coureurs kényans essentiellement, mais aussi éthiopiens. Comme toutes les sociétés dans le monde, les sociétés organisatrices de courses à pied sont confrontées à des problèmes financiers. Mais Prague a l’avantage de se ranger parmi les courses dont on sait que les responsables respectent leur parole et paient les primes promises. Les managers des athlètes en sont bien conscients et cela me permet de faire mes calculs à l’avance. Le prix des coureurs kényans et éthiopiens n’est en effet pas aussi élevé que celui des coureurs européens de même qualité qui sont beaucoup plus rares et donc plus difficiles à attirer. Les athlètes européens le savent et c’est ce qui leur permet, à la différence des Africains, de dicter leurs conditions financières aux organisateurs des courses. »
Comme ces deux dernières années, les temps record réalisés par les vainqueurs kényans chez les hommes comme les femmes lors de l’édition 2011 ont une nouvelle fois tordu le coup à l’idée selon laquelle les parcours du semi-marathon et du marathon de Prague ne seraient pas propices à la réalisation de chronos mondiaux de premier ordre. Les rues pavés et étroites ou encore les rails des voies de tramway désavantageraient les coureurs. Jana Moberly le sait bien, et pourtant…
« C’est vrai, mais les trois dernières éditions ont démontré que notre parcours n’est pas lent, loin de là, et qu’il est possible de réaliser à Prague d’excellents temps, des temps que les mêmes coureurs ne parviennent pas à atteindre sur d’autres semi-marathons ou marathons dans le monde qui ont la réputation d’être plus rapides. Le parcours de Prague est donc très rapide. Ce n’est certes pas le plus rapide car sa spécificité est de passer dans certaines petites rues du centre historique de Prague. Le parcours propose de superbes vues de la ville. Bien entendu, cela est plus intéressant pour les amateurs que pour les coureurs d’élite, mais c’est ce qui fait le charme des courses à Prague et nous ne voulons pas que cela change. »Et le charme de Prague ne fonctionne pas uniquement auprès des participants étrangers, en provenance de plus de 80 pays. Les Tchèques sont également de plus en plus nombreux à s’aligner au départ du semi-marathon et du marathon. Cette année, la limite maximale des 9 500 inscriptions fixée par les organisateurs a ainsi été atteinte près de trois semaines avant la course, un cas de figure qui ne s’était jamais produit dans le passé, où des dossards restaient toujours disponibles les derniers jours précédant le départ. Mais en 2010 déjà, avec 8 500 coureurs, le nombre de participants au semi-marathon avait progressé de plus de 30 % par rapport à 2009. Un bond dans les chiffres qui, encore une fois, n’était pas le fruit du hasard, selon Anne Scheuner-Descloux :
« Je pense que c’est d’abord le résultat d’un travail à long terme, notamment en République tchèque, car on constate surtout une nette augmentation du nombre de coureurs tchèques. C’est le fruit du travail mené auprès des enfants, des adolescents et dans les écoles. Comme avec le Junior marathon, que nous avons créé il y a cinq ans de cela, nous les avons convaincus de courir et de participer à des courses. »Et à n’en pas douter, le prochain marathon de Prague, qui se tiendra le 8 mai, devrait confirmer cette tendance en s’approchant, lui aussi, de la barre des 10 000 participants, limite sans doute maximale pour une ville comme la capitale tchèque.