Beata Hlavenková, l’art de la poésie en musique
En juin dernier, lors de la cérémonie de remise des Prix Anděl, équivalent en République tchèque des Victoires de la musique, Beata Hlavenková s’est vu décerner le prix de meilleure interprète solo féminine de l’année 2019 avec un album intitulé « Sně ». C’est donc cette jeune femme à la fois compositrice, chanteuse et pianiste, bref aux multiples talents, que nous vous invitons à découvrir cette semaine.
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Sans en être tout à fait une habituée, Beata Hlavenková avait déjà reçu en 2013 un premier Prix Anděl pour son album Theodoros dans la catégorie Jazz & blues. Sans être sacrée, elle avait néanmoins encore été nominée quelques années plus tard pour deux autres albums particulièrement appréciés de la critique. Récemment, elle a également fait parler d’elle pour avoir composé notamment la musique d’une série en quatre épisodes de la Télévision tchèque consacrée à la vie de la grande écrivaine Božena Němcová, pionnière de la prose tchèque, et du biopic du légendaire coureur à pied Emil Zátopek, un film dont la sortie initialement prévue en ce mois d’août a été retardée à l’année prochaine en raison de la remise des Jeux olympiques à Tokyo.
Beata Hlavenková est donc une artiste un peu touche-à-tout, comme son dernier album « Sně », qui lui a également valu une nomination dans la catégorie « Album folk de l’année » et qui a permis au public de mieux découvrir ses talents de chanteuse, l’a confirmé. Nous vous proposons d’en écouter quelques extraits de « Sně », un album dont le titre est constitué des trois dernières lettres des mots « básně » et « písně » - « poèmes » et « chansons » - soit, explique-t-elle, les fondations de ce bien bel album qui ne demande qu’à s’écouter, par exemple dans la quiétude de la nuit qui tombe, un verre de vin à portée de main.
Née dans un village de Moravie-Silésie, aux confins de la République tchèque, à proximité de la Pologne et de la Slovaquie, Beata Hlavenková, qui joue du piano depuis son plus jeune âge et compose ses propres chansons depuis ses 12 ans, est d’abord passée par le Conservatoire Janáček à Ostrava, où elle a étudié la composition. Et visiblement plutôt bien, puisque ce parcours lui a permis de poursuivre sa formation à l’Université du Massachusetts. C’est cette expérience américaine qui lui a permis de créer un nouveau département d’interprétation et improvisation de jazz à l’Académie Janáček des arts musicaux (JAMU) à Brno, l’autre grande ville de Moravie.
Il y a quelque temps, Beata Hlavenková, figure désormais marquante de la scène musicale alternative tchèque, avait rappelé une célèbre citation de Václav Havel selon laquelle l’espoir n’est pas la conviction que quelque chose se finira bien, mais la certitude que la chose en question a un sens. Son album « Sně » comporte onze morceaux, dont sept sont des mises en musique de poèmes de Bohuslav Reynek, dont une partie de l’œuvre est accessible en français. Une lecture qui permet d’apprécier, un peu plus encore, la musique de Beata Hlavenková…