Bedrich Smetana ou le génie de la musique tchèque

Il y a 178 ans naissait dans la ville de Litomysl en Bohême de l'est, Bedrich Smetana, l'homme qui allait donner ses lettres de noblesse à la musique tchèque. Vaclav Richter.

Selon le musicologue Guy Erismann il serait vain et sans doute impossible de relater la vie de Bedrich Smetana sans plonger le personnage dans l'histoire particulièrement riche de son temps. Il est vrai que toute la vie et pratiquement toutes les oeuvres de Smetana reflètent le contexte historique dans lequel il créait et les aspirations de son peuple qu'il aimait ardemment. En cela il ressemble d'ailleurs à un autre grand compositeur romantique de son temps, Giuseppe Verdi. Fils d'un maître brasseur, Bedrich Smetana vivait d'abord dans un milieu germanophone et il n'était pas facile pour lui d'apprendre, à l'âge mûr, à parler et à écrire correctement le tchèque, qu'il considérait pourtant comme sa langue maternelle. On dit que la veille de sa naissance, sa mère a passé toute la soirée à danser, car c'était le lundi gras. Cela était, peut-être, pour quelque chose dans sa passion pour la danse (il était un excellent danseur) et aussi dans ces nombreuses polkas aux rythmes irrésistibles qu'il allait composer. Il a créé beaucoup de pièces pour piano trahissant non seulement son admiration pour Chopin et Schumann mais aussi un talent fort original. Il excellait en tant qu'auteur de poèmes symphoniques, mais c'est l'opéra qui était son ambition suprême. Marqués par un fort accent patriotique, ses opéras se sont imposés dans le répertoire des théâtres tchèques et étrangers et ne les ont pas quittés depuis. C'est notamment le cas de la Fiancée vendue, image idyllique de la vie à la campagne tchèque, qui regorge de personnages hauts en couleurs et de belles mélodies, mais le public applaudit, aujourd'hui encore, également le Baiser, Dalibor, Les Deux veuves, Le secret, Libuse, Le Mur du Diable. 118 ans après la mort de leur auteur, ces drames lyriques suscitent encore des passions. Rappelons le récent scandale déclenché au Théâtre national de Prague par l'opéra Dalibor mis en scène dans un esprit de provocation par Jan Antonin Pitinsky ou l'accueil élogieux qu'on a réservé dans le même théâtre à l'opéra Le mur du Diable dont la mise en scène avait été confiée au Britannique David Poutney. On se rend compte que Smetana a largement réalisé le voeux qu'il avait formulé lui-même, en 1880, avec orgueil et lucidité: " Nous, les Tchèques qui sommes doués de force créatrice, il nous faut atteindre notre but, qui est d'avoir notre propre musique..."