Bernard Werber : «Nous devrions passer un contrat avec les générations futures.»
Le public du Théâtre Kalich à Prague a chaleureusement accueilli, vendredi, la première de la pièce « Nos amis les humains » de l’écrivain français Bernard Werber. L’auteur était dans la salle. Bernard Werber, écrivain qui marie dans sa création le récit d’aventures, la science-fiction et la philosophie, et dont les livres ont été traduits en 35 langues, est venu à Prague pour assister à la représentation de sa pièce donnée pour la première fois en dehors de la France. Avant le spectacle, il a évoqué quelques impressions de sa visite à Prague et présenté sa pièce au micro de Vaclav Richter.
Vous allez donc assister à la première de votre pièce ? Pouvez-vous la présenter un peu? De quoi s’agit-il?
«‘Nos amis les humains’est une histoire d’un homme et d’une femme kidnappés par des extraterrestres qui veulent que ces deux personnes se fassent l’amour pour faire un petit élevage d’êtres humains. Les deux protagonistes ne le savent pas et ils vont le découvrir progressivement. Le problème est qu’ils ne s’entendent pas entre eux. Et leur histoire, c’est de découvrir s’ils sont capables de s’aimer pour sauver l’humanité parce que cet homme et cette femme sont aussi les deux derniers êtres humains, et s’ils ne font pas l’amour, l’humanité va s’arrêter, s’ils font l’amour, l’humanité va continuer. Donc c’est aussi une sorte de bilan d’où en est l’humanité. Est-ce qu’on mérite d’être sauvé ou est-ce que l’humanité est une espèce parasite de la Terre qui mérite juste d’être détruite ? Alors, c’est le suspens qu’il y a dans la pièce.»Dans vos livres vous créez parfois des visions fantastiques de l’avenir de l’humanité. Considérez-vous ces visions comme possibles, comme quelque chose qui puisse se réaliser ?
«Je crois qu’il faut maintenant avoir les visions du futur pour que ces visions puissent ou exister si elles son bonnes, ou nous avertir de ne pas faire des bêtises si elles sont mauvaises. La fonction de l’auteur de science-fiction est de projeter le regard du spectateur et du lecteur dans un future proch ou lointain afin que l’on sache où on va. Dans mes livres il y a un discours non pas écologique, mais le discours du respect de la nature et aussi le respect des générations futures. Je crois que nous devrions passer un contrat avec les générations futures, avec des représentants de nos petits-petits-petits-enfants pour leur garantir de leur laisser une Terre avec de l’eau, avec de l’air et des matières premières. Et je crois que l’un des grands dangers actuels est la croissance démographique, car si nous sommes six milliards et demi, si nous sommes dix milliards, nous ne pouvons pas offrir à ces dix milliards le confort de vie des sociétés occidentales, nous ne pouvons pas répartir les richesses, nous irons vers le monde de violence. Donc je crois qu’il vaut mieux maintenant se résigner à avoir un ou deux enfants au maximum plutôt que de se retrouver en ayant plein d’enfants qui vont s’entretuer plus tard. Voilà, il y a un contrat à faire entre les générations futures et l’homme du présent.»
(Nous vous proposerons l’intégralité de cet entretien, ce samedi, dans la rubrique Rencontres littéraires.)