Bilan du festival Printemps de Prague
Le festival Printemps de Prague 2008 est terminé. Cette année, la fête de la musique ne s’est pas achevée traditionnellement par la IXe symphonie de Beethoven mais par des oeuvres de Dvořák et de Stravinski interprétées par l’Orchestre de festival de Budapest placé sous la direction d’Ivan Fischer. Il y a eu beaucoup de belle musique et aussi quelques concerts événements. Il s’est également avéré que le festival évoluait et que sa place dans la vie musicale tchèque n’était plus aussi privilégiée que par le passé.
Plusieurs grands orchestres symphoniques et une pléiade d’excellents pianistes – tels ont été les deux piliers sur lesquels a reposé le programme de la 63e édition de ce grand rendez-vous international des musiciens avec le public pragois. Le rédacteur de Vltava, station de la radio tchèque, Jindřich Bálek a choisi parmi les innombrables concerts de cette édition ceux qui resteront gravés dans la mémoire du public:
«Pour moi, c’est une édition dominée par trois sommets qui ont eu des répercussions quasi triomphales. Cela a d’abord été le récital de la soprano Edita Gruberova, puis le deuxième concert donné au festival par Jiří Bělohlávek qui a dirigé l’Orchestre de la BBC et ensuite le récital du pianiste Alfred Brendel. Ce sont des événements que nous nous n’oublierons pas pendant longtemps. A côté de cela il y a bien sûr toute une série de concerts qu’on aime bien mais vis-à-vis desquels on garde une certaine réserve ou qui suscitent un certain doute.»
Le public, qui avait acheté les billets bien longtemps avant le festival, n’a pas toujours entendu les artistes figurant sur le programme. Selon la critique Věra Drápelová, cela a même été une des caractéristiques du festival de cette année:
«Le festival a été marqué par l’absence de certains artistes célèbres qui se sont fait remplacer pour diverses raisons. Parfois ces absences ont été vraiment malheureuses et désagréables comme celle de Maurizio Pollini, pianiste de la meilleure catégorie, qui est irremplaçable. Par contre, dans le cas de la cantatrice Deborah Polaski, qui a remplacé au pied levé Dagmar Pecková pour chanter l’Attente de Schönberg, j’ai été ravie et je dirais même que cela a été un remplacement enrichissant.»
C’est la 63e fois déjà que le festival a eu lieu dans la capitale tchèque. Bien que ce soit une manifestation fière de ses traditions, elle doit évoluer car les goûts et les publics changent avec le temps. Le chef de la section musicale de la station Vltava, Petr Veber, résume :
«Il me semble que le Printemps de Prague maigrit discrètement d’année en année. Des 80 concerts habituels il est tombé progressivement à 50, ce qui, à mon avis, n’est pas quelque chose de négatif. Il y a eu des éditions du festival où le Printemps de Prague faisait concurrence à lui-même en programmant pour une même soirée plusieurs concerts très attractifs. Peut-être les organisateurs eux-mêmes ont-ils constaté que le public n’en demandait pas tant. Il est évident que le Printemps de Prague n’est plus l’unique festival de la capitale, il n’est désormais que le premier, un festival qui peut exploiter et qui exploite ses traditions.»
Et quel sera le programme du Printemps de Prague 2009 ? Parmi les noms des artistes qui y figurent, certains sont très prometteurs. Voici deux exemples : ceux qui aiment la musique pour piano peuvent se réjouir à l’idée d’y entendre le jeune mais déjà très célèbre pianiste polonais Rafal Blechacz, lauréat du concours Chopin de Varsovie, et pour les amateurs d’opéra, le festival prépare un récital de Diego Flores, un des meilleurs ténors actuels.