Bohuslav Sobotka en Chine : la lune de miel sino-tchèque se poursuit

Bohuslav Sobotka en Chine, photo: ČTK

S’il est un pays que le premier ministre tchèque va commencer à connaître, c’est bien la Chine. Bohuslav Sobotka, accompagné de plusieurs ministres, y a entamé jeudi sa deuxième visite en moins d’un an. L’objectif de ce voyage « marathon » qui doit s’achever dimanche est toujours le même : intensifier encore les échanges entre les deux pays et promouvoir le rôle de la République tchèque en tant que point d’appui pour les Chinois en Europe centrale.

Bohuslav Sobotka en Chine,  photo: ČTK
Avec le gouvernement Sobotka et le président Miloš Zeman, Prague a entamé voici quelques années une mutation complète de sa diplomatie à l’égard de Pékin. Dans l’esprit impulsé par l’ancien chef de l’Etat Václav Havel, les Tchèques privilégiaient auparavant la dénonciation des violations des droits de l’homme, en Chine ou ailleurs. Cette question a été reléguée au second plan et c’est l’intensification des échanges commerciaux entre les deux pays qui est désormais à l’ordre du jour. Il va sans dire que les relations se sont donc améliorées. En témoigne d’ailleurs la visite dans la capitale tchèque en mars dernier de Xi Jinping, le premier voyage officiel d’un président chinois en République tchèque.

Le premier ministre tchèque n’a maintenant qu’une idée en tête : faire de la Tchéquie une porte d’entrée pour les entreprises chinoises, notamment financières, en Europe centrale et orientale. Après Bank of China l’an passé, Prague va ainsi bientôt accueillir l’antenne d’une autre institution financière parmi les plus grandes au monde, la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC). Un mémorandum allant dans ce sens a été signé jeudi par les représentants de l’établissement bancaire avec M. Sobotka :

« Nous poursuivons nos efforts pour attirer les institutions financières chinoises en République tchèque. Pour ce qui est de l’antenne ICBC à Prague, l’autorité de régulation chinoise a déjà donné son accord et des discussions sont en cours pour obtenir l’aval de la Banque nationale tchèque. Cette filiale devrait permettre de fournir des services non seulement en République tchèque mais également dans quelques-uns des pays voisins. »

Bohuslav Sobotka avec son homologue chinois,  Li Keqiang,  photo: ČTK
Le groupe bancaire a ouvert l’an passé un site de vente en ligne, répondant au nom de « e-Mall », et un accord a également été passé afin que les entreprises tchèques puissent utiliser cette interface pour proposer leurs biens aux consommateurs chinois.

Pour devenir cette plaque tournante centre-européenne, l’accent est aussi mis sur le développement des liaisons aériennes entre Tchéquie et Chine. Une rencontre était donc organisée avec des représentants de l’Administration de l’aviation civile chinoise, avec l’idée que les entreprises tchèques du secteur puissent développer leurs activités en Chine. Pour l’heure, il existe une liaison directe entre Prague et Pékin, inaugurée l’an dernier ; une autre doit ouvrir à la fin de ce mois de juin avec Shanghai, et une troisième à l’automne prochain vers Chengdu. Voilà qui n’est pas pour déplaire à M. Sobotka :

« Nous disposerons de trois liaisons aériennes directes entre la Chine et la République tchèque. Je crois que cela nous place dans une position unique dans le cadre des pays d’Europe centrale et orientale. »

A Tangshan ce vendredi, non loin de Pékin, Bohuslav Sobotka a participé à un sommet de la plate-forme 16+1, qui vise à rapprocher seize pays de cette Europe centrale et orientale de l’Empire du Milieu. Via ce regroupement, Prague souhaite être associé au projet chinois de « Nouvelle route de la soie », consistant dans le développement des transports, routiers, ferroviaires, maritimes, entre la Chine et l’Europe.

Bohuslav Sobotka en Chine,  photo: ČTK
La politique, ce n’est pas seulement l’économie, c’est aussi le football. Et c’est peut-être l’image qu’on retiendra du voyage : Bohuslav Sobotka tapant dans un ballon en marge de sa visite des installations du Beijing Guoan, un club partenaire du Slavia Prague. La Chine entend en effet devenir une grande puissance du ballon rond d’ici à 2050 et pour cela, elle souhaite s’appuyer sur des pays disposant d’une solide culture foot, tels que la République tchèque. Une bonne idée si l’on en croit cet amateur chinois de football, déniché par la Télévision tchèque, qui dresse toutefois un constat sévère :

« Cela fait déjà un certain temps que la sélection tchèque n’est plus une équipe exceptionnelle. De jeunes joueurs ont remplacé l’ancienne génération et une nouvelle ère a commencé. »

Une belle parabole sur le renouveau des relations sino-tchèques.