Cinéma : Radio Prague - Les ondes de la révolte, le film tchèque de l’année sort en France

'Radio Prague – les ondes de la révolte'
  • Cinéma : Radio Prague - Les ondes de la révolte, le film tchèque de l’année sort en France
0:00
/
7:51

Radio Prague – les ondes de la révolte : c’est le titre français du film Vlny (Waves), de Jiří Mádl, sorti ce mercredi 19 mars dans les cinémas de l’Hexagone. Succès public, avec plus d’un million de spectateurs en Tchéquie et Slovaquie, mais aussi succès critique avec des récompenses aux États-Unis et en France ainsi que plusieurs Lions tchèques, ce film est distribué par la société française ARP Sélection, fondée par Michèle Halberstadt. Elle répond aux questions de Radio Prague International.

Quand et comment avez-vous découvert ce film ?

Michèle Halberstadt | Photo: YouTube

Michèle Halberstadt : « Comme souvent quand on est distributeur, soit on vous envoie les films, soit vous demandez à les voir. J’avais vu passer un papier sur ce film qui a gagné le prix du public au festival de Karlovy Vary. Donc j’ai trouvé qui était le vendeur et j’ai demandé de m’envoyer un lien. Et puis je l’ai vu sur mon grand écran au bureau à Paris. »

Et la première impression ?

'Radio Prague – les ondes de la révolte' | Photo: SMART Communication s.r.o.

« C’est tout ce que j’aime dans le cinéma, c’est-à-dire les films de forme classique, mais qui arrivent à mettre en scène l’histoire, la grande histoire, comme si c’était de la fiction. Donc je trouve ça très réussi, ce mélange de suspense, parce que c’est vraiment construit comme un suspense haletant. Et en même temps, tout est vrai, et moi je me souviens, petite fille, du choc que ça avait été d’entendre à la radio que les chars étaient entrés, et de découvrir que la radio a à la fois aidé l’arrivée de Dubček et lutté contre l’arrivée des chars soviétiques, ça c’est une partie que j’ignorais. Et ayant moi-même débuté à la radio, j’ai une passion pour ce médium. Et donc savoir qu’une radio a joué un rôle politique dans l’histoire de la Tchécoslovaquie, ça m’a beaucoup plu. Voilà, donc c’était le coup de foudre immédiat. »

'Radio Prague – les ondes de la révolte' | Photo: Dawson Films

Une soixantaine de copies, en comptant sur le bouche-à-oreille

C’est une sortie modeste en France, combien de copies en tout ?

'Radio Prague – les ondes de la révolte' | Source: ARP Sélection

« Oui, c’est une petite sortie, parce qu’il y a trop de films, que les salles sont très frileuses, et que la presse n’est pas forcément enthousiaste parce qu’ils disent ‘oui, mais la forme est très classique’. Bon, vous savez, moi je pense qu’il y a un public pour ça. On sort sur une soixantaine de copies, ce qui suffit pour déclencher un bouche-à-oreille. Voilà, si ça plaît, si les gens viennent, et bien on aura plus de copies la semaine prochaine. C’est un film qu’il faut jouer sur la durée. Ce n’est pas un film où on met 150 copies et dans une semaine, il n’y a plus personne, vous voyez. L’idée, c’est plutôt de construire ça sur le bouche-à-oreille. Il y avait une très bonne interview du metteur en scène sur France Culture ce week-end. Il y a des bons papiers qui sortent. Et je pense que les gens que l’histoire intéresse viendront. Donc ce n’est pas une ambition immédiate, c’est une ambition à long terme. »

Il y a plusieurs bonnes critiques dans la presse française cette semaine, notamment dans le Figaro Magazine, Radio France dont vous parliez également, sur France Info. Parlez-nous de l’affiche. Pour nous, à la station Radio Prague International, c’est évidemment un honneur ce titre ‘Radio Prague, les ondes de la révolte’, avec ces deux belles affiches. C’est vous qui avez eu ces idées ?

'Radio Prague – les ondes de la révolte' | Source: ARP Sélection

« Ça c’est notre travail de distributeur français. Le titre anglais Waves, c’est-à-dire les ondes, ça ne veut rien dire. Et on se dit, Radio Prague, voilà, le sujet du film, ça se passe là-bas. Et les ondes de la révolte, oui, on a brainstormé un petit peu et on a trouvé ça. Après, on a eu l’idée de ces deux types d’affiches pour illustrer le pouvoir de la radio et comment les militaires ont voulu s’en emparer. Parce que la radio, c’est la liberté. La radio, ça parle à tout le monde. La radio, c’est très difficile de la censurer. Donc c’était pour symboliser tout ça. Radio Prague est vraiment au cœur du film. Donc ça me paraissait un bon titre pour le film. »

Pour ceux qui ne connaissent pas du tout ce business, comment ça se passe pour devenir le distributeur officiel d’un tel film en France ?

« Ce que vous achetez au vendeur, ce sont les droits du film sur un certain nombre d’années, généralement 15 ans, sur tous les médias. C’est-à-dire que pendant 15 ans, en France, le film vous appartient. Voilà. Donc vous discutez avec le vendeur, vous arrivez à trouver un prix. Après, vous écrivez au producteur, vous leur expliquez comment vous concevez la sortie en France, pourquoi vous avez changé le titre, pourquoi vous avez changé l’affiche, etc. C’est vous qui décidez, parce que ça devient votre territoire, une fois que vous avez acquis les droits du film. Il ne faut quand même pas se mettre les réalisateurs et producteurs à dos. Donc il faut un peu de psychologie, un peu de patience, pour arriver à leur faire comprendre que la France, ce n’est pas la Tchéquie et qu’on ne voit pas les choses comme eux, avec ce qui fonctionne dans notre pays. »

'Radio Prague – les ondes de la révolte' | Photo: Film Servis Festival Karlovy Vary

Des sous-titres, « pour l'exotisme et la vraie voix des protagonistes »

Est-ce que les prix sont importants ? Le film a été dans la première sélection pour l’Oscar du film étranger. Il a reçu un prix aux États-Unis, le Satellite Awards du meilleur film en langue étrangère. En France il a été primé au Festival d’Arras. Et puis très récemment, il a reçu plusieurs Lions dont celui du meilleur film tchèque. Est-ce que c’est important pour les distributeurs ?

« Ça aide. Ce n’est pas important parce que ce ne sont pas des gens connus. Le public s’en fout un peu, mais si vous voulez, c’est comme une validation de votre choix. On vous présente ce film et regardez, il a eu plein de prix partout. On n’est pas fous, quoi. Il y a quelque chose dans ce film. Ça participe à votre travail. Ce n’est pas fondamental, mais ça aide l’environnement positif du film, bien sûr. C’est toujours bien d’avoir des prix. Ça veut dire qu’on vous distingue, forcément. »

La cinématographie tchèque, ces dernières années, n’a pas réellement brillé à l’étranger, c’est le moins qu’on puisse dire. Vous la connaissez un peu. Vous connaissez ce festival. C’était une surprise pour vous ?

« Non, pas du tout. Pas du tout. Je trouve tout à fait normal que ce film emporte le prix du public à Karlovy Vary, comme à Arras - c’est un film pour le public. C’est vraiment un film formidablement enthousiasmant parce qu’il est à la fois divertissant et intelligent. Une fiction inspirée de la réalité. C’est une combinaison que je trouve toujours très séduisante pour le cinéma. J’adore apprendre des choses. Et en même temps, me distraire. Voilà, c’est quand même ça qu’on attend d’un film aussi. »

Quand on sort un film tchèque en France, est-ce que ce sont des copies en très grande majorité sous-titrées ? Ou est-ce qu'il y a un doublage ?

'Radio Prague – les ondes de la révolte' | Photo: Dawson Films

« Non, il n'y a pas de doublage. Je pense que si vous allez voir un film tchèque, vous avez envie d'entendre la langue tchèque. Et ce n'est pas un film suffisamment commercial pour qu'on le double. On double très peu de films en salle. Le dernier qu'on ait doublé, c'était Maria de Pablo Larrain. Parce que c'est Angelina Jolie, ça parle de Maria Callas. Et vous visez un nombre de salles supérieures. À partir du moment où vous doublez, ça veut dire que vous dépassez les 120 salles, en gros. Quand vous êtes dans une exploitation entre 50 et 100 salles, vous ne doublez pas. Je pense que pour ce film, ce serait une erreur. Les films allemands historiques qu'on a sortis, on en a eu plusieurs, on ne les a pas doublés. On les double éventuellement ensuite, quand ils passent à la télé. Mais pour la salle, je pense qu'on est friands de l'exotisme, de la vraie voix. De la vraie langue des protagonistes. »

'Radio Prague – les ondes de la révolte' | Photo: Dawson Films

Dernière question avant votre prochaine projection. En Slovaquie et en Tchéquie, le film a été vu par plus d'un million de personnes. Il a été aussi projeté à de nombreuses classes de collèges et lycées. Est-ce un public visé également en France ?

'Radio Prague – les ondes de la révolte' | Photo: Dawson Films

« Bien sûr, on a fait un document pédagogique pour les écoles, qui est donné à tous les professeurs d'histoire, autour du thème dont parle le film. Bien sûr, on a fait ça et on espère beaucoup avoir des scolaires. C'est très, très important pour nous et évidemment un des publics cibles de ce film. »

Merci Michèle Halberstadt. Et bonne chance pour cette première semaine dans les cinémas français avec ce film.

« Vive Radio Prague ! »

RADIO PRAGUE, LES ONDES DE LA RÉVOLTE I Bande-annonce