Contamination des eaux à Prague : 5000 couronnes contre une bonne diarrhée
La diarrhée, des maux de ventre, des nausées, des vomissements, voici les principaux symptômes constatés depuis ce week-end auprès de très nombreux habitants des quartiers pragois de Dejvice et de Bubeneč, au nord-est de la ville. En cause, une contamination bactérienne de l’eau courante, dont l’origine reste indéterminée. En conséquence, l’eau du robinet reste pour l’heure impure à la consommation.
Tomáš Mrázek, le porte-parole de Pražské vodovody a kanalizace, (PVK, Les Conduites d’eau et canalisations de Prague), société qui appartient au groupe français Veolia et qui détient le monopole de la distribution d’eau dans la capitale tchèque, poursuit en indiquant que la diffusion de chlore a contribué à purifier l’eau. Par ailleurs, des recherches au moyen de caméras sont menées pour identifier la source de la contamination. Dans l’attente de leurs résultats, les quelque 32 000 habitants des quartiers sinistrés peuvent continuer à s’approvisionner en eau potable auprès des 75 citernes qui y ont été installées.
La contamination a vraisemblablement débuté vendredi. Les premiers symptômes sont apparus le lendemain et il a fallu patienter jusqu’à dimanche pour que soit établie avec certitude la présence de bactéries coliformes dans l’eau du robinet. Bien que certains habitants aient critiqué leur présumé manque de réactivité, les autorités ont averti du danger via les réseaux sociaux, en plaçant des écriteaux ainsi qu’à l’aide de messages diffusés dans les rues par des haut-parleurs.
L’affaire est sérieuse, pas seulement parce qu’elle a contraint une collaboratrice de Radio Prague, habitante du quartier, à rester prostrée chez elle, mais surtout parce qu’elle a conduit à près de 200 hospitalisations. Porte-parole des services médicaux d’urgence de la ville de Prague, Jiřina Ernestová a fait le point ce mercredi à la mi-journée :« Dans la nuit de samedi à dimanche, les secouristes ont transporté vers les centres médicaux environ 40 personnes présentant des troubles intestinaux et des nausées en lien avec la consommation d’eau contaminée dans le sixième arrondissement de Prague. Cela a été le cas également lundi avec le transport de 21 personnes, ainsi que mardi avec 14 personnes. Enfin, nous enregistrons deux cas dans la matinée de ce mercredi. »
La société PVK s’est engagée à distribuer des compensations financières à hauteur de 5000 couronnes aux personnes contaminées, sous réserve de la présentation d’un justificatif remis par un médecin. Les patients hospitalisés recevront une somme plus conséquente. Quant aux restaurateurs, qui se plaignent d’avoir subi un important préjudice économique ces jours derniers, ils devront certainement recourir à leur assurance.
Parallèlement à cette contamination, qui pourrait relancer le débat sur la gestion privée de l’eau (cf. : www.radio.cz/fr/rubrique/panorama/la-gestion-de-leau-a-prague-source-de-conflits-dinteret), Veolia annonçait ce mardi des bénéfices en hausse pour l’année 2015 à Prague. Selon un article du site idnes.cz, la qualité du réseau de canalisations pragoises est l’une des pires en Europe, avec une moyenne de vingt incidents déclarés par jour. De nombreux conduits, construits dans les années 1980, n’ont pas été cartographiés, d’autres datent du XIXe siècle. La distribution d’eau potable a elle commencé au début du XXe siècle, ainsi que l’explique Jiří Dejmek, du Musée de PVK :
« Officiellement, il y a de l’eau potable depuis le 1er janvier 1914 quand ont été mises en service les canalisations de l’eau de Káraný (une des deux sources naturelles qui approvisionnent Prague, ndlr). En fait l’eau était déjà distribuée dans le courant de l’année 1913. Mais l’année officielle est 1914 et donc cela a fait exactement cent ans l’an passé. »Avant la distribution d’eau potable, les gens buvaient généralement de la bière selon Jiří Dejmek. Pour l’heure, c’est peut-être le régime auquel devraient s’astreindre les habitants de Dejvice, au risque de voir apparaître une nouvelle épidémie, de « viróza » cette fois-ci.