Corruption : le ministère du Travail et des Affaires sociales dans la tourmente

Jaromír Drábek, photo: CTK

Une nouvelle affaire de pot-de-vin pourrait bien ébranler le gouvernement. Hier lundi, la police a arrêté deux personnalités importantes du ministère du Travail et des Affaires sociales, le vice-ministre Vladimír Šiška et le chef de la division informatique Milan Hojer. A dix jours des élections régionales et sénatoriales partielles, l’avenir du ministre Jaromír Drábek (TOP 09) est incertain alors que les sociaux-démocrates et certains membres de son propre parti le somment de démissionner. Lui affirme de son côté qu’il partira si la culpabilité de ses collaborateurs est avérée.

Vladimír Šiška,  photo: CTK
Les affaires de corruption se suivent et se ressemblent avec une inquiétante monotonie. Cette fois-ci, ce sont des employés du ministère du Travail et des Affaires sociales qui ont été sans doute surpris, lundi matin, de la visite impromptue de policiers de l’unité anti-corruption venus arrêter le plus proche collaborateur du ministre, Vladimír Šiška, et le directeur de l’unité informatique Milan Hojer. C’est le site internet Tyden.cz qui a révélé cette information sans que les raisons exactes de ces interpellations soient connues. Le porte-parole de la police anti-corruption Jaroslav Ibehej confirmait cependant les soupçons de corruption qui planent sur les deux hommes :

« Ils ont été successivement arrêtés pour des faits de corruption qui concernent une commande publique ou plutôt dans la manière dont cette commande publique a été annoncée. »

Une affaire embarrassante à plus d’un titre pour le ministre Jaromír Drábek du parti conservateur TOP 09, collaborateur et ami de longue date de Vladimír Šiška, et qui, face aux journalistes, jouait le registre de l’incrédulité et du mécontentement pour ne pas avoir été informé plus tôt :

Jaromír Drábek,  photo: CTK
« A l’heure actuelle, je n’ai aucune autre information. Je ne peux pas m’expliquer ce qui se passe, comprendre de quelle façon dans un ministère le premier adjoint peut soudoyer quelqu’un. Néanmoins, j’espère qu’à partir de maintenant la police va nous fournir des informations suffisantes. Je considère la situation grave quand le premier adjoint du ministre est accusé de quelque chose et que le ministre, même sur demande, n’en est informé par la police qu’après le public et les médias. C’est selon moi scandaleux. »

D’autant plus scandaleux selon lui que les élections régionales et sénatoriales partielles ont lieu dans dix jours et le parti TOP 09, l’une des formations de l’actuelle coalition gouvernementale, déjà crédité de peu d’intentions de vote dans les sondages, pourrait pâtir de cette affaire. Une rhétorique qui ne convainc guère si l’on en croit les journaux parus ce mardi. Le quotidien Hospodářské noviny note par exemple que cette argument électoral permet à Drábek de « maudire l’état policier », exactement comme son collègue ministre des Finances et vice-président de son parti Miroslav Kalousek quelques mois auparavant. Selon l’analyste de la Fondation contre la corruption Petr Soukenka interrogé par la Télévision publique, le ministre du Travail et des Affaires sociales devait superviser les commandes importantes de son ministère et il pourrait donc être impliqué dans cette affaire. On l’écoute :

Petr Soukenka,  photo: CT24
« Le ministre s’est exprimé de façon répétée dans les médias sur les différentes commandes et je dois dire que dans la plupart des cas, soit il mentait purement et simplement, soit il prononçait des contre-vérités. »

Comme souvent dans ce genre de situation, le parti social-démocrate a réclamé la démission du ministre. Plus surprenant, des membres de son propre parti et notamment des candidats en course pour les élections régionales à venir ont également formulé cette demande. En conséquence, l’état-major du parti TOP 09 se réunissait ce mardi matin pour décider de la suite à donner à cette affaire. Outre la révocation de son adjoint Vladimír Šiška, Jaromír Drábek a ainsi affirmé qu’il démissionnerait seulement si les accusations de la police s’avéraient fondées. Une position similaire à celle prise par Miroslav Kalousek en juillet dernier, qui promettait de se retirer de la vie politique si les allégations à son encontre étaient prouvées.