Culture orientale à Prague : deux festivals pour le prix d'un
Du 19 au 25 novembre se déroule le festival de la culture orientale, Un croissant de lune au-dessus de Prague. Un rendez-vous maintenu malgré la pandémie, et qui se tient cette année en ligne, comme nombre d'autres événements culturels et qui, bel exemple de solidarité, se déroule conjointement avec un festival similaire, Arabfest. Son organisatrice, Lucie Němečková est revenue sur le programme 2020 et les conditions dans lesquelles se tient le festival.
« Au départ tout semblait normal. Au printemps, on s'est dit que ça irait et qu'on organiserait le festival à l'automne comme c'est le cas tous les ans. Même après l'été, tout était clair pour nous. Nous avons même prévu une ouverture solennelle du festival au Planétarium de Prague où nous voulions inviter des ambassadeurs, des représentants de la mairie, de ministères etc. Finalement, nous avons bien compris que ce ne serait pas possible, et nous avons été obligés de basculer le festival dans l'espace virtuel. Heureusement tout le programme prévu a pu être conservé et adapté pour être donné en ligne. Evidemment, ce ne sont pas des pièces de théâtre, mais plutôt des lectures, des débats, bref, tout ce qui est possible de faire dans l'espace virtuel. »
Cette année, vous collaborez avec un autre festival qui s'appelle Arabfest, comment est née cette collaboration et en quoi est-elle un apport ?
« Arabfest est notre petit frère. C'est un festival ami, donc nous sommes en contact depuis le début. D'habitude Arabfest se déroule au printemps, quand nous organisons un autre festival, Afrique en création. Comme il a été reporté à l'automne, on s'est dit : pourquoi être rivaux, quand l'objet qui nous intéresse est le même ? Pourquoi ne pas trouver une forme de solidarité entre les deux festivals ? C'est pourquoi nous avons décidé de travailler ensemble et nos deux programmes sont en ligne en même temps. Nous proposons tous les deux notre programmation. Notre festival est plutôt culturel avec du théâtre, de la littérature, de la danse. Arabfest, c'est plutôt des débats, des quiz, des rencontres virtuelles etc. »
On ne peut évidemment pas parler de tout, mais peut-on citer un ou deux événements du festival à ne pas manquer ?
« Je pense qu'il ne faut pas manquer les lectures des trois pièces des auteurs étrangers qui auraient dû venir et qu'on ne pourra donc rencontrer qu'en ligne. Parmi eux, Mohamed Kacimi, un auteur algérien qui vit depuis longtemps en France. Il est déjà venu plusieurs fois en République tchèque. Il a récemment écrit un texte que j'ai vu adapté à Limoges au Festival des francophonies en Limousin, et qui s'appelle Jours tranquilles à Jérusalem. Il s'agit de son journal de bord de son travail avec son ami Adel Hakim, auteur égyptien, au Théâtre national de la Palestine à Jérusalem. Il raconte toutes ses aventures autour de la mise en scène de la pièce Des roses et du jasmin. On peut dire que c'est une chronique de cette création théâtrale avec tous les doutes, les espoirs, les découragements qu'ils ont rencontrés. Surtout, pour nous, c'est une grande leçon d'humanité : il y parle de choses qui nous tiennent à cœur et qu'on n'entend pas souvent, qu'ont tait parce que le conflit entre Israéliens et Palestiniens et quelque chose de grave. Mohamed Kacimi raconte cette histoire à travers sa propre expérience dans ce théâtre. »
Un deuxième rendez-vous, avant de se quitter ?
« Un deuxième rendez-vous à mentionner, c'est avec Hala Moughanie, une auteure libanaise. Elle a reçu en 2015 le prix RFI pour sa pièce Tais-toi et creuse. Mais pour Prague, nous avons fait le choix de traduire et de lire un autre texte : La mer est ma nation, qui parle de la guerre, des migrations, des réfugiés, des violences contre les femmes. On espère que l'an prochain, nous pourrons enfin rencontrer ces auteurs en vrai. »