De plus en plus difficile de se loger pour les étudiants à Prague

Chaque année, de nombreux étudiants débarquent à Prague pendant un semestre ou un peu plus, pour profiter de son patrimoine culturel, architectural, de son centre historique et de l’animation de sa vie étudiante. Cependant, avant de bénéficier de tous ces aspects, il faut se loger, ce qui, dans la capitale tchèque, n’est pas chose aisée. L’inflation, les arnaques et la forte demande sont autant de facteurs qui font de la recherche d’un logement étudiant un véritable parcours du combattant.

La capitale tchèque, victime de son succès, connaît en effet une forte hausse des prix qui touche tous les biens immobiliers, du studio à la colocation en passant par le dortoir universitaire. Cette situation s'étend également aux étudiants du programme Erasmus, qui découvrent à Prague un cadre de vie coûteux, presque autant que dans certaines grandes villes françaises comme Bordeaux, Montpellier ou Lyon. Milan, étudiant français à Prague le temps d’un semestre, nous fait part de son expérience avec ses amis en la matière :

« On s’est vite rendu compte que les prix étaient beaucoup plus élevés que ce à quoi on s’attendait. On s’était fixé une limite de 550-600€ grand maximum, et on n’a pas réussi à trouver quoi que ce soit dans cette fourchette. On a commencé à regarder sur des groupes Facebook mais il y a beaucoup d’arnaques, il faut vraiment faire attention à ça. Pour ce qui est du prix des dortoirs, c’est entre 200 et 250 euros. Dans le dortoir, on est deux par chambre et six par appartement en moyenne. Je m’attendais à des logements beaucoup moins chers. Payer des prix au-delà de 600€ n’était pas pensable pour moi et pas dans mes moyens.”

La cité universitaire de Strahov | Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague International

À Prague, les dortoirs affichent des tarifs élevés et leur qualité est inconstante. Il faut compter entre 200 et 250 euros par mois pour une chambre partagée dans un dortoir universitaire, une somme 15% plus élevée que l’année précédente, et l’augmentation devrait se poursuivre au semestre prochain. Malgré tout ça, la demande continue d'excéder l'offre.

« On est six pour une salle de bain, c’est pas du grand luxe, le gros bémol c’est qu’il n’y a pas d’espace de vie, pour manger on doit manger dans nos chambres, et on a une cuisine qu’on partage tous les six, qui est réellement trop petite, je ne m’attendais pas à une cuisine si peu équipée,. L’inconvénient est qu’il n’y avait absolument rien en termes de couverts, de poêles, de casseroles, on a dû acheter par nous-mêmes. Ça permet de rencontrer du monde, je me suis fait de très bon amis, c’est le point positif. »

Le fléau des arnaques en ligne

Le prix n’est pas le seul obstacle à franchir pour les étudiants dans leur quête de logement. Pour éviter les onéreux frais d’agence, nombreux sont ceux qui effectuent leurs recherches sur marketplace, plateforme de commerce appartenant au géant Facebook, ou bien au sein de groupes dédiés à la location d’appartement sur ce même réseau social. En réalité, ces plateformes sont le terrain de chasse favori des escrocs, et les annonces frauduleuses y pullulent. On y trouve des logements de rêve à des prix attractifs, puis, après l’envoi d’un joli contrat, on vous demande de payer une somme d’argent en ligne pour réserver l’appartement. Photos volées, documents usurpés, faux contrats,  ces derniers sont prêts à tout pour soutirer quelques centaines d’euros à leurs victimes. Difficile donc, de faire le tri entre les arnaques et les vraies annonces, surtout quand les recherches sont effectuées à distance. Nathan, étudiant bordelais de 21 ans, raconte l’épreuve qu’a été, pour lui, la recherche d’un appartement à Prague.

« Je voulais un appartement en colocation, j’ai commencé à chercher l’été sur facebook globalement, sur des groupes comme Erasmus in Prague, Accommodation in Prague, et je voyais qu’il y avait beaucoup d’offres. Il s’est avéré que la moitié des offres proposées étaient des arnaques. Je me suis d'ailleurs fait arnaquer de 200€ sur facebook, du coup j’ai préféré attendre d’être sur place pour trouver un logement. Ça m’a pris un peu moins d’un mois, et je paye 8 000 CZK par mois, ma chambre étant dans le salon, donc mes colocs doivent y passer pour aller dans la leur. Je pensais que ça serait moins cher, j’avais choisi Prague parce que c’est une ville d'Europe centrale, mais je me rends compte que le prix du logement est excessivement cher, et que le coût de la vie est globalement le même qu’en France. »

Photo illustrative: Andrew Neel,  Pexels

Loin de sa réputation de capitale accessible et abordable, Prague est en réalité une ville qui coûte cher, et où se loger à moindre coût relève de l’exploit. Les étudiants tchèques ne sont pas en reste, et sont eux aussi frappés par cette crise du logement. En effet, en dix ans, le prix des dortoirs a augmenté de moitié tandis que l’allocation de l’État pour les étudiants tchèques n’a pas évolué. Bien que le ministère de l’Éducation souhaite réévaluer les allocations étudiantes, et les étendre à davantage de personnes, la crise du logement étudiant est partie pour durer dans un contexte d'inflation et de hausse constante de la demande.

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