Des assurances exceptionnelles en marge du Sommet de l'OTAN

Il fut un temps où il était de notoriété publique que les assurances n'assurent jamais les risques conséquents aux mouvements de foules et aux manifestations. Cependant, depuis que la violence prend de l'importance et se vulgarise, les assureurs se sont résignés, des fois mis en demeure par les gouvernements, à "faire leur travail". Mais l'Etat, dans ces conditions, n'est pas étranger au processus de réassurance.

En Tchéquie, les maisons d'assurance ne couvrent toujours pas les risques de guerre et de vandalisme, ce pour quoi, elles ont résolu d'offrir à leurs clients des contrats spéciaux de couverture des risques liés à l'organisation du Sommet de l'OTAN à Prague, du 21 au 22 novembre 2002 et donc bientôt. Chose à relever d'entrée de jeu, dans leur majorité, les maisons d'assurance insistent sur le fait que ce contrat exceptionnel n'est accordé qu'aux clients. L'assurance Allianz souligne même que le contrat en question est offert au seul bénéfice des anciens clients.

Les formules de cette assurance d'exception varient d'une firme à l'autre. La Caisse d'assurance tchèque, un mastodonte en la matière, a préparé à l'intention de ses clients une assurance contre les gros risques consécutifs à des troubles de foule et d'actions terroristes. Mais là encore l'assurance au bénéfice des "clients les plus grands" pour retenir l'expression de la firme. Mais la Caisse d'Assurance tchèque n'offre pas de contrat-type. Elle dit que les contrats seront négociés individuellement et leur conclusion liée à la réalisation de conditions précises, sans plus de détail. Ce n'est pas un contrat courant, nous précise-t-on dans cette firme et il est normal qu'il tombe sous un régime d'exception.

L'assurance Kooperativa, elle, semble limiter l'offre d'assurance aux biens immeubles et leurs équipements, mais seulement de ses clients. Il s'agit, nous précise-t-on, là encore, d'un produit assurance de courte durée, réalisé sous forme d'additif à un contrat d'assurance immobilière déjà existant.

Pour sa part, l'offre de l'assurance Allianz a un caractère plutôt général, au bénéfice des seuls clients de longue durée, contre les troubles civils. Il n'est pas possible de conclure cette assurance pour une courte durée ni même à part. Elle est automatiquement accessoire à une assurance déjà existante et doit être conclue pour la durée de ce contrat.

L'assurance Generali va plus loin. Elle a préparé à l'intention de ses clients une assurance contre les risques susceptibles de survenir lors de troubles, y compris ceux occasionnés par les forces de l'ordre. Evidemment, il est difficile de penser qu'à défaut de précisions dans les cas précédents, les assurances couvriraient même ce genre de risque, du moment que le dommage est occasionné par des préposés de l'Etat qui est pour les assurances, d'abord et avant tout, la personne morale la plus solvable. L'assurance Generali, en soulignant l'énormité du risque en marge du sommet de l'OTAN, conclut qu'il faut être client actuel pour en bénéficier. Pas même les anciens clients n'y ouvriraient droit.

Quelles conclusions à ce panorama d'offres contractuelles ? Jusqu'à présent on ne relève pas un intérêt remarquable pour ce genre d'assurance. Mais les assurances se veulent optimistes et s'attendent à ce que les clients se manifestent quand même lors des derniers jours précédant l'ouverture du sommet. Il est vrai que les actes de vandalisme perpétrés contre les biens lors du sommet du FMI et de la Banque mondiale à Prague sont toujours présents dans les esprits. Mais il est non moins vrai que les candidats potentiels à l'assurance vont prendre en considération le rapport de forces entre manifestants et police, tel qu'il est déjà annoncé par le ministère de l'Intérieur. On prévoit en effet d'aligner face aux manifestants qui ne seront que 3000 tout au plus, un panel de 12 000 policiers que 2400 soldats remplaceront ailleurs dans la république. Soit largement une moyenne de 4 policiers pour un manifestant. Il est vrai aussi que cela n'exclut pas tout risque, notamment pour les magasins les plus visés en pareil cas comme les McDonalds et tous les magasins situés dans des zones qualifiées de "chaudes" et que chacun connaît à Prague. Rien n'exclut non plus que des manifestations, qui seraient le fait d'extrémistes, ne soient pas organisées, ailleurs en Tchéquie, notamment dans la ville de Brno, capitale de la Moravie, où les anarchistes sont particulièrement actifs.

En tout cas l'occasion est bonne et les assureurs n'ont pas manqué de la saisir.

Auteur: Omar Mounir
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