Des catholiques francophones du monde entier sont réunis à Prague

Photo: Site officiel de l'Église catholique en France

Des prêtres et laïcs d’une trentaine de communautés catholiques francophones dans le monde sont réunis à Prague depuis jeudi soir et jusqu’à dimanche. Organisée par la Conférence des évêques de France, cette rencontre est l’occasion pour ses participants bien entendu d’échanger leurs diverses expériences sur la manière dont ils vivent leur foi dans leur langue maternelle à l’étranger, mais aussi de découvrir un peu de l’histoire et du présent de l’Eglise en République tchèque. Jésuite exilé en Autriche puis en France lorsque la Tchécoslovaquie était encore dirigée par le parti communiste, le père Petr Kolář a grandement contribué, au début des années 1990, après la révolution, à la formation de la paroisse francophone à Prague. C’est en cette qualité qu’il a participé à l’organisation de ces journées pastorales qui se tiennent pour la première fois dans la capitale tchèque. Petr Kolář :

Photo: Site officiel de l'Église catholique en France
« Ces journées pastorales correspondent à la situation d’un grand pays comme la France qui a des citoyens dans le monde entier. La présence des Français est très importante en Europe. Dès le début de la période post-communiste, j'ai vécu ce que j'appelle un déferlement de spécialistes et de commerciaux en tout genre, pas seulement français d’ailleurs. J’ai donc des contacts qui durent depuis plus de 25 ans. Et le hasard a voulu que cette année, alors que j’étais responsable de la communauté francophone durant l'été, des anciens expatriés reviennent en grand nombre à Prague sur les lieux où ils ont vécu il y a 20 ans de cela. L’Eglise catholique en France a ce souci de maintenir le contact avec ces gens-là, qui habitent parfois très loin. Le culte du dimanche est bien évidemment une autre chose essentielle, mais pas seulement puisqu'il y a aussi une école, des scouts, le catéchisme, etc. Tout ça en français. C’est donc un petit groupe très actif et il est utile de nouer des liens avec les autres villes proches. Bratislava est un bon exemple. Une messe y était aussi célébrée en français, et ce n'est qu'à 250 kilomètres. La Pologne aussi est très francophile. Les contacts qui seront donc pris durant ces quelques jours à Prague correspondent à ce souci de la conférence épiscopale française d’entreteni des liens. Je comparerais cette volonté à une étole éclatée qui rayonne partout. »

« C’est la première fois que cette rencontre a lieu à Prague. Le groupe francophone de Prague est très actif. Personnellement, j’étais dubitatif au départ. Je pensais qu'il suffisait de faire son travail dans son coin et, à tort, qu’il n'y aurait que quelques participants. Finalement, une quarantaine de personnes se sont inscrites, ce qui peut paraître surprenant. Tout a été organisé par des laïcs, il faut le préciser. Je crois donc que nous aurons des entretiens intéressants. Nous recevrons par exemple avec plaisir l’ancien ambassadeur tchèque en France Pavel Fischer. Mais vous savez, ce n'est généralement pas n'importe qui qui le choix de vivre à l'étranger. Ce sont des gens cultivés, qui ont de l’expérience et un but. »

Vous avez, vous aussi, vécu votre foi à l’étranger. L’appartenance à un groupe linguistique est-elle importante ?

Petr Kolář,  photo: ČT
« Pour des pays comme la France ou l’Italie, certainement. Un peu moins par exemple pour l'Allemagne, dont l'unification est récente. L’orthographe officielle de l'allemand n’a pas deux siècles. Il ne faut pas oublier qu’auparavant, à côté de l’Allemagne, il y avait la Suisse, l’Autriche et la Prusse où on parlait une langue alémanique. Aujourd’hui encore, les gens du Nord de l’Allemagne ne comprennent pas la langue de Vienne et parfois même de Bavière. La France est différente car c’est un Etat qui est centralisé depuis longtemps et qui possède des intérêts dans le monde entier. Les relations françaises aux niveaux politique, diplomatique, artistique et linguistique subsistent. Par exemple, si on a décidé d'organiser ces journées pastorales à Prague, c’est parce que la culture tchèque au Moyen-Age a été très marquée par l’influence française. Mathieu d’Arras a construit la cathédrale Saint-Guy, la grande église dans la vieille ville et le Pont Charles. C’est pourquoi les Français se sentent ici un peu comme chez eux, et peut être encore plus d’ailleurs. En France, beaucoup de monuments ont été détruits, tandis que Prague est devenue une ville musée après avoir perdu son importance lors des guerres de religion. De devenir capitale de Tchécoslovaquie, il y a un sicèle de cela, lui a permis de trouver un certain prestige. Mais si la ville attire beaucoup aujourd'hui, c'est précisément aussi parce qu'elle n’a pas été très importante par le passé, raison pour laquelle elle n’a pas été démolie. Donc voilà une des raisons de ce rassemblement de tous les francophones ici. C’est une bonne initiative, selon moi. »