Des scientifiques tchèques au secours de l’éland de Derby au Sénégal
Jeudi dernier, à Dakar, les ministères de l’Environnement tchèque et sénégalais ont signé un mémorandum sur la conservation et la protection de l’éland de Derby. Cette grande antilope, la plus grande au monde, est classée en danger critique d’extinction sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature. C’est notamment grâce à un projet tchèque que cet animal menacé fait aujourd’hui l’objet de tant d’attentions. Radio Prague s’est entretenue avec Lenka Pokorná, chargée d’affaires de l’ambassade tchèque dans la capitale sénégalaise, qui lui en a dit davantage sur cet éland de Derby :
Dans quelle région du Sénégal se trouve-t-elle ?
« Elle est originaire du parc national du Niokolo-Koba. A partir de ce parc, elle a été transférée dans deux réserves, celle de Bandia et celle de Fathala. Dans chacune de ces trois réserves il y a un petit troupeau d’élands de Derby. »
Avant de parler du mémorandum signé la semaine dernière entre la République tchèque et le Sénégal, rappelons qu’une association tchèque a été créée pour s’occuper de sa sauvegarde…
« Exactement. Plus que de protection, il s’agit pour l’heure surtout de la conservation de l’éland de Derby. L’association Derbianus a un vrai projet scientifique de conservation de cet animal. Une rencontre entre scientifiques a d’ailleurs eu lieu en 2013 à Dakar pour élaborer une vraie stratégie de conservation de l’éland. Parce que quand il ne reste que 100 ou 200 individus, l’espèce est vraiment menacée. Les Tchèques ont commencé à travailler ici en l’an 2000. Ils travaillent en coopération avec la Faculté des Sciences de la vie à Prague. Le ministère de l’Environnement tchèque a beaucoup soutenu le projet donc ils ont pu construire une petite maison où les gens sont logés quand ils travaillent dans la réserve de Fathala. Le ministère des Affaires étrangères a également contribué à les aider. Avec le mémorandum aujourd’hui, nous avons dorénavant une base légale pour la coopération entre les deux pays. »Cela fait donc 15 ans que cette équipe tchèque travaille à la conservation de l’éland de Derby. Quand elle a commencé, en 2000, combien restait-il d’élands de Derby ?« Je ne saurais pas vous le dire, car je pense que personne ne le sait. Il faut savoir que le parc national du Niokolo-Koba n’est pas quelque chose de clôturé. C’est un grand parc dans le sud-ouest du Sénégal et les élands sont difficiles à compter. Vous devez prendre un avion et survoler le parc pour essayer de les voir. Vous pouvez aussi faire ce qu’on appelle des ‘phototraps’ pour essayer de les repérer et de les compter. Le territoire est assez vaste. Ils ont commencé dans la réserve de Bandia avec neuf individus dont malheureusement trois sont morts. Mais avec un troupeau de six individus, ils ont développé une population qui est de l’ordre de dizaines aujourd’hui. Le projet n’est pas terminé, l’espèce est loin d’être sauvée. »
Pour officialiser cette coopération entre la République tchèque et le Sénégal, un mémorandum a été signé la semaine dernière à Dakar entre les deux ministères de l’Environnement. Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour la conservation de cet éland de Derby ?« D’un côté, c’est la première base légale de cette coopération. Cela officialise l’accès des chercheurs tchèques aux réserves et au parc national du Niokolo-Koba. Il est ainsi confirmé que lorsqu’ils travaillent avec les élands de Derby, c’est sur la base d’un accord. D’un autre côté, mais il faudrait confirmer cela avec le ministère de l’Environnement tchèque, il semblerait que le ministre ait décidé d’octroyer une somme régulière qui sera versée à la société Derbianus et sera investie dans le projet de protection de l’éland de Derby. »