Discours du Nouvel An du Président Vaclav Havel

Vaclav Havel

Tout n'est pas mauvais dans le monde contemporain. Un monde un peu confus, un peu rude et un peu fou. Ainsi peut-on résumer le début du discours traditionnel du Nouvel An prononcé par le président de la République, Vaclav Havel. Jaroslava Gissübelova en a choisi les grandes lignes.

Le Président a consacré son discours aux certitudes sur lesquelles on peut toujours s'appuyer comme sur des points fermes et pleins d'espoir, même si l'on doute du bon sens de certaines choses qui déterminent l'évolution de ce monde.

Ces certitudes, c'est, avant tout, la morale de la société. Chacun connaît les normes morales fondamentales, chacun en a conscience. La seule différence réside dans la manière de s'écouter. Une preuve de ce que le bon côté de la société tchèque vit et sait se manifester, le président la voit dans l'exemple des instituteurs, des médecins, des infirmières qui assument une énorme responsabilité pour autrui. Il la voit dans l'exemple des soldats qui affrontent de grands risques à l'échelle planétaire, des policiers et des juges qui luttent contre la criminalité, des journalistes qui, dans chaque circonstance, cherchent la vérité au nom d'une valeur fondamentale, celle que la vérité doit finir par l'emporter.

En parlant de presque deux millions d'entrepreneurs en Tchéquie, le Président a souligné que des groupes de faux entrepreneurs, de la mafia capitaliste ou de vrais criminels ayant abusé, pour leur propre profit, de la chance historique qu'était la privatisation, ne doivent pas jeter l'ombre sur le travail de la majorité de ces deux millions d'entrepreneurs qui respectent les règles déontologiques.

Le Président a surtout apprécié les millions d'employés à la vie difficile, qui acceptent des sacrifices, hélas, souvent pour des comptes dans des paradis fiscaux. Dans leur majorité, ces gens ont compris et supporté leurs difficultés. Sans leur bonne volonté, leur compréhension pour ce pays et leur patience, donc sans une conscience morale, ces gens auraient sans doute protesté plus. Que leur attitude tranquille soit comprise comme la preuve de ce que rien n'est perdu, a souligné Vaclav Havel.