Économie/Commerce
C'est à la place Jugman, et dans des conditions rocambolesques, que votre serviteur a fait une rencontre insolite. Mon attention fut attirée par un individu en tee-shirt jaune et tout autour de lui de curieux gadgets. Il était en explication difficile avec deux policiers. Je m'approche un peu plus. Excusez la curiosité journalistique. Il parlait français. J'offre mes services. Les policier le priaient de partir. Il a compris. Les policiers s'en vont. Je reste en sa compagnie, non sans avoir déployé, avec son autorisation, et après les présentations, mon micro. L'homme, drôle en artiste né qu'il est, doublé d'homme de spectacle, est un véritable personnage de fiction. Il s'appelle Alain Stan. Il fait le théâtre de rue. Et son théâtre s'appelle joliment : le théâtre de l'instant. Ecoutons-le d'abord présenter son théâtre.
Vous me diriez, que fait un artiste dans une émission d'Economie-commerce. Une telle fantaisie, pas même l'actuelle période estivale doublée d'une canicule si recherché, ne l'autorise. Le tout est que je l'ai amené à parler des changements économiques et sociaux intervenus en République tchèque depuis dix ans. Car il a connu Prague en 1990. Et le plus attachant est que ces changements, il en parle en termes d'artiste, ce qui cadre parfaitement, n'est-ce pas, avec un mois d'août, le mois du rêve ! Laissons l'artiste découvrir en 2000 sa Moravie de 1990 et surtout en parler à sa façon. Cela, c'est la place, mais comment sont devenus les gens ? Les gens n'ont plus de temps. Il sont plus soucieux, plus affairés, moins attentifs aux autres. Mais ce n'est pas dans ces termes que s'exprimera le poète. Ecoutons-le. Puis il y a le regret, la nostalgie que laisse dans les coeurs cette vieille société tchèque qui s'en va. Encore une fois Alain Stan J'ai pris congé de mon artiste. Le lendemain, je suis venu le chercher. Encore la curiosité journalistique... Mais c'est avec un pincement au coeur que j'ai dû me résigner à rentrer chez moi. Alain Stan était introuvable. Et voilà que je reçois de lui un e-mail. "J'ai quitté Prague, m'écrit-il, sans avoir rejoué, hélas ! Vous savez pourquoi. Pour un complément d'information, il est également strictement interdit de jouer sur la grande place de la Vieille Ville, la police ayant arrêté sous mes yeux un jeune en train de jouer à la guitare. Ce jeune ne jouait pas pour l'argent, mais pour son plaisir et celui de plusieurs autres assis à côté de lui." Au revoir, l'artiste. Et nous vous promettons que la prochaine fois, la charmante et généreuse grande Dame qu'est Prague saura se montrer plus hospitalière.