En Bohême du Nord, escalade des tensions envers la minorité rom
Une quarantaine de personnes arrêtées, six personnes blessées, dont trois officiers de police, des dizaines d’armes confisquées. Tel est le bilan de la journée de samedi, au cours de laquelle forces de police et sympathisants d’extrême-droite se sont affrontés à Varnsdorf, en Bohême du Nord.
« Il serait faux de penser qu’il y a une bataille, un combat entre la majorité tchèque, non-rom et la minorité rom. On peut comparer cela un peu à la situation en Angleterre il y a un ou deux mois. Des adolescents rom, qui sont déracinés sur le plan de la culture commune, ont attaqué des gens, parce qu’ils n’ont ni argent, ni perspective. Ils commettent des délits mais aussi contre les Roms qui sont installés dans la région depuis une vingtaine d’années. C’est le même phénomène qu’en Grande-Bretagne. Quant à la majorité tchèque, il faut rappeler qu’ils sont eux-mêmes des nouveaux venus parce que la région, en 1945, était à 90% peuplées d’Allemands. Ceux-ci ont été expulsés après la guerre. La région a alors été repeuplée par des gens de l’intérieur du pays, mais aussi avec des Roms de Slovaquie. La situation explosive à l’heure actuelle est aussi le résultat de cette histoire des soixante-dix dernières années. »
La situation était telle que pendant la journée de samedi, sans doute encouragés par le noyau dur des néo-nazis présents, certains slogans racistes fusaient toutefois des rangs mêmes des habitants.Tandis qu’à Nový Bor et à Rumburk, les manifestations prévues se sont déroulées dans un calme relatif, avec notamment des rassemblements en soutien de la minorité rom, c’est à Varnsdorf que la situation a dégénéré en fin de journée. Le ministre de l’Intérieur, Jan Kubice, estime que l’intervention des forces de police était nécessaire :
« Ce que la police a fait sur place, c’est une solution extrême. Personne ne le souhaite a priori. L’utilisation de la force pose évidemment problèmes, mais elle peut s’avérer nécessaire. Le premier groupe de personnes violentes qui ont attaqué la police était en fait des gens venus d’autres régions de République tchèque : je trouve que c’est plutôt une bonne nouvelle, cela veut dire que les habitants de Varnsdorf ne se sont pas placés du côté du Parti ouvrier. »Il y a quelques temps, le présidium de la police a fait appel à Kumar Vishnawatan, un travailleur social d’origine indienne, spécialiste de la question rom, afin d’apporter son aide sur place dans la région. Grâce à sa présence notamment, les citoyens tchèques ne se sont que peu mélangés aux manifestants de l’extrême-droite.
En attendant, si le calme est revenu dans le nord de la Bohême, de nouvelles manifestations extrémistes sont prévues pour le week-end prochain.