Eva Pilarova
Eva Pilarova, fut la chanteuse la plus remarquable de jazz et de swing des années soixante, en République tchécoslovaque. Sa voix et une perfection technique vocale étonnent même les experts en musique classique. La chanteuse est capable de faire couler les cordes vocales de son soprano en des tons rauques ou assombris de jazz. Pas étonnant car l'étendue de sa voix est à trois octaves. Parfois, ses manifestations font penser à Bessie Smith ou Billie Holiday. Rappelons seulement son interprétation inimitable de Summertime ou de Man I love de G. Gershwin. Elle a triomphé dans le pays ainsi qu'aux festivals internationaux de musique.
Au cours des études, elle chante à des après - midis dansants pour étudiants. Les parents ne se doutent de rien. Ils la croient en rendez-vous galant avec son premier amour, le contrebassiste Milan Pilar. Très vite elle se rend compte que le chant d'opéra n'est vraiment pas son genre. Ella Fitzgerald, Edith Piaf, Louis Armstrong, Glenn Miller, sont ses idoles préférés. Entre temps, M. Pilar quitte l'Académie pour continuer les études à Prague. Pour se faire un peu d'argent, il joue à l'orchestre du théâtre Semafor. Eva le rejoint pour une journée, passe une audition à Semafor et se fait engager dans un des théâtres des plus prestigieux de Prague. Milan retourne avec Eva à Brno pour la demander en mariage. Les noces auront lieu en juin 1960.
La chanteuse restera au théâtre Semafor pendant deux ans. En 1962, elle accouche d'un fils, Milan. Mais le bonheur sera de courte durée. Trois mois après l'accouchement, M. Pilar émigre à l'ouest. Les autorités tchécoslovaques interdisent à Eva de sortir du pays. Encore une preuve d'un manque de bon sens du gouvernement totalitaire. C'est le mari qui émigre, mais se sera sa femme qui en portera les conséquences ! Pourtant Eva ne se laisse pas décourager ! Elle quitte le théâtre Semafor et se fait engager au théâtre Rokoko, un autre théâtre en vogue, à l'époque. Après deux ans elle revient à Semafor, fonde son propre orchestre, quitte pour la deuxième fois le théâtre Semafor. Depuis, elle exerce la profession de chanteuse indépendante. Elle obtient des rôles dans quelques films, enregistre des disques, participe aux émissions télévisés... Des tournées et des succès s'enchaînent : l'Allemagne de l'Est, l'URSS, le Grand Prix de disque à Sopoty, en Pologne (1967). 1968 ! E. Pilarova épouse le chanteur Jaromir Mayer. Les tournées continuent en couple, direction ouest, cette fois-ci, car c'est le fameux Printempts de Prague !
La chanteuse à la voix exceptionnelle et son mari se font applaudir dans le monde entier ! Ils connaîtront le succès entre autre en Allemagne Fédérale, à Rio de Janeiro, à Cannes, à Madrid. En 1968, E. Pilarova et son mari J. Mayer effectue une tournée en URSS, accompagné du groupe Eminent. Leningrad, Novosibirsk, Tachkent, Kyjev, Odessa, Moscou ; plus de soixante concerts en deux mois, parfois jusqu'à trois par jour. Deux ans plus tard, elle est à Berlin, en avril à Cuba. La représentation de la chanteuse, toujours avec son mari et le groupe Eminent au théâtre M'Ella à Havane, ramasse encore un énorme succès. Eva divorce après quatre ans de mariage. En début des années soixante - dix, six membres de son orchestre sont victime d'un accident aérien de la compagnie Aeroflot. Avec l'assistance du chef d'orchestre J. Voruba elle en met sur pied un nouvel ensemble.
Plus tard, E. Pilarova se retire de la scène et de la vie publique, pour revenir vers la deuxième moitié des années quatre-vingts. Elle monte un nouveau programme et c'est un retour triomphale! Et ça repart ! Emissions à la TV, concerts, enregistrements de disques, les tournées à l'étranger recommencent : l'Australie et même sept fois les Etats Unis. E. Pilarova rédige des articles pour différents quotidiens et hebdomadaires, fait de la photo à un niveau professionnel. Elle adore faire la cuisine, sa grande marotte, écrit un livre de cuisine. Cette femme délicieuse a combattu avec courage un cancer dépisté il y a sept ans, soutenue par son troisième mari, le danseur Jan Kolomaznik, de treize ans son cadet.