Exposition-hommage au cardinal Josef Beran
Une exposition consacrée au cardinal Josef Beran a ouvert ce lundi au Parlement. L’occasion de revenir sur le destin mouvementé de cet homme d’Eglise tchèque, dont on célèbre cette année le centenaire de l’ordination. Le destin de Josef Beran, c’est celui d’un homme d’église pris dans la tourmente des deux totalitarismes du XXe siècle.
Né en 1888 à Plzeň, il choisit la prêtrise et est ordonné en 1911. L’occupation de la Tchécoslovaquie et la Deuxième guerre mondiale sont le premier tournant dans la vie de Josef Beran. Persécuté par le régime nazi, il fait partie des victimes de la répression « exemplaire » qui suit l’attentat contre le Reichsprotektor Reinhardt Heydrich : d’abord emprisonné à Prague, il sera envoyé dans le camp de concentration de Dachau.
A sa sortie du camp, il est nommé archevêque de Prague par le pape Pie XII en 1946. Un mandat épiscopal qui sera de courte durée puisque le Coup de Prague signe le début de la persécution des membres de l’Eglise catholique tchèque, de même que celle d’autres confessions. Là aussi, Josef Beran fait partie des prélats en première ligne de la répression, comme le rappelle Stanislava Vodičková, organisatrice de l’exposition consacrée à la vie de Josef Beran, au Parlement :« J’étais intéressée par les années 1950 et le conflit entre le régime communiste et l’Eglise catholique tchèque, à la tête de laquelle se trouvait justement l’archevêque Josef Beran. Plus tard il a été expulsé de son pays, envoyé en exil. A cette époque, le cardinal était un vieux monsieur, âgé de 70 ans. Il aimait son pays d’origine et c’était pour lui impensable de finir sa vie loin de sa patrie. Mais c’est ce qui s’est finalement passé, et Josef Beran a été enterré dans la crypte de la basilique Saint-Pierre de Rome. »
Un privilège dont il est le seul Tchèque à avoir bénéficié : le régime communiste s’oppose au rapatriement du corps après sa mort, et le pape décide alors d’y déposer sa dépouille, alors même que n’y reposent d’ordinaire que les souverains pontifes.Après son départ de la Tchécoslovaquie, suite à son emprisonnement à répétition par le régime communiste, Josef Beran est fait cardinal en 1965. A Rome, il se prononce notamment pour la réhabilitation par l’Eglise catholique du réformateur Jan Hus. Mais outre son destin troublé par les aléas de l’histoire du XXe siècle, l’exposition entend aussi se pencher sur la personnalité de Josef Beran. Stanislava Vodičková :
« C’était quelqu’un de très actif, de très travailleur... Tout son temps libre, il le consacrait aux pauvres et aux nécessiteux. Il avait beaucoup d’amis dans les cercles religieux, mais aussi des anciens compagnons de camp de concentration. Des écrivains aussi. Et le pape Paul VI lui-même qui lui a prouvé son amitié en faisant justement cette exception lors de son enterrement. »L’exposition consacrée au cardinal Josef Beran durera tout le mois de février avant d’être transférée à Velehrad puis à Rome.