Expressions idiomatiques et corps humain : la gueule - huba (suite)

Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám vsem, milovnikum cestiny Radia Praha. Avec ce trente-troisième numéro du « Tchèque du bout de la langue », nous allons poursuivre notre recherche d'expressions idiomatiques se rapportant au corps humain, et plus particulièrement à la gueule - huba.

Enfin, l'équivalent tchèque de l'expression « avoir quelque chose sous le nez », c'est à dire très prés de soi, à portée de main, est Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha. Avec ce trente-troisième numéro du « Tchèque du bout de la langue », nous allons poursuivre notre recherche d'expressions idiomatiques se rapportant au corps humain, et plus particulièrement à la gueule - huba. Dans notre dernière émission, nous avions découvert que, comme en français, le mot huba possédait différentes significations, pouvant notamment désigner la bouche - pusa ou ústa, comme organe servant à manger ou parler. Pour cette fois-ci, nous allons revenir sur ce dernier aspect, avant d'étudier quelles peuvent en être les autres considérations. Bon amusement - Dobře se bavte !



Pour commencer, nous allons donc revenir sur le sens de la « gueule » considérée comme la bouche servant à parler ou crier, la langue tchèque regorgant, en effet, d'expressions y étant relatives. Par exemple, pour signifier à une personne qui n'arrête pas de parler qu'elle ferait mieux de se taire parce qu'elle devient lassante à force de bavarder, les Tchèques peuvent s'exclamer Že tě huba nebolí !, ce qui, traduit librement en français, donnerait une interrogation du style : « Tu n'as pas mal à la gueule à force de parler ? ». Toujours dans le même ordre d'idées, à quelqu'un qui baratine exagérément, on peut exprimer son ras-le-bol en lui souhaitant Ať ti nespadne nos do huby, soit « Que ton nez te tombe pas dans ta gueule ! ». De ces gens-là, très bavards, parfois même radoteurs, on peut également dire, toujours de façon très imagée, qu'ils « ne nourrissent pas leur gueule pour rien » - Ten hubu nadarmo nekrmí.



A l'inverse, pour ceux qui ne « l'ouvrent » pas souvent et préfèrent se taire, soit de par leur nature discrète, timide, ou parce que les circonstances l'exigent, les Tchèques peuvent parfois avoir recours à l'expression suivante : Zamrzla mu huba, c'est à dire que sa gueule est gelée, recouverte de glace. Enfin, le vulgaire mais populaire « fermer sa gueule » se dit Držet hubu, soit littéralement « tenir sa gueule ». Pour désigner les menteurs, ceux qui ont une tendance à la fabulation, à la mythomanie, il existe également plusieurs expressions. N'en citons que trois d'entre-elles, sans doute les plus compréhensibles : Nelže, dokud hubu neotevře - « Il ne ment pas tant qu'il n'ouvre pas la gueule, la bouche » ; Lže, až se mu od huby práší - « Il ment tellement que de la poussière sort de sa gueule » ; et Kouří se mu z huby - « Il a la gueule qui fume ».



Le mot « gueule » peut encore être employé selon différents sens. En voici donc un panaché : par exemple, pour désigner un paresseux, quelqu'un qui cherche à bien se porter sans travailler, on pourra direČeká, až mu pečený pták do huby přiletí, ce qui, traduit mot à mot, nous donne : « Il attend qu'un oiseau rôti lui atterrisse dans la gueule », ou encore Dělá jenom hubou - « Il ne travaille que de la gueule », ce qui signifie que l'accusé en question parle certes beaucoup, mais ne fait rien, ne travaille pas.



Une toute autre signification : lorsque quelqu'un refuse de boire après vous du même verre ou goulot de bouteille, on peut demander à la personne dont on considère qu'elle fait des manières : Copak mám psí hubu ? - soit « J'ai une gueule de chien ou quoi ? ».



Comme en français, la gueule peut aussi être considérée comme la figure, le visage. Ainsi, « se faire casser la gueule » se dit Dostat pěes hubu, soit, littéralement, « recevoir sur la gueule ». Avec quelqu'un avec qui il n'est pas possible de s'entendre, de se mettre d'accord ou même, tout simplement, de discuter, on peut aussi, comme le veut l'expression, « préférer se mettre sur la gueule que parler avec lui » - Radši si dát po hubě, než s ním mluvit. Toujours dans le sens de la figure, du visage, mais moins violemment et vulgairement, dans certaines régions du pays, si un enfant court si vite, trop vite, qu'il en perd l'équilibre, on peut gentillement en rire avec l'expression Běžel, až zavřel na hubě - ce qui, traduit très librement, pourrait donner : « Il a courru jusqu'à ce qu'il tombe et se referme la gueule ».



Mít něco přimo pod hubou, soit « Avoir quelque chose juste sous la gueule ».



Ainsi prend fin ce « Tchèque du bout de la langue » consacré aux expressions idiomaqties relatives à la gueule - huba. Si jamais nous vous avons choqués avec quelques vulgarités, permettez-nous de vous présenter nos excuses en vous envoyant ce que les Tchèques appellent parfois tendrement des hubičky, diminutif que l'on pourrait interpréter comme « petites gueules ». En fait, dans la cas présent, ce mot signifie « bisous, petits baisers », puisque « baiser » en tchèque se dit pusa, terme qui désigne également la bouche. « Petit bisou » pouvant également se dire pusinka, soit « petite bouche », on en arrive donc parfois à hubička. Voilà, en attendant de vous retrouver très bientôt, portez-vous du mieux possible - Mějte se co nejlip !, salut et à bientôt - zatím ahoj !