Ferdinand Havlík – une vie avec le théâtre Semafor

Photo: Supraphon

Clarinettiste, compositeur, chef d’orchestre et acteur occasionnel, Ferdinand Havlík était une des grandes figures du jazz tchèque, dont le chemin artistique a été étroitement lié au célèbre théatre-cabaret Semafor. Il est parti à l’âge de 85 ans, quelques jours avant la disparition du chanteur Pavel Bobek, auquel la précédente édition de cette émission musicale a été consacrée et qui lui aussi imposé sur les planches de ce théâtre, devenu dans les années 1960, et même plus tard, un important repère de la culture tchèque.

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Ferdinand Havlík a rejoint le théâtre Semafor au lendemain de sa fondation, en 1959, pour devenir son chef d’orchestre. Jouissant bientôt d’une immense popularité, cette scène a donné le coup d’envoi à la carrière des meilleurs interprètes de l’époque, dont on ne citera que Eva Pilarová, Waldemar Matuška, Naďa Urbánková. Les chansons et la musique faisant partie intégrante des spectacles donnés sur cette scène, l’orchestre dirigé par Ferdinand Havlík leur imprégnait une couleur et un style inédits.

A sa mort, l’important critique de musique, Pavel Klusák, notait : « Tandis que Jiří Šlitr et Jiří Suchý ont écrit de merveilleuses chansons, Ferdinand Havlík en tant qu’arrangeur appelé à donner aux chansons une orchestration, a réussi à leur insuffler un ‘sound’ inimitable qui a séduit toute une génération de spectateurs et d’auditeurs ».

Natif de la ville morave de Brno, Ferdinand Havlík a fait des études de clarinette au Conservatoire de Prague. Dès l’âge de dix-sept ans, il s’est initié au jazz et au swing, collaborant avec les différentes formations qui existaient à l’époque à Prague, malgré le fait que le climat des années cinquante dans la Tchécoslovaquie communiste n’y était pas particulièrement favorable. Au fur et à mesure, il a aussi créé plusieurs groupes de musique, dont le Swing Band qu’il a dirigé à partir des années 1970 et auquel il est resté fidèle pratiquement jusqu’à la fin de sa vie.

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Auteur de musique pour le théâtre, pour le cinéma et pour la télévision, Ferdinand Havlík a également interprété de petits rôles sur scène et sur l’écran. « Et si mille clarinettes » (« Kdyby tisíc klarinetů »), une des premières comédies musicales tournées dans le pays, a rencontré un vrai succès populaire. Il a aussi enregistré la musique accompagnant certains films de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, parmi lesquels notamment L’As de Pique et les Amours d’une blonde de Miloš Forman.

En ce qui concerne le théâtre Semafor, Havlík ne l’a quitté définitivement que dans la première moitié des années 1990.