Festival de Karlovy Vary : Liev Schreiber met l'accent sur l'Ukraine
Personnalité la plus célèbre du week-end d'ouverture du Festival international du film de Karlovy Vary, Liev Schreiber a profité de son passage pour attirer l'attention sur la situation critique de l'Ukraine. L'acteur et réalisateur hollywoodien a déclaré que le conflit l'avait fait réfléchir à ses racines ukrainiennes - et a expliqué pourquoi il pense que la Russie va perdre.
Il y a une quinzaine d'années, Liev Schreiber a réalisé en Tchéquie une adaptation du roman à succès Tout est illuminé. Il était en partie attiré par le sujet en raison de son grand-père maternel, d’origine juive ukrainienne.
Depuis l'invasion russe, M. Schreiber s'est employé à soutenir le pays avec l'organisation BlueCheck Ukraine. Il a également fourni de la nourriture aux réfugiés en Pologne et est même entré en Ukraine.
Il a abordé divers aspects de la situation en Ukraine lors d'une conférence de presse spéciale à Karlovy Vary.
« Lorsque l'invasion a commencé, j'ai recommencé à réfléchir à ce que cela signifiait d'être ukrainien. Et pour être honnête, je n'en ai absolument aucune idée.
« En particulier lorsque je vois des hommes de tous âges qui sont graphistes, maçons ou artistes, serrer leurs enfants dans leurs bras et dire au revoir à leur femme, prendre des armes et se préparer à combattre dans une guerre dans laquelle ils sont largement dépassés en nombre et en armement - et sans savoir s'ils reverront un jour leur famille. »
Schreiber, peut-être plus connu pour son interprétation du personnage principal de la série télévisée Ray Donovan, a indiqué qu'il espérait que même des festivals de cinéma pouvaient contribuer à empêcher les gens de se désintéresser du conflit, plus de quatre mois déjà après l’invasion russe.
« Lorsque j'ai parlé au président Zelensky, je lui ai demandé : ‘Que diriez-vous aux personnes qui envisagent de soutenir l'Ukraine mais qui n'ont pas encore franchi l'étape décisive ?’ La première chose qu'il m'a dite est : ‘Vous êtes beaucoup plus courageux que vous ne le pensez’.
« Et nous savons que, d'après ce que nous avons traversé en tant que nation, chacun d'entre nous - en tant qu'Américains, en tant que Tchèques, en tant qu'Italiens - nous sommes courageux, chacun d'entre nous. L'autre chose, c'est qu'il vaut mieux s'occuper de ça maintenant avant que ça ne frappe à nos portes. »
Des festivals comme celui de Karlovy Vary sont désormais confrontés à la question de savoir s'il faut inviter des films et des réalisateurs russes. Pour sa part, Schreiber a déclaré qu'il était mal à l'aise avec l'idée de boycotts culturels.
« Tout le monde me demande toujours pourquoi je pense que l'Ukraine va gagner, parce que je crois qu'ils vont s'en sortir, finalement, du bon côté de l'histoire. Et je crois que c'est parce qu'ils ont la vérité de leur côté. Je pense que ce qui est en jeu en ce moment, c'est la vérité. La désinformation est devenue une nouvelle idée dangereuse. C'est une chose sur laquelle Poutine compte : le chaos et la désinformation. Nous devons donc être prudents avec les médias, et nous devons faire attention à ce que nous consommons.
« Mais l'idée de censurer ou de boycotter des artistes est quelque chose de difficile pour moi, et je me sens interpellé par cette idée. L'une des choses que j'aime dans le domaine des arts, c'est l'idée que si c'est vrai, cela vaut la peine de le savoir. Je pense donc que nous devons être très prudents en ce qui concerne les médias qui sortent de Russie, puisqu'ils sont tellement contrôlés par l'État, ou les films ou l'art, d'ailleurs. Il y a beaucoup de propagande qui sort de Russie en ce moment. »