Festival international de musique de Besançon : de Dvořák à Gipsy.cz
Jusqu’au 20 septembre, le Festival international de musique de Besançon met à l’honneur la musique tchèque. C’est l’ancien directeur artistique de la Philharmonie tchèque Zdeněk Mácal qui est directeur artistique associé pour deux ans au festival... Un festival avec lequel il est lié depuis longtemps puisqu’en 1965 il y avait gagné le concours de jeune chef d’orchestre, tout comme son collègue Jiří Kout. Détails du programme, et bien plus encore, dans un entretien accordé par le directeur du festival, David Olivera.
« C’est un festival qui a été créé en 1948, donc cette année, c’est la 61e édition. Depuis sa création, c’est un festival principalement consacré à la musique symphonique. Il y a aussi de la musique de chambre, mais la musique symphonique représente l’essentiel de la programmation. D’autant plus que depuis 1951, donc trois ans après sa création, le festival a créé le concours de jeunes chefs d’orchestre qui a eu lieu tous les ans pendant une certaine période et tous les deux ans depuis quelques années. Donc, l’an dernier, c’était la 50e édition du concours, ce qui renforce l’orientation sur la musique symphonique. »
Cette année, c’est la musique tchèque, Prague et la République tchèque qui sont à l’honneur... Pourquoi ce choix ?
« Cela vient du fait qu’on a proposé à Zdeněk Mácal de s’associer au festival pour deux ans pour assurer la direction artistique du festival sur deux années et la présidence du jury du concours l’an prochain. Quand on a commencé à discuter avec lui de la programmation et du thème que l’on pourrait donner à ce festival, évidemment le thème tchèque est venu immédiatement à l’esprit. Ensuite, on a pu organiser la venue de la Philharmonie tchèque. Donc tout s’est fait autour de la personnalité de Zdeněk Mácal. »
Justement, lui-même a gagné ce concours de jeune chef d’orchestre il y a plusieurs années...
« Tout à fait, il a été lauréat du concours en 1965. Il a d’ailleurs déjà présidé le jury du concours à la fin des années 1990, donc ce sera cette année la deuxième fois qu’il sera président du jury. »
Il se trouve que Zdeněk Macál a démissionné de son poste de directeur artistique de la Philharmonie tchèque. Cela ne pose-t-il pas de problèmes organisationnels ?
« Non, parce que les contacts avaient été pris avant. Donc la venue de l’orchestre avait été organisée avant ces changements. Il n’y a donc pas eu de remise en question après. D’ailleurs il continue de diriger régulièrement l’orchestre. A ce que je sache, ça ne l’empêche pas de collaborer avec l’orchestre et donc de venir à Besançon avec. »
Pourriez-vous me donner le détail de la programmation de cette année ? Qui sont les artistes tchèques invités ? Quelles oeuvres vont être interprétées ?
« Dimanche 14, nous avons un récital vocal avec Dagmar Pecková et Otakar Klein qui vont chanter les Chants bibliques de Dvořák et le Carnet d’un disparu de Janaček. Nous avons ensuite le Quatuor Pražák qui va donner un programme entièrement tchèque avec le quatuor No 14 de Dvořák, le No 3 de Martinů et le No 1 de Ma vie de Smetana. Et nous avons ensuite l’Orchestre de Besançon qui va donner le Concerto de Dvořák avec Pieter Wispelwey au violoncelle. Et nous terminons avec l’Orchestre national symphonique de la RAI de Turin qui donnera la Symphonie No 6 de Dvořák pour la clôture du festival. »
Vous avez aussi un programme annexe, visiblement, puisque j’ai été surprise de découvrir que vous invitiez aussi Gipsy.cz, le rappeur rom tchèque. Pourquoi ce choix ?
« Ce que je vous ai présenté, c’est la programmation officielle, classique. Nous avons en plus une programmation sous un chapiteau, un Magic Mirror, où nous organisons des concerts plus ‘musique du monde’, des concerts de jazz ou de chanson, sur des répertoires un peu plus variés que la programmation classique, où nous organisons aussi des rencontres avec le public. Dans le cadre de cette programmation nous avons aussi voulu inviter un groupe tchèque sur un tout autre registre que ceux que j’ai cités avant. Nous aurons donc Gipsy.cz pour un petit concert-rencontre en fin d’après-midi, jeudi 18, et un concert du soir dans le Magic Mirror. »
Cela fait des années que le festival accueille de nombreux musiciens, orchestres, chefs d’orchestre. Que retenez-vous de la musique tchèque en particulier, par rapport à d’autres traditions nationales ? Que pourriez-vous me dire de sa spécificité ?
« C’est difficile à dire parce que c’est une somme gigantesque. Nous ne présentons qu’une toute petite partie de ce répertoire. Après, à mon avis, ce qui est très intéressant et qui fait que c’est intéressant pour le public de le découvrir, c’est qu’il s’agit d’une musique qui est extrêmement liée au pays, à sa culture, à son histoire et ses traditions. On a vraiment l’impression de faire un voyage sur place : la musique évoque tellement la culture qu’on est emmené. C’est une musique très incarnée. »
Et au niveau des musiciens, de la manière dont ils abordent les compositions, y a-t-il quelque chose qui les distingue ?
« C’est aussi difficile à dire car on a là des personnalités très différentes... Il y a en RT une tradition musicale beaucoup plus forte qu’en France par exemple. En France il y a par exemple il y a des arts qui ont toujours été mis en valeur, plus que la musique. Je dirais que la musique fait moins partie de la vie des Français que de celle des Tchèques, et ce depuis toujours. Ca se sent par le bouillonnement qu’on ressent quand on va à Prague et quand on regarde les interprètes tchèques qui se produisent un peu partout. Par rapport à la taille du pays et de la population, il y a vraiment un foisonnement de talents, par exemple en musique de chambre. Le Quatuor Pražák en est un très bon exemple, qui joue absolument partout, qui est reconnu comme un des grands quatuors mondiaux actuellement. Tout cela est à mon avis le résultat de cet engouement pour la musique et de l’importance de la musique dans la vie des Tchèques et dans la tradition du pays. »