Foot : Viktoria Plzeň, le LOSC tchèque

Photo: CTK

Le Viktoria Plzeň a été sacré champion de République tchèque pour la première fois de son histoire longue de cent ans. En attendant de devenir la capitale européenne de la culture en 2015, Plzeň, ville de la bière, est donc pour un an la capitale du football tchèque.

Photo: CTK
Les champions de République tchèque et de France de football de la saison 2010-2011 ont au moins un point commun : leurs supporters auront dû s’armer d’une infinie patience avant de voir leur équipe favorite enfin sacrée. A la différence de Lille, champion de France « quand même » pour la troisième fois de son histoire après « seulement » 57 ans d’attente, le FK Viktoria Plzeň a conquis son premier titre l’année de son centenaire. Autant dire que, comme dans le nord de la France, Plzeň, quatrième plus grande ville de République tchèque avec 170 000 habitants, a longtemps fêté ses héros samedi et dimanche. Et comme dans la capitale des Flandres, la bière a bien entendu coulé à flots à Plzeň (Pilsen en allemand), capitale mondiale, elle, de la pils.

Photo: CTK
Comme le LOSC, avec lequel le défenseur David Rozehnal est devenu le troisième joueur tchèque à être sacré champion de France (après Vladimír Šmicer à Lens et Milan Baroš à Lyon), le Viktoria Plzeň possédait lui aussi une avance relativement confortable sur son premier poursuivant, le Sparta Prague, avant la 29e et avant-dernière journée de la Gambrinus Liga, un championnat qui n’a jamais si bien porté son nom, puisque sponsorisé par une marque de bière de la grande brasserie de Plzeň. Avec quatre points de plus au compteur que le Sparta, l’équipe de Bohême de l’Ouest savait donc qu’une victoire suffirait à son bonheur avant de recevoir le Baník Ostrava. Et bien que mené au score dès la 5e minute de jeu, Plzeň n’a pas laissé filer l’occasion en s’imposant logiquement (3-1). La victoire acquise sur le même score dans le même temps par le Sparta Prague aux dépens de la lanterne rouge, Ústí nad Labem, n’aura donc servi à rien. Il n’y aura plus de suspense lors de la dernière journée, samedi prochain, ce qui soulageait l’entraîneur Pavel Vrba :

Pavel Vrba
« C’est un lourd fardeau dont nous nous sommes libérés aujourd’hui, surtout après cette entame de match catastrophique pour nous. Ostrava n’était pas encore sorti de sa moitié de terrain, mais nous avons quand même encaissé sur son premier tir. Heureusement nous avons réussi à marquer deux buts et à reprendre l’avantage au score avant la mi-temps. Ensuite je pense que nous avons plutôt bien géré le match et nous avons assuré la victoire en inscrivant un troisième but. Je considère que c’est un énorme succès pour Plzeň. »

Pour l’immense majorité des observateurs du football tchèque, ce succès est d’autant plus grand et beau que Plzeň, de très loin la meilleure attaque du championnat avec 69 buts inscrits en 29 journées, l’a remporté en produisant le jeu le plus positif et le plus offensif des seize équipes de la Gambrinus Liga. Une supériorité qu’a également reconnue le manager du Sparta, Jozef Chovanec, même si pour le prestigieux club pragois, la perte du titre est une pilule au goût particulièrement amer toujours difficile à avaler :

« Je pense que Plzeň mérite son titre. C’est une belle équipe, joueuse, qui était en tête depuis le début du championnat. Ils ont eu des périodes creuses et des problèmes durant la saison, mais ils ont su y faire face. C’est pourquoi je félicite Plzeň. »

Pavel Horváth,  photo: CTK
Capitaine de Plzeň, le meneur de jeu Pavel Horváth a déjà été sacré champion de République tchèque il y a quelques années de cela avec le Sparta Prague, un maillot que quatre de ses coéquipiers ont également porté à un moment de leur carrière avec plus ou moins (surtout moins) de réussite. Pour autant, ce nouveau titre avec le Viktoria possède une saveur particulière pour Pavel Horváth :

« Au Sparta, tout le monde attend le titre. C’est une obligation, une nécessité, il n’y a donc pas de surprise. Ici, à Plzeň, c’est complètement différent. C’est un immense succès pour tout le monde au club, depuis le gardien du stade jusqu’au président. C’est aussi un moment exceptionnel pour la ville dans son ensemble. Il y a ici des gens qui attendaient cela depuis tellement d’années que j’espère qu’ils vont bien en profiter. »

Auteur du troisième but ayant scellé la victoire de son équipe samedi contre Ostrava, le capitaine Pavel Horváth explique les raisons qui ont mené Plzeň là où personne ne l’attendait en début de saison, jusqu’aux sommets et au titre de champion :

Photo: CTK
« Nous avons été meilleurs, tout simplement. Nous avons surtout été meilleurs dans les matchs décisifs. Nous avons notamment battu deux fois le Sparta, et cela compte forcément à la fin. Je pense aussi que nous avons mieux résisté à la pression que le Sparta, comme les résultats de certains matchs importants le prouvent. Même lorsque nous n’avons pas bien joué, nous avons su prendre des points, ce qui, jusqu’alors, avait toujours été le point fort du Sparta. Nous sommes aussi restés invaincus à domicile, et tout cela fait donc que nous avons été meilleurs que le Sparta. »

Si le Viktoria Plzeň a obtenu le droit de participer au deuxième tour préliminaire de la Ligue des champions l’été prochain, le Sparta Prague, comme Jablonec (3e) et le vainqueur de la Coupe de République tchèque (la finale entre Mladá Boleslav et le Sigma Olomouc sera disputé mercredi), devra se contenter des tours préliminaires de la Ligue Europa. Enfin, dans le bas du tableau, c’est le Zbrojovka Brno, club de la deuxième plus grande ville du pays, qui accompagnera Ústí nad Labem en deuxième division. Pas vraiment une bonne nouvelle pour le football tchèque, qui possèdera par ailleurs au moins quatre équipes pragoises en première division la saison prochaine, le légendaire Dukla Prague, qui fera le chemin inverse, retrouvant, lui, l’élite après de longues années de disette.