Helena Rašková

Helena Rašková
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Le professeur Helena Rašková, née le 2 janvier 1913, est une personnalité de grande importance dans le monde de la pharmacologie tchécoslovaque et mondiale. Membre d’honneur de l’Académie royale de médecine de Belgique, Dr. h. c. à l’Université de Lausanne, le professeur Rašková est également membre d’honneur de plus d’une dizaine de sociétés scientifiques ainsi que d’institutions universitaires qui lui ont décerné des distinctions à plusieurs reprises.

Membre émérite du département de pharmacologie à l’Université Charles de Prague, elle s’est concentrée sur la recherche scientifique en matière de médicaments et leur emploi en pharmacologie expérimentale et clinique. Son mari fut le célèbre épidémiologiste et microbiologiste, Karel Raška, qui a élaboré une nouvelle conception pour combattre la redoutable variole qui fut, grâce à celle-ci, éradiquée et cessa de faire des ravages.

En 1961, Helena Rašková a réussit à faire participer des dizaines de pharmacologues tchèques et slovaques au Ier Congrès mondial de pharmacologie qui a eu lieu à Stockholm, ce qui fut à l’époque un véritable miracle. Deux ans plus tard, elle fut la principale initiatrice de la tenue du IIème Congrès mondial de pharmacologie qui a eu lieu à Prague. Près de 3000 participants ont assisté au congrès. Cet événement a ouvert les portes des stages dans les pays occidentaux aux pharmacologues tchèques et slovaques. Le professeur Helena Rašková est bel et bien Tchèque, mais elle n’est pas née dans son pays.

Voici quelques mots sur son enfance :

Je suis née en Suisse, à Zürich dans la partie du pays où l’on parle allemand et mes deux parents étaient médecins. Mon père était Tchèque et ma mère était Russe. Mon père avait en plus de son doctorat en médecine, un doctorat en mathématique et en physique. Dans le temps, on faisait beaucoup de musique en amateur, ce qui fut le cas de mon père. Il jouait dans un quatuor où le premier violon était joué par un physicien qui s’appelait Albert Einstein. »

Le père de Helena décida, pour des raisons personnelles, de revenir avec sa famille à Dvur Kralove, ville du Nord-Est de la Bohême, où Helena commence à fréquenter l’école élémentaire et le lycée. Depuis le lycée, elle était francophone, car ses parents quoique protestants l’on envoyé dans un couvent catholique en Angleterre où elle a connu trois jeune filles françaises. Elles lui ont appris le français et tous les quatre sont devenues amies. Une amitié qui durera toute une vie. Déjà au lycée, Helena s’intéresse aux sciences de bases. »

Malheureusement mon père est mort lorsque j’étais encore au lycée. Je voulais étudier à l’université la chimie ou quelque chose dans ce genre. Mais ma mère m’a expliqué qu’il y avait très peu de chance de trouver un poste dans le domaine de la science. Elle me disait « Il faut que tu étudies la médecine, car là tu peux toujours avoir un cabinet privé ».

Ce fut la raison pour laquelle Helena a commencé à faire des études en médecine. Elle choisit de se spécialiser dans les maladies internes et la balnéothérapie. Ce choix lui permettrait d’ouvrir un cabinet privé dans une des villes thermales en Bohême, par exemple Frantiskovy Lazne ou Karlovy Vary, de gagner de l’argent l’été et de l’utiliser l’hiver pour travailler dans les sciences théoriques.

Helena termine ses études de médecine en 1937. C’est à cette époque, qu’Helena rencontra son mari, le célèbre microbiologiste et épidémiologiste le professeur Raška. Leur premier fils Karel est né en 1939, deux mois après l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes allemandes. Leur fils cadet Ivan est né juste après la guerre. En 1939, toutes les écoles supérieures et institutions sont fermées par les nazis. Mais le professeur Rašková trouve heureusement un poste en tant que médecin dans une entreprise pharmaceutique et travaille soixante heures par semaine. C’est justement pendant la guerre que le professeur Rašková commence, à petit pas, à faire de la recherche en pharmacologie.

J’avais la chance extraordinaire d’avoir épousé l’homme que j’ai épousé ,car il disait que les femmes et les hommes sont égaux, mais que l’éducation de la femme est différente et que pour cela il n’y avait pas de femme dans la science. Il était toujours ravi lorsque je remportait un succès. Au commencement, il était beaucoup plus loin que moi et m’aidait beaucoup dans mes débuts, car moi je ne savais rien. Peu à peu, j’ai appris mon métier.

Dans les années cinquante, Helena Rašková a travaillé à l’Université Charles et plus tard également à l’Académie des Sciences. En 1970, elle a été renvoyée pour avoir manifesté sa désapprobation avec l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’armée soviétique en 1968, le fameux « Printemps de Prague ». Malgré tout, elle continua à exercer sa profession mais dans le domaine vétérinaire.

Le professeur Rašková a directement influencé au moins deux générations de pharmacologues. Parmi ses élèves, on compte des dizaines de professeurs et de maîtres de conférences exerçant leurs activités dans le monde entier. Ainsi, on peut dire qu’elle a fondé « l’Ecole tchécoslovaque de pharmacologie du professeur Rašková » reconnue sur le plan international.