Histoire de la Radio tchèque
Les premiers essais de radiodiffusion en Tchécoslovaquie commencent, après la Première Guerre mondiale. Le 28 octobre 1919, à l'occasion du premier anniversaire de la naissance de la République tchécoslovaque, on réalise la diffusion du premier programme radiophonique, composé d'un texte et de musique. Le programme est diffusé d'un émetteur militaire, situé sur la colline de Petřín, à Prague.
La véritable radiodiffusion commence le 18 mai 1923, à 20.15. Les émissions sont diffusées d'une tente militaire, plantée à Kbely, non loin de Prague. Ces émissions, en grandes ondes, durent une heure. Elles sont composées d'une courte annonce et d'un concert.
La Tchécoslovaquie devient, ainsi, le second pays européen, après la Grande-Bretagne, qui possède une radiodiffusion régulière. Qui sont les pionniers des émissions radiophoniques tchécoslovaques ? Miloš Čtrnáctý, journaliste de son état, Eduard Svoboda, membre de l'Association des journalistes tchèques, Ladislav Šourek, directeur de la société de fabrication des récepteurs radiophoniques, Radioslavia. Ce sont ces hommes qui deviennent les parrains de la société Radiojournal, société tchécoslovaque d'informations radiotéléphoniques, s. a. r. l., dont l'actionnaire majoritaire est Radioslavia. C'est le ministère des Postes qui décerne la licence de radiodiffusion à la société Radiojournal. Miloš Čtrnáctý est nommé directeur du programme, Alois Svoboda directeur technique.
Quelles sont les principales ressources financières de la société Radiojournal ? Les taxes payées par les concessionnaires, ceux qui possèdent un récepteur. La première concession est délivrée en septembre 1923. Pour promouvoir la diffusion radiophonique, et surtout pour attirer de nouveaux concessionnaires, acheteurs donc de récepteurs, des auditions publiques sont organisées dans divers quartiers de Prague. C'est aussi en 1923, que le mensuel Radiojournal commence à paraître. Il publie surtout des informations sur les émissions radiophoniques.
En janvier 1924, on diffuse la première émission destinée aux auditeurs étrangers, en anglais et en espéranto. Au mois de décembre 1924, on arrête la diffusion de la tente militaire de Kbely. Les studios s'établissent dans le bâtiment de la Bourse des Postes, sur l'avenue Foch (aujourd'hui, la rue Vinohradská), à Prague.
C'est en 1925, que la société Radiojournal diffuse le premier concert en direct, celui de la Philharmonie tchèque, la première diffusion en direct d'une messe et le premier discours radiophonique en direct du Président Tomáš Garrigue Masaryk. La République tchécoslovaque est un Etat multinational et, pour cela, on commence à diffuser des émissions pour les minorités allemande, hongroise et ruthénienne. Les revenus provenant des taxes payées par les concessionnaires ne suffisent plus et, en 1925, l'Etat devient le propriétaire majoritaire de la société Radiojournal, par l'intermédiaire du ministère des Postes.
Certaines nouveautés sont introduites en 1926. On commence à diffuser le signal horaire. Les premiers bulletins d'informations réguliers apparaissent. Ils sont préparés par la ČTK (Agence de presse tchécoslovaque). La première pièce radiophonique fait aussi son apparition. Les émissions sont diffusées de Brno et de Bratislava. L'année 1926 est celle de la naissance de l'Orchestre de la société Radiojournal, la base de l'Orchestre symphonique de la Radio tchèque, aujourd'hui. Vers la fin des années vingt du XXe siècle, les émissions sont diffusées d'Ostrava et de Košice.
Les années trente représente la « belle époque » de la radiodiffusion d'avant-guerre. Le nombre des concessionnaires est en hausse, et on enregistre le millionième propriétaire d'un récepteur radiophonique. Le programme est enrichi par tous les genres, des émissions éducatives aux reportages sportifs, des concerts de grande musique au cabaret. Les émissions comportent, aussi, de courtes rubriques en espéranto, anglais et allemand. Elles sont destinées aux auditeurs de l'étranger. Le progrès technique contribue, également, au développement des émissions radiophoniques. A la moitié des années trente, par exemple, on voit l'apparition du « blatnerphone », le prédécesseur du magnétophone. Le son est enregistré sur une bande métallique. A la fin de l'année 1933, le siège de la radiodiffusion tchécoslovaque se trouve sur l'avenue Foch, aujourd'hui au N° 12 de la rue Vinohradská.
Certains Etats européens (la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Russie) commencent à diffuser en ondes courtes, dans les années trente. La guerre approche, en effet, et ces Etats tentent de persuader les auditeurs étrangers de la justesse de leurs idées. La Tchécoslovaquie réagit, aussi, à cette propagande. Le 31 août 1936, la société Radiojournal lance les émissions vers l'étranger en ondes courtes, des émissions en cinq langues, quatre heures par jour, «l'ancêtre » de Radio Prague. D'ici à la fin des années trente, le volume de ces émissions augmente plusieurs fois.
Après l'occupation de la Tchécoslovaquie et la création du Protectorat de Bohême et Moravie, la radio se retrouve sous le commandement des forces d'occupation. Les employés d'origine juive en sont chassés. Les émissions vers l'étranger en ondes courtes sont réduites à deux heures par jour et seulement en tchèque. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement tchécoslovaque en exil diffuse des émissions vers la Bohême et la Moravie, de Moscou, Washington et Londres. L'écoute de ces émissions, sur le territoire du Protectorat, est sévèrement punie.
Le 5 mai 1945, la radio appelle au commencement de l'Insurrection de Prague. Les combats, qui se déroulent dans les environs du siège de la radio, font de nombreuses victimes et endommagent sérieusement le bâtiment. Les émissions en ondes courtes vers l'étranger recommencent, après la guerre. Un changement : les bulletins d'informations ne sont plus réalisés par l'Agence de presse tchécoslovaque, mais directement par la Radiodiffusion tchécoslovaque.
Après la prise du pouvoir par les communistes, en 1948, la Radiodiffusion tchécoslovaque est nationalisée. Pendant les quarante années suivantes les moyens d'information, en Tchécoslovaquie, servent « les intérêts du peuple et du parti communiste ». En 1948, à la première exposition radiophonique internationale, MEVRO, à Prague, on présente la première émission télévisée tchécoslovaque.
Les années cinquante sont les années de la guerre idéologique, mais aussi du progrès technique. La Radiodiffusion tchécoslovaque diffuse sur deux réseaux nationaux, Prague et Bratislava, de nouveaux émetteurs sont construits, de nouvelles stations régionales font leur apparition. En 1952, la Radiodiffusion tchécoslovaque commence à brouiller les émissions de Radio Europe Libre. C'est l'année de la création de l'Administration centrale du contrôle de la presse, la censure. La Télévision tchèque débute ses émissions en 1953. La télévision fait partie de la Radiodiffusion tchécoslovaque, jusqu'à 1957. Au début des années soixante, la F.M. apparaît. La Tchécoslovaquie la diffuse en norme Est, sur les fréquences de 60 à 80 MHz. La station se nomme Tchécoslovaquie II.
Les années soixante, ce sont les années de la libéralisation progressive, largement exploitée par les médias tchèques, donc aussi la radio. Le Printemps de Prague se termine par l'occupation de la Tchécoslovaquie par les armées de plusieurs membres du Pacte de Varsovie, le 21 août 1968. Comme à la fin de la Seconde Guerre mondiale, des combats ont lieu autour de la radio. Ils font 15 victimes. En fin de compte, les soldats soviétiques occupent le bâtiment de la radio, mais les employés continuent à diffuser des émissions d'autres bâtiments. Les émissions de la Radiodiffusion tchécoslovaque reprennent le 9 septembre. Pendant la période suivante, appelées la « normalisation », des centaines de journalistes doivent quitter la Radiodiffusion tchécoslovaque. Ils sont persécutés pour leurs opinions politiques.
La station à vocation nationale, Hvězda (l'étoile), fait son apparition en 1970. C'est une station d'information et de musique qui diffuse 24 heures sur 24. Les émissions F. M. en stéréo débutent la même année. En 1972, c'est la naissance de la station nationale, Vltava, qui se consacre aux genres musicaux, à la littérature et aux réalisations dramatiques. Les émissions de la station Interprogram commencent. Elles se présentent sous la forme d'un programme musical de cinq heures, avec un bulletin d'informations en cinq langues (tchèque/slovaque, allemand, anglais, français) toutes les 15 minutes. Les émissions d'Interprogram sont destinées aux auditeurs étrangers vivant sur le territoire tchécoslovaque et dans les Etats voisins. Au cours des années soixante-dix, on assiste au point culminant de la production de Radio Prague en ondes courtes. Radio Prague diffuse en dix langues, 37 heures par jour.
La Radiodiffusion tchécoslovaque continue ses activités, dans cet esprit, jusqu'à la chute du régime communiste. Un peu avant, en 1988, on arrête le brouillage des stations étrangères, cela en raison de la « perestroïka ».
Après la Révolution de velours, en novembre 1989, la Radiodiffusion tchécoslovaque se débarrasse de son caractère idéologique et revient à sa vocation première : informer d'une manière objective, contribuer à l'éducation, divertir. Radio Prague reprend son indicatif original de 1936, un extrait de la Symphonie du Nouveau Monde, du compositeur tchèque, Antonín Dvořák. En 1990, la Radiodiffusion tchécoslovaque devient membre de l'EBU. La Radiodiffusion tchécoslovaque se transforme en entreprise publique, indépendante de l'Etat, en vertu d'une loi sur la radiodiffusion, en 1991. Elle est, de nouveau, financée par les concessionnaires, le Directeur général est nommé par le Conseil de la Radio, lui-même élu par le Parlement. La loi permet la création de stations radiophoniques commerciales.
Après la partition de la Tchécoslovaquie et la naissance de la République tchèque, le 1er janvier 1993, la Radio tchèque est créée.