Il faut sauver la Poste tchèque
Česká pošta (La Poste tchèque) a annoncé, fin juin, un vaste plan de restructuration, qui prévoit notamment le départ de quelque 7 000 salariés, soit près du quart de ses effectifs actuels, dans les six prochaines années. Société publique qui compte parmi les plus grands employeurs en République tchèque, la Poste possède actuellement plus de 1 000 bureaux déficitaires.
Cette « remise en forme » doit donc passer par une vaste réduction des effectifs dont Ivan Feninec, le directeur du département en charge des ressources humaines à la Poste, trace deux des grandes lignes :
« Nous allons d’abord utiliser les départs naturels à la retraite des employés qui en ont déjà l’âge ou l’auront prochainement. Cela concernera de 1 500 à 2 000 personnes lors des six prochaines années. Ensuite, celles qui feront le choix de quitter la Poste durant cette période, ne seront pas remplacées pour la très grande majorité d’entre elles. »
Comme dans d’autres pays, la Poste tchèque est, elle aussi, confrontée au déclin de son cœur de métier, le courrier, remplacé notamment par le courriel. L’économiste Lukáš Kovanda confirme qu’il s’agit là de l’une des principales raisons de la fragile santé financière de la société, mais pas de la seule :« Česká pošta est déficitaire, c’est un fait. Mais c’est aussi une société qui a le potentiel pour être bénéficiaire. Elle l’était d’ailleurs encore dans un passé relativement récent. Mais l’évolution des technologies d’information a nui à sa principale activité. Au lieu de s’écrire des lettres, les gens ont commencé à s’envoyer des emails. La communication en ligne a remis en cause l’ensemble du modèle de fonctionnement de la Poste. En même temps, celle-ci n’a pas su s’adapter à temps. Elle n’a pas profité par exemple du développement du commerce électronique ou de la croissance du volume du transport de colis. Ne pas avoir diversifié les activités a été une erreur de la direction de la Poste, et ce sont malheureusement les employés qui en paient maintenant les pots cassés. »
Actuellement, le montant du salaire brut mensuel moyen des employés de la Poste tchèque s’élève à 24 900 couronnes (près de 970 euros), soit un peu plus de 7 000 couronnes de moins (près de 275 euros) que le montant du salaire moyen pour l’ensemble de la population.
La fluctuation du personnel y est importante. Son taux s’est élevé à 26 % en 2018 et devrait encore être de l’ordre de 28 % cette année. La Poste tchèque exploite quelque 3 200 bureaux dans l’ensemble du pays, soit un des réseaux parmi les plus denses au monde. Et bien que beaucoup ne soient plus rentables aujourd’hui, les fermer reste toujours aussi délicat, comme le concède Lukáš Kovanda :« Dans de nombreux villages et communes de petite taille, la poste est le point central de la vie en société. C’est la raison pour laquelle, très souvent, les maires et conseils municipaux refusent que le bureau soit fermé justement chez eux. Mais même les politiciens à l’échelle régionale et nationale sont bien conscients que la fermeture de bureaux de poste est une décision toujours très sensible et impopulaire. C’est précisément en raison de cet aspect politique qu’il est si difficile de trouver une solution qui, d’un point de vue économique, puisse satisfaire tout le monde. »
Au-delà de cette réduction de la voilure, 7,5 milliards de couronnes (un peu plus de 290 millions d’euros) seront investis dans la politique de restructuration. L’argent proviendra également de la vente de biens immobiliers, l’objectif étant que la Česká pošta redevienne bénéficiaire d’ici à 2021.