Il va peut-être falloir se passer des pailles et des cotons-tiges en plastique…
Le mouvement semble irrésistible : les objets en plastique à usage unique, qui contribuent grandement à la pollution de l’environnement, devraient progressivement disparaître. Au printemps dernier, la Commission européenne a émis des propositions pour les interdire ou limiter leur utilisation, un projet soutenu à la mi-août par les sénateurs tchèques.
« Nous allons interdire les objets en plastique à usage unique. En pratique, cela signifie que vous ne verrez plus de cotons-tiges en plastique dans votre supermarché, mais vous en trouverez réalisés avec des matériaux plus respectueux de l’environnement. Cela sera la même chose pour les pailles, pour les verres en plastique, pour les tiges à ballon, ainsi que pour les couverts et les assiettes en plastique. »
Le dispositif, qui fait suite à la limitation de l’usage des sacs plastiques dans les supermarchés, doit désormais être validé par le Parlement européen et par le Conseil européen. Les parlements nationaux ont également été invités à se prononcer sur le sujet et les sénateurs tchèques ont discuté le projet à la mi-août. Après un long débat, ils en ont validé le principe, allant plus loin que la version gouvernementale en incluant également les cotons-tiges. Le Sénat a également soutenu la proposition de collecter les bouteilles plastiques. 90 % d’entre elles devraient pouvoir être recyclées à l’horizon 2025, selon les objectifs fixés par Bruxelles.
Le ministère de l’Environnement, qui a lancé l’opération #dostbyloplastu (#finileplastique) en mars dernier, a sifflé la fin des débats en Tchéquie. Le ministre Richard Brabec (ANO) :« Les débats au Sénat se sont achevés pour ce qui est de la République tchèque, mais ils se poursuivent dans d’autres pays de l’Union européenne. La Commission européenne souhaite que les discussions soient terminées d’ici au mois de mai de l’année prochaine. »
La société civile se mobilise également. Mardi dernier, l’organisation Greenpeace a mené une opération coup de poing dans un supermarché du centre-ville de Prague contre l’abus des emballages plastiques. Une action qui s’inscrit dans le cadre de la campagne #plastjepast (#leplastiqueestunpiège). Celle-ci repose notamment sur une pétition qui a réuni jusqu’à présent plus de 70 000 signatures et qui demande précisément aux législateurs tchèques de soutenir la proposition de directive européenne.
Si le projet de Bruxelles a le mérite d’exister, il ne résoudra pas à lui seul le problème de l’immense quantité de déchets plastiques rejetés dans la nature. C’est le constat pessimiste de Tomáš Cajthaml, chercheur à la Faculté des sciences naturelles de l’Université Charles :
« Cela ne va pas signifier le crépuscule du plastique, car notre société est complètement dépendante au plastique. Nous allons continuer à utiliser du plastique parce que nous ne savons pas vivre sans, nous ne savons pas produire des objets sans plastique. Mais il est essentiel que ces biens soient décomposables ou bien recyclables. Ce dispositif ne règle pas le problème. Le problème est déjà là. Nous avons produit une quantité phénoménale de déchets plastiques. Il faut considérer qu’environ 4 % des 300 millions de tonnes de plastique produites chaque année finissent dans les océans. »D’après Tomáš Cajthaml, environ la moitié du plastique produit dans le monde consiste en des objets à usage unique.