Il y a vingt ans, Gottwaldov redevenait Zlín
Pendant quarante ans, la ville morave de Zlín a porté le nom du leader communiste tchécoslovaque Klement Gottwald. Près d’un mois après le début de la révolution de velours, en décembre 1989, Gottwaldov reprenait enfin son nom d’origine et redevenait Zlín, une ville surtout connue pour avoir été le berceau de l’empire Baťa de la chaussure.
« C’est la dernière fois que je vous appelle de Gottwaldov, la ville vient de reprendre son nom historique, Zlín » : le journaliste de la télévision tchécoslovaque ne cachait pas sa satisfaction pour annoncer cette décision tant attendue.
Quatre décennies durant, la majorité des habitants ont détesté le nouveau nom donné à leur ville après la prise du pouvoir par Klement Gottwald et les siens. En 1968, pendant le printemps de Prague, une pétition pour réclamer le changement de nom avait fini par être signée par des dizaines de milliers de Zlínois, en vain.
Fin 1989 pourtant, le vent a enfin définitivement tourné et les appartchiks sont contraints de céder. Albert Černý faisait partie de la délégation du Forum civique de Gottwaldov qui est allée négocier au ministère de l’Intérieur :
« Je leur ai dit : ‘Messieurs, il vous faut réaliser que les temps ont changé. L’idée n’est pas de changer le nom de la ville mais de rendre à la ville de Zlín ce nom qui lui a été volé’. Quand ils ont démissioné, j’ai appelé le service de la voirie pour qu’ils fassent de nouveaux panneaux et ils m’ont répondu que tout était déjà peint et préparé, qu’il ne restait plus qu’à les installer ! »
Juste après le changement de nom, Tomáš Baťa, le roi de la chaussure, faisait un retour triomphal dans sa ville, à laquelle la dynastie Bat’a est irrémédiablement liée malgré les efforts déployés par les communistes pour effacer ces liens. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le régime avait choisi Zlín en 1949 – Gottwald n’était pas né à Zlín mais à Vyškov.Le changement de nom officiel de la ville a été enregistré le 1er janvier 1990. Cela a entraîné quelques complications : il a fallu changer non seulement les panneaux de signalisation mais aussi les papiers d’identité et les plaques d’immatriculation, ce qui a pris en tout près de deux ans.