Initiative contre le Parti communiste de Bohême et de Moravie
Une commission sénatoriale demande au gouvernement de suspendre les activités du Parti communiste de Bohême et de Moravie. Mardi, les membres de cette commission se sont entretenus à ce sujet avec quelques ministres du cabinet Jan Fischer. L’objectif de cette initiative est de contraindre le parti à renoncer à l’idéologie du communisme gravement compromise dans le passé. Selon la commission, le gouvernement devrait adresser à la Cour administrative suprême une requête allant dans ce sens.
Selon le sénateur Jaromír Štětina, président de la commission, le Parti communiste devrait clairement rejeter l’arbitraire marxiste-léniniste en tant que moyen de réalisation des objectifs politiques. Le sénateur affirme que la commission a d’ores et déjà rassemblé suffisamment d’arguments prouvant que le Parti communiste viole la Constitution. Le ministre en charge des droits de l’homme, Michael Kocáb, estime, lui aussi, qu’il s’agit d’arguments de taille qui devraient être soumis à un tribunal indépendant:
«Le gouvernement ne doit pas s’opposer à la procédure juridique. Le projet devrait en tout cas être remis à la Cour administrative suprême. Le gouvernement ne doit pas assumer la responsabilité d’une telle décision. S’il ne permet pas à cette requête des sénateurs de parvenir à la Cour administrative, il sera tenu responsable de son rejet. Et cela ne doit pas se produire.»Quant au ministre de l’Intérieur, Martin Pecina, il se montre beaucoup plus sceptique vis-à-vis de ce projet:
«Honnêtement, je ne suis toujours pas convaincu que nous disposions des arguments nécessaires pour suspendre les activités du Parti communiste ou pour dissoudre celui-ci. J’ai néanmoins accepté la proposition des sénateurs. Ce sont eux qui élaboreront le projet de dissolution du Parti communiste et mon ministère y ajoutera les formalités nécessaires.»Le président du Parti communiste de Bohême et de Moravie, Vojtěch Filip, a déjà qualifié d’illégitime cette initiative et envisage de s’y opposer en engageant des démarches juridiques. Le chef du groupe communiste à la Chambre des députés, Pavel Kováčik, rejette, lui aussi, les arguments contre son parti:
«A mon avis, les citoyens attestent de la légitimité du Parti Communiste lors de toutes les élections organisées depuis vingt ans. Tous les examens de la constitutionnalité du parti ne font que cacher d’autres intentions, surtout quand on lit nos programmes d’une façon tendancieuse. Ou peut-être gênons-nous quelqu’un parce que nous sommes une opposition systématique et critiquons le fait que vingt ans après la révolution il y a toujours des promesses faites aux citoyens qui n’ont pas été tenues.»
La commission de Jaromír Štětina promet de préparer le projet pour le cabinet Jan Fischer dans quelques mois. Dès janvier, Jaromír Štětina s’entretiendra de nouveau à ce sujet avec le ministre de l’Intérieur. Selon le dernier sondage réalisé par l’agence Median, 14,2 % des personnes interrogées ont manifesté l’intention de voter pour le Parti communiste.