Insécurité dans les écoles tchèques
Coups de pistolets dans les rues, raffales de mitraillettes même, hold-ups à main armée, alertes à la bombe... des faits divers auxquels ont s'habitue, peu à peu, en Tchéquie. On parle beaucoup d'insécurité, à Prague, dans les autres grandes villes tchèques, moraves et silésiennes. Y-a-t-il une origine spéciale à cette montée de la violence ? Devient-t-elle vraiment chose courante dans le quotidien, la vie de tous les jours des citoyens tchèques? A la veille de l'entrée de la République tchèque dans l'Union européenne, les Tchèques se posent un peu la question : l'Union, les pays membres, est-ce aussi cela qu'ils nous offriront ? La violence fait-elle vraiment partie de la vie quotidienne d'un citoyen européen ?
Cette question, je l'ai posée à mon collègue français, Guillaume Narguet, originaire du Nord de la France.
« Difficile de dire si pour moi la violence fait partie du quotidien du citoyen européen. La situation est différente dans chaque pays. En France, à Lille, ville dont je suis originaire, j'ai été plusieurs fois temoin d'actes de violence ».
La violence, elle se développe vraiment à l'école aussi. Elle commence par le bizutage à l'école primaire, éventuellement secondaire, le plus souvent dans les centres d'apprentissage. Après des cas de violence contre les enseignants, correction à la bate de basse-ball d'un enseignant, par exemple, le premier meurtre d'un professeur vient d'avoir lieu. Un étudiant d'un lycée professionnel a poignardé un enseignant de soixante ans, sans aucune raison apparente. Le professeur avait, tout simplement, reproché à son élève d'avoir changé de place. Réponse : des dizaines de coups de poignard et assassinat du malheureux professeur. Les enseignants et leurs organisations syndicales demandent des peines plus élevées pour les auteurs de tels actes. La ministre de l'Education nationale, Petra Buzkova, soutient les pédagogues dans leur initiative. Tout d'abord, les enseignants devraient compléter leurs études pédagogiques, sur le plan psychologique surtout. Ainsi donc, ils seraient capables de faire face à de telles situations tendues. La ministre de l'Education nationale pense, aussi, initier une révision du code pénal, stipulant des sanctions plus sévères pour les auteurs d'actes violents contre les pédagogues. D'un autre côté, elle ne demande pas de les considérer comme des agents de la fonction publique, comme les gendarmes, par exemple.
« Je ne voudrais pas tomber dans l'absurdité, faire des pédagogues des agents de la fonction publique, mais si tel était le cas, cela pourrait conduire à faire des agents de la fonction publique des médecins, des secouristes, donc de tous les services publiques qui peuvent être confrontés à la violence ».
L'Union syndicale tchéco-morave des enseignants ne reste pas indifférente. Le cas du meurtre du professeur du lycée professionnel de Svitavy est unique, jusqu'à maintenant, mais il faut tout faire pour qu'il ne se répète pas, comme le déclare Frantisek Dobsik, président de l'Union :
« Je pense que c'est un peu le sommet d'un iceberg, mais je ne peux, vraiment, condamner tous les étudiants. Tous ne détestent pas leur professeur à ce point. C'est le reflet d'un certain état de la société, et il est nécessaire d'y faire face, d'une certaine manière ».
Faire face à la violence... Un problème de société qui touche le quotidien de tout un chacun.