Intégration des Roms : le gouvernement a adopté la nouvelle stratégie nationale

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Le gouvernement a adopté, lundi, la nouvelle stratégie nationale d’intégration des Roms pour les cinq prochaines années. Cet ensemble de programmes d’inclusion sociale doit permettre aux Roms, dont le nombre en République tchèque est estimé entre 250 000 et 300 000, d’accéder aux mesures de droit commun, notamment en matière d’emploi, d’éducation, de santé et de logement. L’adoption de cette stratégie permet ainsi au gouvernement de remplir la condition fixée par l’Union européenne pour prétendre aux subventions de celle-ci.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Inciter les Etats membres à adopter des mesures d’action positive pour combler les écarts entre les Roms et le reste de la population est la volonté de la Commission européenne depuis 2011 et la création d’un cadre européen pour les stratégies nationales d’intégration des Roms, minorité de 10 à 12 millions de membres en Europe. La République tchèque, elle, possède une telle stratégie depuis la fin des années 1990, la dernière ayant porté sur la période 2010-2013, pour des résultats très peu probants qui font d’ailleurs l’objet de critiques régulières tant des institutions européennes que des ONG locales et internationales.

Malgré les annonces officielles et la mise en place de différentes politiques de soutien, la scolarisation des enfants rom, la discrimination sur le marché du travail, objective selon de nombreuses ONG, et le logement demeurent les principaux écueils à une meilleure intégration des Roms en République tchèque. Le film très authentique et presque documentaire « Je m’en sortirai » (« Cesta ven » en tchèque) du réalisateur Petr Vaclav, récompensé samedi dernier du Lion du meilleur film tchèque de l’année 2014 et qui raconte l’histoire d’un jeune couple de Roms de Bohême du Nord qui prétend à une vie ordinaire, permet d’ailleurs de se faire une idée très concrète de la situation actuelle en République tchèque.

Photo: People in Need
Dans la majorité des endroits du pays où vit une importante minorité rom, l’inclusion sociale est un échec, ce que reconnaît d’ailleurs la vice-ministre en charge des droits de l’homme, Martina Štěpánková :

« Le premier objectif de cette nouvelle stratégie est de renverser la tendance négative dont nous sommes les témoins depuis plusieurs années, à savoir l’enfoncement dans la pauvreté d’une partie de l’ensemble de la population. Cette dégradation des conditions de vie s’accentue encore plus au sein de la population rom. Sans même parler d’amélioration, nous pourrions donc déjà considérer comme un grand succès le fait d’éradiquer cette aggravation de la situation. »

Selon les informations disponibles sur le site Internet de la Commission européenne, la République tchèque percevra 22 milliards d’euros de subventions européennes pour la période 2014-2020, dont 16 milliards en provenance du Fonds de développement régional et du Fonds social européen (FSE). Un minimum de 22,1% de cette somme se doit d’être consacré au FSE, en même temps qu’au moins 20% servira à financer l’intégration sociale et la lutte contre la pauvreté. C’est donc ainsi que devraient être subventionnées les mesures de soutien aux Roms en République tchèque.

Photo: Andrea Čánová,  ČRo
Plus concrètement, la stratégie tchèque vise notamment à lutter contre le développement des localités défavorisées, dans lesquelles vit près d’un tiers de la population rom, soit environ 80 000 personnes. Le nombre de ces ghettos est actuellement estimé à 400, soit une centaine de plus qu’en 2007. Parmi les priorités du gouvernement figure également une scolarisation plus importante, et ce dès la dernière année de l’école maternelle et non plus dans des écoles dites « spéciales » destinés aux enfants possédant un léger retard mental.