Jan Auerhan

Jan Auerhan
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Le président de l'Office tchécoslovaque des statistiques, Jan Auerhan, fut également le premier président de l'Institut tchécoslovaque de l'étranger (CSUZ) à Prague, fonction qu'il exerça jusqu'à l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale. L'Institut a été fondé à l'initiative du premier président tchécoslovaque Tomas Garrigue Masaryk en signe de reconnaissance aux compatriotes pour leur soutien au cours de la création d'une Tchécoslovaquie indépendante.

Jan Auerhan
Le projet de fondation de l'Institut tchécoslovaque de l'étranger fut approuvé à l'occasion du 10e anniversaire de la fondation de la République tchécoslovaque. La réalisation du projet revenait au ministère du Travail et des Affaires sociales. L'assemblée générale constituante, qui a eu lieu le 20 décembre 1928, nomma Jan Auerhan président de l'Institut. Il est l'auteur d'ouvrages importants sur les communautés tchèques : les Tchécoslovaques en Yougoslavie, Sur les traces des colonies d'émigrés en Prusse et en Saxe, Les colonies tchèques en Russie et dans le Caucase. J. Auerhan est co-auteur de l'étude Démographie des Tchèques à l'étranger et était rédacteur du trimestriel Nous à l'étranger.

Jan Auerhan est né le 2 septembre 1880 en Bohême du sud-est dans la famille d'un inspecteur des eaux, profession qui s'héritait de père en fils. Mais Jan a d'autres projets en tête. Il caresse l'idée de devenir avocat, puis écrivain et journaliste.

J'ai invité à l'antenne l'arrière-petite-fille de Jan Auerhan, Madame Hana Marsault.

Le 19 mars 1896 alors qu'il n'avait que seize ans, Jan Auerhan écrivit dans son journal les lignes suivantes : autrefois je voulais devenir avocat et être élu député, mais à présent je vois les choses différemment. Les avocats volent les gens et cela, moi je ne peux pas le faire. Quand j'aurai mon doctorat je deviendrai journaliste !

Jan Auerhan avec son épouse Blazena
Déjà très jeune il est fasciné par la vie des Tchèques vivant à l'étranger. Il lit des revues tchèques publiées à l'étranger, les romans historiques du célèbre écrivain Alois Jirasek relatifs à ce sujet et écoute les récits de son père. Il n'a que seize ans lorsqu'il écrit son premier article, publié dans la revue le Peuple tchèque (Cesky lid). Finalement, il choisit de faire des études de droit à l'Université Charles à Prague, que plus tard il complète par deux ans d'étude d'économie. Au cours de ses études Jan est correspondant pour plusieurs revues tels que Vysehrad ou le Journal des étudiants progressistes (Casopis pokrokoveho studenstva). Un de ses articles est axé sur les émigrés tchèques dans lequel il traite en détail le projet sur l'organisation du soutien et d'assistance aux compatriotes. Jan Auerhan obtient son premier poste au Bureau de statistiques du pays du Royaume de Bohême. En 1919 l'institution devient l'Office de statistiques de l'Etat et Jan Auerhan en sera nommé le président dix ans après sa création.

Parallèlement à ses activités au Bureau des statistiques, il se consacre à la problématique de ses compatriotes vivant à l'étranger. Il va donc de soi qu'il participe à la création de la section extérieure du Conseil national tchèque dont il est nommé correspondant des questions concernant les Tchèques vivant en Europe. Il écrira à ce sujet de nombreux traités très intéressants. Après la guerre Jan Auerhan se consacre à l'élaboration du projet de constitution de l'Office national des statistiques et continue à travailler au sein de la section extérieure du Conseil national tchèque axant ses activités surtout sur le renouvellement de contacts avec les compatriotes. Il est persuadé que la constitution de la République tchécoslovaque, en tant que nouvel état démocratique, supprimera la cause principale qui obligeait les Tchèques et les Slovaques à quitter dans le passé leur patrie. Il est vrai que des centaines, à voir des milliers de Tchèques et Slovaques sont revenus au pays, mais la majorité des émigrés est tout de même restée à l'étranger. Dans le cadre de sa fonction Jan Auerhan effectue de nombreuses missions, par exemple celle à la communauté tchèque en Croatie, en Bosnie ou à Zelow en Pologne, lieu de résidence des Tchèques ayant quitté le pays après la bataille de la Montagne Blanche. Mais jusque là il autofinance ses voyages. Ce n'est qu'après quatre ans d'activité dans le domaine qu'il obtient une subvention de l'état pour se déplacer vers les communautés tchèques vivant en Russie. Il écrira sur ce voyage deux études importantes. Entre autre il a également effectué des missions en Silésie, dans le Caucase et en Crimée.

Le journal de Jan Auerhan
En 1928 Jan Auerhan participe à la création de l'Institut tchécoslovaque de l'étranger dont il est nommé le premier président. L'objectif de l'Institut fut de développer un programme performant d'assistance, permettant d'aider les compatriotes à s'installer dans les pays étrangers ainsi que d'être en contact plus étroit avec les communautés. En 1939 les nazies envahissent la Tchécoslovaquie et l'Institut tchécoslovaque de l'étranger est fermé. Jan Auerhan travaille encore quelque temps au sein de l'organisation Domovina, qui deux ans plus tard est également fermée. Il ne reste que la clandestinité.

Jan Auerhan et la famille
Mon arrière-grand-père était un grand patriote et ne cachait pas son désaccord profond avec l'occupation de son pays et n'hésitait pas qualifier Hitler publiquement de - je cite : vaurien. Son intégrité lui aura été fatale. Il fut arrêté au cours de l'arrestation massive qui a suivi l'attentat sur le Protecteur du Reich, Reinhard Heydrich et fut exécuté par les nazis le 9 juin 1942. Aujourd'hui son nom figure sur la plaque commémorative du champ de tir à Kobylisy à Prague.

Madame Marsault, je vous remercie d'avoir participé à notre émission.