« Je suis venue ici pour tourner des films, alors j'ai des souvenirs de films... Mais j’ai toujours voulu jouer à Prague Madame Marguerite. C'était devenu quelque chose d'impossible. Je n'ai jamais compris pourquoi. C'est pour cela que je suis très heureuse de pouvoir, enfin, vous faire connaître cette Madame Marguerite. La trouille, la peur, je l'ai toujours. Evidemment, au cinéma, c'est plus facile. Au théâtre, devant un public, non. Vous savez, je veux que ce soir, vous soyez heureux... C'est une pièce très rare, c'est un langage extraordinaire. »
'Tendre Poulet'
C’était en juin 2003 : Annie Girardot était venue à Prague et à Hradec Králové pour interpréter, pour la première fois devant le public tchèque, Madame Marguerite, son grand succès sur les planches, un rôle qu’elle jouait depuis 1974.
'On a volé la cuisse de Jupiter'
En République tchèque, la disparition d’Annie Girardot a fait la une des rubriques culturelles de tous les médias. « La Vieille Fille », « Il n’y a pas de fumée sans feu », « Tendre Poulet », « On a volé la cuisse de Jupiter », « Docteur Françoise Gailland », « A chacun son enfer », « Une robe noire pour un tueur » : tels sont les titres de quelques-uns des films que les spectateurs tchèques ont pu voir encore sous le communisme et qui ont fait d’Annie Girardot une des leurs actrices françaises préférées. On écoute Jiří Žák, comédien au théâtre pragois Divadlo na Vinohradech :
'Rocco et ses frères'
« A une certaine époque, elle symbolisait le cinéma français. Avec mes collègues au théâtre, nous avons cherché une autre actrice qui pourrait rivaliser avec elle dans ce sens… Peut-être Catherine Deneuve. Après avoir tourné ‘Rocco et ses frères’ et ensuite les films avec Claude Lelouch, elle est vraiment devenue pour nous une icône du cinéma français, un cinéma qui était d’ailleurs très populaire et accessible, même sous le régime communiste. »
Jiří Žák
Jiří Žák est comédien, traducteur, écrivain et journaliste. Il a réalisé une série d’entretiens télévisés avec plusieurs grandes personnalités du monde culturel français, parmi lesquelles Pierre Richard, Jean-Paul Belmondo, Marlène Jobert ou Robert Merle. Jiří Žák a également interviewé Annie Girardot. Il l’a rencontrée en 1998, lorsqu’elle jouait au théâtre Saint-Georges à Paris.
Annie Girardot, photo: CTK
« Annie Girardot traversait une période difficile. Je l’ai rencontrée au moment de son retour sur les planches. Elle avait beaucoup d’espoir et beaucoup de projets. Mais c’était une personnalité complexe, fragile, sensible… Elle avait des soucis personnels. Elle s’est totalement ouverte à nous, elle nous parlait de tout. En sortant de l’interview, j’ai longuement réfléchi sur la responsabilité du journaliste, sur ce qu’il peut réellement se permettre de publier. »
La popularité d’Annie Girardot en République tchèque est aussi due à une « symbiose » parfaite, à l’écran, entre l’actrice française et sa doubleuse tchèque, Věra Galatíková. Les deux femmes se sont rencontrées lors du dernier séjour d’Annie Girardot en République tchèque en 2003.