Josef Mysliveček, « Il Divino Boemo », ou la redécouverte d’un compositeur européen
Le public français va avoir l’occasion de découvrir – ou redécouvrir – un compositeur tchèque longtemps tombé dans l’oubli, alors même qu’au XVIIIe siècle, Josef Mysliveček, surnommé « Il Divino Boemo » (Le divin Tchèque), fut adulé dans toute l’Europe et admiré par Mozart lui-même. Le Théâtre de Caen propose ce mardi et ce mercredi la première française de L’Olympiade, opéra créé à Prague au Théâtre national et qui partira ensuite pour Dijon et le Luxembourg. Patrick Foll est le directeur du Théâtre de Caen, il a rappelé au micro de RP l’origine de cette collaboration franco-tchèque :
Donc la collaboration du Théâtre de Caen et du Théâtre national de Prague remonte à quelque temps…
« Voilà. On est déjà dans quelque chose qui s’inscrit dans la durée. Et puis, on était vraiment tombés sous le charme, ou plutôt en extase, devant la qualité du travail de Václav Luks et de son orchestre dans l’interprétation de Rinaldo. On s’est dit que ce serait formidable de monter un nouveau projet. Jiří Herman m’avait parlé à l’époque de ce souhait de redonner vie à ce compositeur tchèque, Josef Mysliveček, qui a fait l’essentiel de sa carrière en Italie. Il se trouvait que j’avais déjà fait une œuvre de Josef Mysliveček au Théâtre de Caen à cette époque. J’avais fait La Passion, un de ses grands oratorios, une œuvre absolument magnifique. C’est vrai que Mysliveček est pour moi emblématique de cette histoire de la musique au XVIIIe siècle en Europe : c’est ce côté complètement européen, avec quelqu’un qui fait une carrière hors de son pays natal et se retrouve finalement adopté par les grandes scènes des théâtres italiens à l’époque. »
Josef Mysliveček est pourtant aujourd’hui un compositeur un peu oublié, méconnu en France. Pourtant quand on regarde son parcours, il était, comme vous le dites, extrêmement connu à son époque et admiré par Mozart lui-même…« Oui, c’est le paradoxe et le résultat des effets de la mémoire. A l’époque, c’est un des compositeurs les plus recherchés puisqu’il était un des mieux payés à l’époque, beaucoup mieux payé que Mozart semble-t-il. Et puis, effectivement, il tombe dans l’oubli. C’est vrai que sa musique est tombée dans l’oubli, mais la trace de son personnage est restée vivante, entre autres par le biais de Mozart qui est un peu la porte d’entrée pour la redécouverte de ce compositeur puisqu’il y a eu cette admiration de Mozart pour les œuvres de Mysliveček et une relation d’amitié qui a duré. C’est donc aussi par les correspondances de Mozart que ce personnage a gardé de sa consistance. »
En ce qui concerne la mise en scène de L’Olympiade, quels ont été les choix qui ont été faits ?
« On s’est dit dès le départ qu’il fallait mettre tous les atouts de notre côté et réunir une équipe d’artistes qui permette une renaissance la plus éclatante possible de ce compositeur. C’est comme cela que le nom d’Ursel Herrmann s’est rapidement imposé, d’abord parce qu’elle avait une expérience de production d’opéras déjà avec le Théâtre national de Prague, et en particulier parce qu’Ursel Herrmann et son mari Karl-Ernst, ont une connaissance absolument parfaite du répertoire mozartien car ils ont mis en scène la quasi intégralité des opéras de Mozart. Et puis, on a voulu de la même manière réunir une équipe de chanteurs qui soit dans l’esprit mozartien. C’est encore le cas car que ce soit Raffaella Milanesi ou Sophie Harmsen, on a de très belles « mozartiennes » sur scène. »L’Olympiade sera donnée les 14 et 15 mai au Théâtre de Caen, les 22 et 24 mai à l’Opéra de Dijon et les 4 et 5 juin au Grand Théâtre de Luxembourg.