Josef Nesvadba, un homme entre la littérature et la psychiatrie

Josef Nesvadba, photo: CTK
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"Aujourd'hui, personne ne lit plus la science-fiction. Tout le monde lit le genre fantasy," disait Josef Nesvadba, écrivain qui a consacré pourtant à la science-fiction une grande partie de sa carrière littéraire. Josef Nesvadba nous a quitté dans la matinée de ce mardi, à l'âge de 78 ans.

Josef Nesvadba,  photo: CTK
C'est dans les années cinquante et soixante, qu'il s'est imposé dans la littérature tchèque avec une série de romans et de contes qui ont démontré l'originalité de son talent. C'est à cette période-là que Josef Nesvadba a écrit ses plus grands succès, les recueils de contes fantastiques - La mort de Tarzan, Le cerveau d'Einstein et Les expéditions dans le sens inverse. Les cinéastes se sont rués sur cette production, et plusieurs livres de Josef Nesvadba ont été portés à l'écran. Ses livres ont marqué toute une génération d'auteurs de science-fiction tchèques.

L'écrivain Ondrej Neff a subi, lui aussi, l'influence de cet auteur qui ne manquait pas d'idées originales :"Il a renoué avec la création littéraire de Karel Capek et de Jan Weiss, avec leur littérature fantastique aux aspects humanistes et philosophiques. On ne doit pas oublier que c'était un grand connaisseur de la mentalité humaine. Il était psychiatre et fondateur de la psychothérapie de groupe. Il aidait donc les gens concrets dans des situations concrètes. Ce n'était donc pas un écrivain coupé de la réalité et 'planant sur les eaux'."

Oui, Josef Nesvadba était l'homme de deux professions. Psychiatre, il était spécialiste des névroses, s'interrogeait sur l'utilisation de la parole dans la psychothérapie, pratiquait une forme de l'arthérapie. Il se posait évidemment aussi de nombreuses questions sur l'homme, sur la civilisation, sur les défis et les dangers de notre temps. En 1964, il a publié le roman non fantastique, Le Dialogue avec le docteur Dongo, dans lequel il a abordé le dialogue entre les civilisations et la confrontation des cultures. Il était sensible aussi aux problèmes de la globalisation. Dans les années quatre-vingt-dix, il a dit dans un entretien accordé à Radio Prague : "Ici, mais aussi en Europe de l'Ouest, on craint la transformation trop rapide du monde, ce que j'appellerais l'universalisation du monde. Je ne sais pas, cependant, si cette crainte n'est due qu'au fait que je sois parvenu à un âge avancé. Les différences intéressantes entre les gens et entre les peuples se confondent et s'effacent très rapidement. (...) Cela nous surprend parce que nous sentons que notre monde s'en va, notre monde qui était plein de choses intéressantes, mais dans lequel il y avait aussi beaucoup de difficultés et de problèmes."