Deux Tchèques célèbres, les deux vivant à Toronto, au Canada, sont venus, ces jours-ci, en Tchéquie: Tomas Bata, industriel de la chaussure, et Josef Skvorecky, écrivain et fondateur de la plus importante maison d'édition tchèque en exil.
Tomas Bata a fêté, samedi dernier, son 90e anniversaire au château de Prague, sa ville natale. Josef Skvorecky, de 10 ans son aîné, fêtera son anniversaire le 27 septembre à Nachod, ville de Bohême orientale où il est né, en 1924. Une conférence littéraire internationale s'y tiendra en son honneur, sous le patronage du président Vaclav Klaus. Par sa création littéraire, commencée en 1963 et comptant plus d'une cinquantaine de romans et nouvelles, Josef Skvorecky compte parmi les auteurs tchèques les plus productifs. Sa vie n'a pas manqué de tournants. En 1943, il a été déporté en Allemagne nazie et affecté aux travaux forcés. L'occupation soviétique de 1968 l'a contraint de partir en exil. Avec son épouse, Zdena Salivarova, elle-aussi écrivain, ils se fixent à Toronto où ils fondent la maison d'édition, Sixty-Eight Publisher, publiant, au Canada, des auteurs interdits en Tchécoslovaquie.
Josef Skvorecky avec son épouse Zdena Salivarova, photo: CTK
Point étonnant que le retour de l'écrivain dans sa ville natale ait commencé par ses souvenirs de Nachod et des années de sa jeunesse. "Le temps qui s'est écoulé depuis n'a guère marqué la mentalité des Tchèques," a-t-il fait remarquer, toujours avec la même ironie, en allusion à son roman biographique "Les Lâches," qui a tant compliqué sa carrière. Un roman qui décrit avec une ouverture osée, loin de l'image officielle, la libération du pays. Les Lâches, ce sont des "révolutionnaires" de Nachod qui se sont soudain réveillés, lors des derniers jours de la guerre. Puisque chaque personnage du roman était authentique, Skvorecky s'est fait beaucoup d'ennemis parmi les siens. Aujourd'hui, les antipathies sont emportées par le temps, sourit-il.
Josef Skvorecky vient à Nachod avec son nouveau roman policier, "Rendez-vous à Prague avec un meurtre." Il est très heureux de revoir sa ville natale qui, à ses dires, est de plus en plus belle, depuis sa première visite après le changement de régime, en 1990. Il se dit aussi très reconnaissant pour l'organisation d'une conférence littéraire sur son oeuvre. Le temps passé à Nachod, Josef Skvorecky veut le consacrer aussi à son restaurant réputé, Port Artur, où son roman "Les Lâches" commence. Cette fois-ci, il ne jouera pas de saxophone pour interpréter Eine Kleine jazzmusik, les problèmes de respiration l'en empêchent...