Josef Vaclav Fric
Poète, écrivain et révolutionnaire, Josef Vaclav Fric a passé une grande partie de sa vie à l'étranger pour des raisons politiques. Pourtant, il a consacré toute sa vie à la lutte pour la liberté de sa nation. En 1848, il a été le premier et le dernier à défendre les barricades de Prague. Au cours de sa vie turbulente, il est resté fidèle à la phrase qu'il a écrite dans son journal à l'âge de dix-huit ans : « Mon dessein, c'est de lutter pour ma patrie ». Il rêvait de liberté et de bonheur pour l'humanité entière.
Josef Vaclav Fric est né en 1829 à Prague dans une famille bourgeoise, très patriote. Il apprécie beaucoup les écrivains romantiques mais ce sont surtout les poètes au style romantique révolutionnaire qui l'influenceront. Des phrases explosives et passionnées évoquant la liberté, condamnant le féodalisme, visant le bien-être de la société humaine. Il en tire le maximum et essaie, même après multiples échecs, d'établir un parallèle entre poèmes révolutionnaires et réalité. A dix-sept ans, il décide de fuir à l'étranger où il espère devenir célèbre. A Hambourg, il se fait passer pour un Polonais, à Londres pour un Slovaque d'origine polonaise. Un ami polonais très en vue l'amène à Paris en janvier 1847. Grâce au soutien financier de la communauté des émigrés polonais, il peut étudier à l'école militaire. J. V. Fric a l'occasion de faire la connaissance des représentants clefs des émigrés polonais en France comme Vojtech Darasz ou Josef Wysocky, plus tard chef des légions polonaises en Hongrie. Par contre, le milieu aristocratique des émigrés polonais représentés par le prince Adam Czartorysky n'est pas pressé de l'accueillir. J. V. Fric se rend bien compte qu'il est très difficile de se faire connaître et encore plus de devenir célèbre. Son rêve de devenir célèbre tombe à l'eau. Il croyait à la générosité de son destin, sa jeunesse l'excuse de cette erreur. Il est déçu par Paris, par l'étranger. Sept mois après son arrivée dans la capitale de France, il revient à Prague. Son père lui loue un appartement et Josef se lance dans des études de droit. Cela fait un peu fils à papa capricieux, mais le jeune homme est conscient de l'erreur de son départ irréfléchi et essaie de la réparer. Par contre, son âme révolutionnaire est prête à lutter pour la liberté politique et nationale ainsi que pour la correction de la société si pourrie de son point de vue. Les autres étudiants l'apprécient. Il a vécu à l'étranger, il a de l'expérience. Lors du soulèvement de 1848, J. V. Fric est en tête des étudiants sur les barricades de Prague. Mais la résistance contre la monarchie des Habsbourg est brisée, les initiateurs sont condamnés à la prison, certains à mort. J. V Fric est placé en détention dans la forteresse de Komarno. Cinq ans plus tard, il est libéré suite à la modification de la sentence.
Dans sa vie personnelle, il vit un drame. Sa femme Anna et l'enfant qu'elle attend meurent après l'accouchement. Le poète - écrivain révolutionnaire se remarie presque aussitôt. Le premier fils de cette seconde liaison meurt également peu après la naissance. Ennemi de l'absolutisme de Bach, J. V. Fric couche sa révolte sur papier sous forme de poèmes si violents qu'il se fait expulser par les autorités hongroises de son propre pays. Suivi de son épouse, il est interné en Transylvanie. J. V. Fric ressent cette expulsion comme une injustice absolue et opte pour l'exil. Pour quitter la Transylvanie, il est obligé de payer une somme relativement élevée. Une autorisation officielle de quitter le pays lui est accordée par les autorités austro-hongroises à la condition de signer une décharge prévoyant la possibilité de retour dans sa patrie uniquement avec l'accord de la police autrichienne. J. V. Fric quitte donc avec sa femme la Bohême. Il s'arrête un bref instant à Berlin puis gagne Paris où il reste pendant sept ans. Il contacte ses amis démocrates et conservateurs polonais, cette fois-ci même les personnalités proches du prince Adaam Czartorsky. A Paris, J. V. Fric rencontre beaucoup de difficultés pour faire vivre sa femme et ses trois enfants. Il écrit des articles pour le journal suisse L'Espérance, les journaux français L'Opinione Nationale, Le Siècle et Le Journal des Débats. Après maintes difficultés, il réalise son rêve de fonder un journal politique. Il est intitulé Tchèque (Cech) et publié à Genève dès 1861. Plus tard, le journal est imprimé également à Berlin et à Paris. Mais il n'en reste pas uniquement au journal. L'écrivain se lance dans un cycle de conférences appelé Cercles des sociétés Savantes en langue polonaise par M. Jos. Fricz, attirant l'attention sur les contacts tchéco-polonais et soulignant le rapprochement des deux nations. En 1862, il fonde en France la Beseda tchéco-morave, première association de compatriotes. Cinq ans plus tard, il publie avec l'assistance de Julius Grégr La Bohême historique, pittoresque et littéraire. L'objectif de l'ouvrage est d'informer la société européenne sur la position du peuple tchèque en Autriche. Parmi les auteurs ayant participé par leurs articles, citons Louis Leger, Alexander Chodzko ou encore Paul Saint-Victor... Malheureusement, la diffusion de l'ouvrage à l'occasion de l'exposition universelle à Paris prend du retard. De plus, la police autrichienne interdit sa diffusion, le considérant comme une insulte à la famille impériale. Mais l'ouvrage a eu son importance au niveau du témoignage sur l'importance de la position publique contre le pouvoir politique et le pouvoir public.Le récit de la vie et des activités de Josef Vaclav Fric prendrait certainement plusieurs pages, mais il est important de souligner que ce révolutionnaire, décédé en 1890, a été le premier réfugié politique en France. Il s'est, entre autres, pleinement engagé au cours du soulèvement polonais contre la Russie dans les années 1863-1864. Vers la fin de sa vie, il est revenu en Bohême après une vingtaine d'années d'exil en redemandant la nationalité autrichienne. Personnalité controverse, il a eu un grand mérite car il a réussi à valoriser sa nation à l'étranger. Josef Vaclav Fric, entre autres éditeurs du journal Correspondance Tchèque, publié à Berlin, reste le père de la littérature politique tchèque.