On joue au mariage ?
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Aujourd’hui, nous allons découvrir le „mariáš“, un des jeux de cartes les plus populaires en République tchèque – les plus jeunes en ignorent parfois les règles mais tous connaissent son existence. Vous aurez reconnu, malgré l’orthographe différente, l’origine française du nom de ce jeu : mariage…
Il n’est pas rare d’entendre, dans un café ou lors d’une soirée entre amis : „on joue au mariage? “ - « zahrajeme si mariáš?». Non, non, il ne s’agit pas d’une variante tchèque du fameux „on joue au docteur ?“ ! Il s’agit d’un jeu de cartes très populaire dont le nom vient, sans aucun doute, du français. Mais pourquoi le jeu de cartes national tchèque, quasiment inconnu en France, porte-t-il un nom français? Un tour sur un forum de discussions en ligne de joueurs de mariáš permet de se faire une idée de la confusion qui règne autour de cette question. L’un propose : „le jeu a un nom français, il est arrivé avec les guerres napoléoniennes“ – et un autre de rectifier : „on y joue depuis 1652, c’était dans une auberge dans la ville de Paderborn en Westphalie“, un autre de polémiquer : „vous êtes à côté de la plaque, c’est un jeu hollandais“... et le Wikipedia tchèque de ne rien clarifier, en proposant : „jeu allemand né au début du 19e siècle“. La question reste ouverte...
Les cartes utilisées pour jouer au mariáš sont rarement aperçues en France – on les appelle des cartes de type allemand – německý typ – ou type mariáš. En fait de coeurs, trèfles, valets, piques, elles présentent „červené“ ou „srdce“– les rouges ou coeurs – „žaludy“– les glands – „zelené“ ou „listy“– vertes ou feuilles – et „kule“– boules, qui ressemblent à des boules de sapin de Noël. Les cartes numérotées vont de 7 à 10, le 10 étant inscrit à la romaine (X) et étant la seule carte qui, avec l’as – eso–, rapporte des points. On rencontre également deux types de valet : l’inférieur – spodek– et le supérieur – svršek– sans oublier le roi – král. On joue généralement au „mariáš“à trois, on peut également jouer à deux ou à quatre.
Le jeu ne s’apprend pas en cinq minutes, il est complexe et demande à être pratiqué pour en appliquer les subtilités – en témoignent les dizaines de livres publiés sur le sujet. Les règles diffèrent selon les personnes, les générations, même les régions : on joue différemment en Bohême ou en Moravie. Néanmoins il convient d’expliquer quelques principes de base : les 32 cartes se répartissent entre les joueurs, elle ne se mélangent pas entre les parties. Un joueur, désigné selon sa position par rapport à celui qui a distribué, propose, s’il dispose de cartes satisfaisantes, un type de partie. Il peut proposer „sedma“– le 7, il aura alors pour but de poser la dernière carte, le 7 d‘une couleur choisie. Puis „sedma lepší“– littéralement „meilleure sedma“, est une partie de 7 de coeur. Ou encore „stovka“– partie de 100, le but devient alors d’accumuler 100 points. Ce ne sont que quelques exemples...
La première proposition émise, les autres joueurs peuvent proposer une partie hiérarchiquement supérieure ou accepter la proposition. La proposition doit alors être précisée et une couleur atout proposée : trumf. Les joueurs peuvent se contenter d’une acceptation - „schvalování“ en disant „dobrý“– d’accord, ou surenchérir par un „flekování“– chaque „flek“ double la mise. Seules les cartes 10 (X), as (eso) rapportent des points à elles seules (10 points). La combinaison de deux cartes – le valet supérieur – svršek– le roi – král– rapporte 20 points, ou 40 point dans le cas des atouts – trumf.
Ce couple de cartes qui rapporte le plus de points est appelé „hláška“– littéralement „annonce“ – c’est une dimension essentielle du jeu de „mariáš“. On comprend peut-être enfin l’origine du nom de ce jeu... En effet, ce couple formé par le roi et le valet supérieur était, dans des versions anciennes ou étrangères du jeu de „mariáš“, formé par le roi et la reine. Leur mariage rapportant le plus de points, il permettait au joueur les mariant de remporter la partie. Le mariage est donc ce qui peut arriver de mieux aux cartes du jeu de „mariáš“!
C’est sur l’élucidation de ce mystère que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue ». Pour les plus joueurs – ou les plus „marieurs“ ! –, il est possible de jouer au „mariáš“ en ligne sur www.talon.cz. Pour eux et pour les autres, portez-vous donc du mieux possible – mějte se co nelíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !