Julia Fischer, la virtuose allemande aux racines slovaques
Le festival international Printemps de Prague a rendu hommage au chef d’orchestre tchèque Karel Ančerl en lui consacrant, ce mercredi, à l’occasion du centenaire de sa naissance, un concert de la Philharmonie tchèque, placée, à cette occasion, sous la direction de Christian Arming. Le répertoire du concert a été composé d’œuvres que Karel Ančerl (1908-1973) a aimées, dirigées et enregistrées avec la Philharmonie tchèque d’une façon incomparable – la Première symphonie de Gustav Mahler, le tableau symphonique « Les reflets » de Miloslav Kabeláč et le Premier concerto pour violon d’Antonín Dvořák.
La jeune et déjà très célèbre violoniste allemande Julia Fischer, vedette de la soirée, a remporté un vif succès par son interprétation du concerto de Dvořák. A l’âge de 25 ans, Julia Fischer est déjà une violoniste accomplie. Plus, on la dit d’un niveau équivalent au violon et au piano et elle poursuit donc simultanément une carrière pianistique. A 12 ans, âge où les petites filles jouent avec leurs poupées, elle travaillait déjà avec Yehudi Menuhin et osait s’attaquer au concerto pour violon de Beethoven. Aujourd’hui, elle a déjà sur son compte des collaborations avec les plus grands chefs d’orchestre et une riche discographie. L’enfant prodige a accompli et même dépassé tous les espoirs qu’elle avait suscités. Evidement, on se demande d’où vient l’intérêt de Julia pour la musique tchèque. Bien qu’elle soit née à Munich, sa famille est d’origine slovaque, et elle se sent profondément enracinée dans le pays de ses ancêtres :
« Quand j’étais petite, ma mère me donnait toujours à jouer des pièces de Dvořák et de Smetana, pour piano et pour violon. J’ai joué la Sonatine de Dvořák quand j’avais six ans, puis j’ai joué la Romance de Dvořák et puis déjà son Concerto pour violon. J’ai joué aussi la composition ‘Z domoviny - De mon pays’ de Bedřich Smetana. J’ai joué énormément de musique tchèque. »
Julia Fischer s’est déclaré très heureuse de pouvoir jouer Dvořák à Prague car son approche de l’interprétation de la musique de ce compositeur est bien arrêtée et exclue tout compromis. Elle exige tout simplement que la musique de Dvořák ne soit jouée que par d’excellents musiciens :
«Vous savez quand je ne joue pas Dvořák à Prague, c’est très difficile. C’est difficile pour l’orchestre et pour le chef. Quand vous n’avez pas un chef et un orchestre fantastiques, Dvořák ‘ne fonctionne pas’, le public ne le comprend pas. Quand je joue Dvořák, il est extrêmement important pour moi avec qui je le joue. Récemment je l’ai joué avec le chef Iakov Kreizberg avec qui je collabore souvent. J`étais bien heureuse de pouvoir travailler avec lui. Mais il m’est arrivé aussi de jouer avec un autre chef et de demander : ‘Pourquoi jouer Dvořák et non pas, par exemple, Mendelssohn, puisque le chef ne le comprend pas ?’»
Un seul regret : le concert de ce mercredi n’a été ni retransmis ni enregistré par la Radio publique tchèque car la direction de la Philharmonie n’a pas trouvé un consensus avec les musiciens de l’orchestre sur les droits d’auteurs pour les enregistrements.