La coopération entre la République tchèque et la France va croissant

M. Charles Fries, Ambassadeur de France en République tchèque, est établi à Prague depuis l'automne dernier seulement. Ce premier jour de l'an 2007 se présente donc comme une belle occasion de se pencher avec lui sur différents aspects et différentes facettes des liens qui existent entre nos deux pays.

Les relations entre la République tchèque et la France sont traditionnellement très bonnes. Elles ont changé d'échelle lorsque votre pays a rejoint l'UE en mai 2004. Cela fait maintenant deux ans et demi que la France et la RT travaillent la main dans la main au sein de l'UE comme deux partenaires égaux. Et je crois que la France et la RT vont encore accroître leur coopération dans les années qui viennent et ceci grâce à la présidence européenne qui sera exercée en 2008 au second semestre par la France et en 2009 au premier semestre par la RT. Je pense que grâce à cette présidence européenne, les relations entre la RT et la France vont franchir un saut qualitatif.

Pensez-vous que la République tchèque pourra trouver des thèmes ou des inspirations pour sa présidence de l'UE, en 2009, dans la précédente présidence française ?

C'est encore trop tôt pour le dire, parce que le programme de la présidence française n'a pas encore été arrêté, mais je pense que dès maintenant, la France et la République tchèque peuvent travailler ensemble ne serait-ce que pour bien se préparer. Le succès d'une présidence dépend en effet très largement de sa bonne préparation. Et comme la France a une bonne expérience des présidences de l'UE, nous sommes tout à fait disposés à proposer à la République tchèque notre savoir-faire, particulièrement s'agissant de la formation des fonctionnaires aux questions européennes, ainsi que pour aider les fonctionnaires tchèques à mieux maîtriser le français car, comme vous le savez, à Bruxelles, le français est une langue de travail très importante... Cette formation a déjà commencé. Nous avons par exemple organisé, au mois dernier, un séminaire à Prague avec 175 fonctionnaires tchèques qui venaient de toutes les administrations. C'est un exercice qui n'avait jamais réuni autant de participants. Cela a été un grand succès, avec une ouverture des travaux par le ministre des AE M. Vondra. Ce type de séminaire va se poursuivre et même s'amplifier d'ici fin 2008. S'agissant de la formation au français, là aussi il y a un gros effort proposé par la France, avec l'Organisation internationale de la Francophonie. En 2006, pour vous donner un exemple, plus de 550 fonctionnaires tchèques ont suivi des cours de français, avec l'aide financière de l'Organisation internationale de la Francophonie et cet effort va s'intensifier d'ici fin 2008.

Comment se développent les coopérations, les partenariats, les jumelages aux niveaux régional et communal ?

Il est important que les bonnes relations que nous avons actuellement entre la République tchèque et la France ne se développent pas uniquement au niveau des gouvernements. C'est capital de renforcer les coopérations entre les collectivités locales françaises et les collectivités locales tchèques. Il y a aujourd'hui environ soixante partenariats noués entre ces collectivités. C'est une coopération décentralisée très dynamique, très diversifiée, et qui fonctionne très bien. Nous avons par exemple une excellente coopération entre la ville de Brno et la ville de Rennes ; chaque année, l'Université Masaryk de Brno envoie un certain nombre d'étudiants à l'Université de Rennes. L'Ambassade de France à Prague est également très impliquée dans cette coopération décentralisée, parce que chaque année, nous organisons un grand colloque sur ce sujet et je peux déjà annoncer que le thème du colloque de l'année 2007 portera sur les pôles de compétitivité. L'objectif est de renforcer les liens entre les pôles de compétitivité français et tchèques.

Quel regard portez-vous sur l'état de la francophonie, en République tchèque ?

Je trouve que la francophonie ne se porte pas si mal. Naturellement, le français n'est pas la première langue enseignée en RT, nous sommes derrière l'anglais et même l'allemand, mais ce que je constate, c'est que le nombre de personnes qui apprennent le français augmente chaque année. Ceci est très encourageant et je m'en réjouis. La France a tout un dispositif en République tchèque pour permettre notamment aux jeunes d'apprendre le français. Il y a le lycée français à Prague, il y a quatre sections bilingues dans les lycées tchèques dans l'ensemble du pays, nous avons aussi six alliances françaises et il y a sept filières universitaires francophones. Ce dispositif assez ambitieux contribue ce que 60 000 personnes environ apprennent le français en République tchèque. C'est un chiffre intéressant qui j'espère va croître dans les prochaines années.

Pourquoi les Tchèques devraient-ils apprendre le français ?

Je pense d'abord que c'est très utile, parce que le français est une des langues les plus parlées dans le monde. La deuxième raison, c'est que le français est une des langues de travail les plus importantes non seulement au sein des Nations Unies, mais surtout au sein de l'UE. Je pense enfin que maîtriser aujourd'hui le français, cela vous donne des atouts supplémentaires dans votre vie professionnelle. Dans un marché très concurrentiel, je suis persuadé qu'un jeune qui maîtrise non seulement l'anglais, mais aussi le français, donc une deuxième langue européenne, cela lui donne une chance supplémentaire pour trouver un emploi que cela soit en République tchèque ou dans un autre pays.

Quelle explication avez-vous à l'intérêt d'un assez grand nombre de jeunes Français de faire une partie de leurs études en Tchéquie (dans le cadre du programme Erasmus notamment) ?

Photo: Commission européenne
Je me réjouis du fait que beaucoup d'étudiants français viennent en République tchèque. Cela prouve que le partenariat universitaire entre la République tchèque et la France est un partenariat équilibré. Il y a aujourd'hui environ 300 étudiants qui participent en RT à des échanges universitaires. Je pense que les Français viennent surtout parce qu'ils sont séduits par la culture, l'histoire de votre pays, par la beauté de Prague naturellement, par la qualité de vie qu'on peut trouver en République tchèque et, bien sûr, par la qualité de votre enseignement supérieur. Donc, cette tendance à la hausse du nombre d'étudiants français qui viennent en RT est une tendance très positive. Cela contribue à créer un espace européen de l'enseignement supérieur où les étudiants vont d'un pays à l'autre... encore une fois, c'est une très bonne chose.

Quelle importance attribuez-vous à votre mission, à Prague ?

Un des objectifs essentiels de ma mission à Prague sera d'utiliser cette séquence 2008-2009, dont j'ai parlé tout à l'heure, à savoir la présidence de l'Europe exercée successivement par la France et la République tchèque, pour rapprocher encore davantage nos deux pays. Nous aurons besoin de coopérer ensemble et nous devrons nous coordonner pour bien affronter et réussir cette échéance. J'espère que grâce à ce calendrier 2008-2009, nos deux pays vont renforcer leurs liens à tous les niveaux et dans tous les domaines.