La crise de la communauté juive de Prague loin d'être résolue

La synagogue Vieille-Nouvelle
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Nous vous avons parlé à plusieurs reprises de la crise que traverse depuis bientôt un an la communauté juive pragoise, dont le point de départ a été donné par la révocation du grand rabbin de Prague Karol Sidon, en juin 2004. Ce samedi, le quartier de Josefov a connu encore un rebondissement en pleine cérémonie du Shabbat.

La synagogue Vieille-Nouvelle
A côté de la nonchalance d'une visite guidée touristique dans le quartier juif de Prague, les murs de la synagogue Vieille-Nouvelle tremblent d'un énième coup d'éclat au sein de la communauté juive, cette fois-ci particulièrement violent. Peu, sinon pas de mentions de l'incident dans la presse tchèque à part une courte brève dans Pravo, faisant écho à un article de JTA, une agence de presse juive. Samedi, lors de la cérémonie du Shabbat, une confrontation ouverte a éclaté entre les partisans de Karol Sidon, l'ancien grand rabbin de Prague démis de ses fonctions et ceux du rabbin d'origine américaine Manis Barash, officiant ce jour-là, chef de file du mouvement hassidique ultra-orthoxe Chabad. Bagarre, dispute et blessés s'en sont suivis parmi les fidèles rassemblés, car cette altercation entre les deux hommes correspond à une crise beaucoup plus profonde de la communauté juive de Prague.

Rappelons brièvement que depuis 2001, le président de la communauté juive de Prague est Tomas Jelinek, considéré comme un Juif séculier, plutôt enclin à ouvrir la communauté, autant à des éléments étrangers que libéraux. Pour paradoxal que cela puisse paraître, cette ouverture va de paire avec une influence croissante du mouvement hassidique Chabad que mène le rabbin Manis Barash, arrivé des Etats-Unis il y a une dizaine d'années. Troisième personnage de ce feuilleton à rebondissements : Karol Sidon, Juif converti, figure charismatique de la communauté juive de Prague par son passé d'écrivain, de dissident sous le régime communiste, devenu un religieux orthodoxe. Depuis sa révocation en juin dernier, la communauté se divise en deux camps qui se renvoient à tour de rôle accusations de mauvaise administration, de manquements à l'exercice des fonctions, de manque d'ouverture etc.

Ces divisions ne sont pas que des mots puisque concrètement, depuis le début du conflit, la congrégation et les partisans de Sidon se rassemblent désormais à la synagogue Haute de Prague, tandis que Tomas Jelinek a installé le rabbin Barash à la synagogue Vieille-Nouvelle, changement controversé car le Chabad ne faisait pas partie de la communauté juive officielle. L'arrivée de Sidon et de ses partisans, suivie d'une polémique autour de l'office, aurait été jugée comme une tentative de putsch de la part de l'ancien rabbin.

L'impression de confusion n'est pas qu'apparente : depuis presqu'un an qu'a réellement débuté le conflit, avec son cortège de polémiques et d'attaques en tout genre, difficile de démêler l'écheveau. Relevons cependant un point important : de nouvelles élections à la présidence de la communauté avaient été prévues justement à la mi-avril, avant d'être reportées, pour des raisons « administratives », sans qu'une autre date n'ait été encore fixée. Des élections qui promettent des heures encore bien houleuses...