Situation conflictuelle au sein de la communauté juive de Prague
Un grave conflit ronge depuis quelques mois la communauté juive de Prague. Actuellement, la communauté compte quelque 1500 membres enregistrés, mais le nombre de Juifs vivant dans la capitale tchèque est estimé à plus de 7000. Les antagonismes latents au sein de la communauté ont éclaté, cet été, après la révocation de Karol Sidon du poste de rabbin de Prague.
Les Juifs de la capitale se sont divisés en deux groupes inconciliables. Les uns soutenaient Karol Sidon, qui n'est plus rabbin de Prague mais a gardé le poste de rabbin suprême, les autres se sont ralliés au président de la communauté juive de la capitale, Tomas Jelinek. Ces derniers reprochaient à Karol Sidon les failles dans la comptabilité de la communauté et son attitude autoritaire. Les partisans de Karol Sidon ont pris leur revanche en révoquant, début novembre, le président Tomas Jelinek et en élisant à sa place Frantisek Bahnanyi.
La riposte des amis de Tomas Jelinek ne s'est pas faite attendre : ils ont mis en cause la légitimité d'une telle élection qui, à leur avis, ne représentait pas l'opinion de la majorité des Juifs pragois. Pour appuyer leurs arguments, ils ont refusé d'évacuer les bureaux de la communauté et de céder la place au nouveau président. Ces jours-ci, ils organisent, par correspondance, un vote de confiance pour renverser la représentation actuelle de la communauté, initiative rejetée par l'autre partie qui se refuse, d'ores et déjà, à accepter son résultat. La fraction de Karol Sidon insiste sur le fait que l'élection de Frantisek Bahnanyi a été légitime et qu'elle a été enregistrée aussi par le ministère tchèque de la Culture. Cependant, le ministère, qui a enregistré le nouveau président, refuse d'intervenir dans le litige en soulignant qu'il s'agit d'un problème interne à la communauté.
L'affaire alimente depuis des mois la presse tchèque et nuit à l'image de la communauté juive de Prague. Elle est présentée le plus souvent comme un conflit entre les ailes orthodoxe et libérale de la communauté. Mais la crise semble être beaucoup plus complexe, la gestion des biens considérables de la communauté juive y jouant un rôle important.
