La discrimination des Roms en République tchèque à nouveau en question

Un nouveau rapport européen montre du doigt la discrimination des Roms en République tchèque. Alors que se déroule ce jeudi la Journée internationale des droits de l’Homme dans le monde, l’étude menée par l’Agence de l’UE pour les droits fondamentaux (FRA) indique que 64% des Roms tchèques considèrent avoir été victimes de discrimination dans les 12 derniers mois. D’après ce rapport les Roms seraient la minorité la plus discriminée de l’UE.

D’après Gabriela Hrabaňová, la directrice du conseil du gouvernement chargée de la communauté rom, la situation en République tchèque n’est pourtant pas aussi dramatique que chez ses voisins :

« Nous sommes bien entendu conscients que la situation des Roms en République tchèque n’est pas une des meilleures. Les roms continuent à être discriminés, et leur exclusion persiste. Et la situation est pire qu’il y a 10 ans. Néanmoins dans certains pays les conditions sont plus graves. Chez nous les Roms vivent surtout dans des zones urbaines, et pas dans des bidonvilles en banlieue. Chez nous ce type d’endroits n’existe qu’en petit nombre, alors qu’en Slovaquie ou en Roumanie, il y a des lieux sans eau courante ou électricité. »

L’étude de l’Agence s’est basée sur des entretiens réalisés dans les 27 pays de l’UE avec 23 000 réfugiés ou membres d’une minorité ethnique. Elle ne concerne pas uniquement les Roms mais l’ensemble des minorités à travers l’Europe. En République tchèque, l’étude a été conduite sur des personnes de la communauté rom, sélectionnées de manière aléatoire. Pour Jo Goodey qui a dirigé l’étude, si la République tchèque accuse un chiffre plus important qu’en Slovaquie ou en Hongrie, qui ont également une forte minorité rom, le résultat reste toutefois relatif :

« En République tchèque, en effet, 64% des Roms disent avoir été victimes de discrimination. Si vous regardez la Hongrie, c’est 62% donc les résultats sont très similaires. Dans d’autres communautés roms, en Grèce par exemple, c’est 55% et en Slovaquie, c’est 41%. Même si la République tchèque arrive en tête, c’est un résultat qui n’a que 2% d’écart avec la Hongrie. »

Il faut toutefois rappeler que ce rapport est le résultat d’une étude basée sur la perception et le sentiment des personnes interrogées. L’ONG tchèque People In Need, très impliquée dans la problématique rom, rappelle qu’il s’agit d’un point de vue subjectif. Les questions posées aux 23 000 personnes de l’étude se sont concentrées sur les problèmes de discrimination au quotidien. Jo Goodey :

« En République tchèque, la majorité des roms ont dit se sentir discriminés quand ils cherchent du travail. 30% disent s’être senti discriminés en entrant ou en étant dans un café ou un bar. Autre exemple : 27% parlent de discrimination au travail. Un point intéressant : le nombre important de personnes qui n’ont pas fait savoir qu’ils étaient victimes de discrimination. En RT, 45% évoquent une discrimination dans la recherche d’un emploi, mais 81% d’entre eux n’ont même pas rapporté le problème. »

Un état de fait qui proviendrait d’un manque cruel de connaissances ou d’accès aux institutions, qui pourraient les aider en cas de discrimination. Pour Gabriela Hrabaňová, pourtant, la situation est différente :

« Je pense que justement, la raison pour laquelle nous avons eu un si mauvais résultat dans l’étude provient du fait que les gens chez nous savent ce que signifie être discriminé. C’est justement parce qu’il existe des ONG, des institutions et qu’on en parle beaucoup dans notre pays. Les ONG par exemple font campagne pour que les gens viennent dénoncer leurs problèmes afin qu’ils puissent recevoir de l’aide. »