La fin de la Deuxième guerre mondiale célébrée un peu partout en République tchèque ce dimanche

Les célébrations du 71e anniversaire de la fin de la Deuxième guerre mondiale à Prague, Vítkov, photo: ČT24

Dimanche 8 mai, la République tchèque aussi a, comme d’autres pays dans le monde, célébré la fin de la Deuxième guerre mondiale. C’est à Prague que se sont déroulées les principales célébrations du 71e anniversaire de la fin du conflit mondial, mais aussi dans d’autres villes du pays, dont Plzeň, en Bohême de l’Ouest qui, contrairement au reste du pays, a été à l’époque libérée par l’armée américaine accompagnée de plusieurs bataillons belges.

Les célébrations du 71e anniversaire de la fin de la Deuxième guerre mondiale à Prague,  Vítkov,  photo: ČT24
Pendant près d’un demi-siècle, sous le régime communiste, Tchèques et Slovaques ont célébré la fin de la Deuxième guerre mondiale, le 9 mai : c’est en effet la date officielle de la libération de la plupart des pays d’Europe centrale par l’Armée rouge, et aujourd’hui encore, la Russie fête la fin du conflit mondial un jour après les pays occidentaux. Pourtant, à Prague, la capitulation de la Wehrmacht a bel et bien été signée le 8 mai, sous la houlette du leader du soulèvement de Prague, le général Karel Kutlvašr. Depuis 1989 et la révolution de velours, les Tchèques sont revenus au 8 mai.

Les célébrations du 71e anniversaire de la fin de la Deuxième guerre mondiale à Prague,  Vítkov,  photo: ČT24
Le 8 mai 1945, Jaroslav Klemeš était comme à son habitude depuis quelques mois, devant son émetteur radio : ancien membre des forces tchécoslovaques à l’étranger, il est aujourd’hui âgé de 94 ans et est le dernier parachutiste formé par l’armée britannique encore en vie. Depuis la Tchécoslovaquie, il était chargé d’envoyer des informations à Londres :

« Le 8 mai, j’envoyais des informations radio depuis Prague. J’étais en contact avec Londres. C’était mon travail. Même après la fin de la guerre, j’ai dû continuer parce que la demande d’informations était encore importante. »

Pour Eduard Stehlík, directeur de la section des anciens combattants au ministère de la Défense, toute information était bonne à prendre pour se faire une idée concrète de la situation sur place :

Jaroslav Klemeš,  photo: Paměť národa
« Il ne s’agissait pas uniquement d’en savoir davantage sur les mouvements des troupes ennemies, mais il était important de savoir, à Londres, quelle était l’opinion au sein de la population, comment se déroulaient les combats… Toute information de ce type valait de l’or. »

Ce sont en tout quelque 20 000 hommes et femmes tchécoslovaques qui ont combattu dans les forces alliées alors que la Tchécoslovaquie était occupée. Aujourd’hui, il ne reste plus que quelque 700 anciens combattants dont Jaroslav Klemeš. Aleš Knížek, directeur de l’Institut d’histoire militaire, rappelle la nécessité d’entendre leur témoignage, avant que leur parole ne disparaisse :

« Leur courage et le fait qu’ils soient allés combattre en sachant qu’ils pouvaient perdre la vie, ce que l’homme a de plus précieux, c’est quelque chose qui impose le respect. »

Les célébrations à Plzeň,  photo> ČTK
A Plzeň, les célébrations de la fin de la Seconde guerre mondiale sont toujours un peu particulières : longtemps, sous le régime communiste, la libération de la petite métropole de Bohême de l’Ouest par l’armée américaine a été un sujet tabou. Depuis la révolution de velours, pourtant, l’anniversaire de la fin de la guerre est de nouveau célébré comme il se doit. L’an dernier d’ailleurs, Radio Prague avait commémoré le 70e anniversaire de la libération de Plzen, en invitant Emmanuel Guibert, auteur français de BD, à l’origine d’un roman graphique consacré à son ami Alan Cope, ancien GI qui faisait partie de l’armée du général Patton :

Emmanuel Guibert,  photo: Miloš Turek
« Il m’a parlé de tout cela à hauteur de canonnier, si j’ose dire, car il était dans une tourelle. C’est un engin blindé que l’on verra d’ailleurs sur cette même place dans quelques jours, car cette mission va être reconstituée avec des véhicules d’époque. Lui était dans un engin de reconnaissance et… il ne savait pas où il était ! Les soldats ne savaient jamais où ils étaient par définition. S’ils étaient faits prisonniers, il ne fallait pas qu’ils puissent dire d’où ils venaient et où ils allaient. C’est donc dans la désorientation la plus complète qu’il est arrivé à Plzeň. Ils ont compris par un changement d’architecture entre la Bavière et la République tchèque qu’ils avaient dû changer de pays, mais c’était leur seul indice. Je crois qu’il n’a peut-être même pas su le nom de Plzeň lors de la première journée d’engagement. Ce n’est que le lendemain qu’il l’a appris.
'La Guerre d'Alan'
Tout ça pour dire que ces jeunes soldats allaient droit devant eux en fonction d’ordres qui leur parvenaient plus ou moins bien. Par contre, ils se rendaient bien compte qu’ils étaient en train de déloger une garnison allemande à Plzeň, puisque sur la place où nous nous trouvons aujourd’hui, Alan s’est fait tirer dessus par des snippers qui étaient embusqués dans les derniers étages des maisons. C’est ce genre de choses qu’il m’a racontées. La garnison allemande était plus nombreuse que les soldats américains, mais Patton avait donné quelques instructions qui consistaient pour ses soldats à faire beaucoup de bruit et à tirer énormément de coups de canon pour faire croire qu’ils étaient plus nombreux qu’ils ne l’étaient réellement. Et puis il faut dire aussi que sous la pression des forces russes qui arrivaient dans l’autre sens, les garnisons allemandes étaient plutôt désireuses de se rendre aux soldats américains. »

La fin de la Deuxième guerre mondiale a également été célébrée un peu partout en République tchèque, comme à Olomouc, en Moravie ou à Liberec, en Bohême du Nord.

Traditionnellement, le président Miloš Zeman a nommé onze nouveaux généraux dimanche au Château de Prague.